Le président turc sera aujourd’hui au Togo. Il a entamé depuis lundi une tournée africaine qui l’a amené en Angola et au Nigeria. « Nous allons devenir le premier partenaire commercial de l’Afrique. Nos relations avec les pays africains ne sont pas basées sur le colonialisme et nous voulons réussir avec nos frères et sœurs à travers le continent », avait-il déclaré lors de son départ à Ankara. Pour avoir droit à cette visite, le Togo a tout donné, menant une offensive diplomatique.
Recep Tayyip Erdoğan sera à Lomé ce mardi dans l’après-midi. L’annonce a été faite par l’ambassadrice de Turquie au Togo, Mme Esra Demir. Selon le programme communiqué, des entretiens en tête à tête sont prévus avec Faure Gnassingbé ainsi que des rencontres entre les délégations ministérielles. Il y aura également un déjeuner de travail mercredi entre les deux chefs d’Etat, en compagnie, annonce-t-on, des présidents du Burkina Faso et du Liberia. Pour cette première visite, le numéro 1 turc s’est fait accompagner de son épouse, Emine Erdogan. Cette dernière inaugurera dans la journée de mardi l’école internationale Maarif.
Recep Tayyip Erdoğan va séjourner au Togo. Une bonne nouvelle pour la diplomatie togolaise très active ces dernières années dans les territoires autrefois considérés comme négligeables sur le plan diplomatique. Mais pour arracher sinon acheter cette visite présidentielle, le Togo a dû faire des efforts considérables. Ce qui rend cette visite si coûteuse pour le pays.
D’abord, il a fallu au chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, multiplier les séjours en terre turque. En mai 2021, il a effectué un premier voyage à Ankara. Durant ce séjour qui est le déclencheur du processus de rapprochement, il s’est entretenu avec son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu. Un peu plus d’un mois après cette première visite officielle en Turquie, Robert Dussey remet le couvert en séjournant de nouveau dans la capitale turque. Dans une déclaration, les autorités turques ont indiqué que les échanges ont porté sur « les questions de politique étrangère et des grands enjeux internationaux et régionaux ainsi que de la coopération bilatérale ».
A cette étape, le régime togolais n’avait pas encore fait assez d’efforts pour mériter une collaboration plus rapprochée avec la Turquie. Pour inciter son futur allié à s’ouvrir davantage, le Togo se prête à un jeu malsain. Il fait plaisir au dictateur turc en déclarant la guerre à l’opposant Fethullah Gulen, accusé de terrorisme par le régime d’Erdogan. Déclarant le soutien du Togo à la Turquie, M. Dussey félicite Ankara pour « ses progrès et ses réalisations et pour son action contre le terrorisme ». « Nous devons rejeter les idéologies violentes et extrémistes. Le Togo se tient fermement aux côtés de la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme et la constitution d’un front commun pourrait contribuer à assurer la paix et la stabilité dans la région », a-t-il déclaré lors de sa visite en juin 2021.
Il a annoncé par la même occasion que les écoles créées et gérées précédemment par l’opposant turc seront désormais dirigées par la Fondation Maarif. Cette fondation a été mise en place pour arracher à l’opposant turc les nombreuses écoles qu’il a créées pendant qu’il collaborait avec Erdogan. « Créée en 2016, cette structure fonctionne en coordination avec le ministère turc de l’Education ainsi que celui des Affaires étrangères. La vocation de cette Fondation est de se réapproprier le réseau d’écoles développé par le mouvement güleniste », écrit républicoftogo dans un article consacré à l’arrivée au Togo de la Fondation Maarif. L’accord conclu pour l’implantation de cette fondation au Togo n’est qu’un signe de solidarité entre régimes autoritaires.
Dans cette offensive diplomatique, le gouvernement togolais envoie son « armurier » en Turquie. Du 20 au 23 juin 2021, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame, séjourne en Turquie. Durant ce séjour, le Général s’est entretenu avec son homologue turc, et a rencontré le Commandant de la Gendarmerie turque, une force de près de 200.000 hommes. Logiquement, les échanges ont porté sur la coopération dans les domaines de la sécurité, de l’ordre public et de la gestion des catastrophes naturelles. Les détails de cette coopération dans le domaine de la sécurité et de l’ordre public n’ont pas été fournis. Mais connaissant le régime des Gnassingbé, des contrats d’achat d’armes et de matériels de maintien d’ordre ont été certainement signés. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que le Togo manifeste depuis plusieurs années, un intense désir de réarmement. Le vote de la loi sur la programmation militaire n’est qu’une illustration.
Ce rapprochement Togo-Turquie s’est également manifesté par l’ouverture de représentations diplomatiques dans les deux pays, ainsi que des discussions entre acteurs économiques.
Si la Turquie a accepté jouer le jeu du rapprochement, il est manifeste que celui qui a tendu la main, c’est le Togo. Le régime a en effet tout donné, et cette visite présidentielle n’est que le fruit de cet acharnement diplomatique. Seulement, le régime d’Erdogan n’est pas si fréquentable et en termes de démocratie et des droits de l’homme, le Togo n’y gagne absolument rien.
G.A.
Source : Liberté / libertetogo.info
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Un bon article qui dit exactement ce qu´il y a.