En cette période où tous les regards sont tournés vers la campagne de vaccination à laquelle les Togolais sont obligés à se soumettre, on aurait bien aimé en avoir le cœur net sur ces polémiques. En effet, depuis plusieurs jours, les familles contestent vigoureusement les décès par Covid-19. Si le fait, en lui-même, n’est pas nouveau depuis le depuis de la crise sanitaire, il a pris de l’ampleur ces derniers jours.
Samedi dernier, M. Kpoto déclaré mort du Covid, au Chu campus, a été enterré par sa famille au cimetière de Bè-Klikamé sans la présence des agents de l’INH comme il est de coutume depuis le début de la pandémie. Pourtant, après la mort du vieillard de plus 80 ans pour dit-on de Covid, admis au CHU Campus après un malaise, un protocole a été imposé à la famille. Il a même fallu de longues heures de négociations pour que les autorités sanitaires donnent leur autorisation pour l’enterrement du corps au cimetière familial de Bè-Klikamé. « C’est nous même qui avions conduit le vieux à l’hôpital. Il ne présentait aucun signe de Covid-19. Après quelques heures, les médecins sont venus nous dire qu’il était en détresse respiratoire et donc placé sous respirateur. C’est seulement après son décès qu’on nous apprend qu’il est décédé du covid », a confié une source proche de la famille.
Des cas comme celui du vieux Kpoto sont légions ces derniers temps. Selon nos informations, la famille d’un important notable de Dévégo a subi le même sort au CHU S.O. Chose curieuse, aucune de ces familles n’a été en possession du test attestant de la positivité de leurs parents. « Nous avions cherché à avoir le test mais rien. Nous avons été tournés en bourrique. Même pour le traitement du corps c’était tout un protocole. Mais curieusement, c’est avec des gants déchirés que l’agent a traité le cadavre. Comment on peut manipuler un cadavre de covid, une maladie hautement contagieuse, avec des gants déchirés ? », s’est s’interrogé un autre membre de la famille qui était au chevet des enfants du défunt.
Jeudi dernier, à Tsévié située à 35 Km de Lomé, les populations en colère ont refusé d’admettre la déclaration de mort par Covid d’une dame. Le corbillard et le cortège des autorités sanitaires de la ville ont dû faire marche arrière pour remettre le corps à la morgue.
Doutes sur les décès…
Depuis quelques mois, la curiosité est vive sur les patients declarés morts de Covid dans les hôpitaux publics. Pour une bonne frange de la population, « des décès sont attribués de manière abusive au Covid-19 ». Et pour certains observateurs, « il y a de fortes chances que les chiffres évoqués soient en décalage avec la réalité ».
Et pour cause, certains faits intrigants entourent ces derniers jours certains malades transférés dans les hôpitaux publics suite à des malaises divers et déclarés morts de Covid. Il s’agit notamment des tests effectués à l’insu des accompagnants du patient ou encore des résultats du test qui ne sont jamais présentés à la famille.
Au regard de ces situations, la question se pose de savoir si les autorités de santé ne feraient-elles pas de l’exagération sur les causes de décès ? C’est inexact, selon une source médicale qui a requis l’anonymat. En effet, il y a une distinction à faire entre les morts identifiés du Covid et ceux qui font objet de suspicion. «Dans le point journalier présenté par les autorités, il devrait avoir une classification qui distingue les morts identifiés de Covid et ceux objets de suspicion sur qui il n’a pas été réalisés des tests post mortem », a expliqué notre source. Et pour cause, «si une partie des personnes décédées n’ont pas été officiellement testées comme porteuses du virus, elles peuvent figurer parmi les victimes de l’épidémie en raison de leurs symptômes affichés. Dans ces cas, le virus est seulement suspecté d’être l’une des causes du décès».
Selon cette même source, « les établissements hospitaliers n’ont rien à gagner à déclarer des décès supplémentaires dus au virus. Contrairement à ce qu’indiquent des fake news, très relayées, ils ne touchent en effet aucune prime liée au fait de renseigner le Covid comme origine d’un décès. L’intérêt de le mentionner est néanmoins très important pour les services de pompes funèbres et de l’Institut national d’hygiène, qui adaptent en conséquences les procédures pour s’occuper des corps et cherchent ainsi à réduire les risques de contamination», a-t-elle précisé.
Si tel est effectivement le cas, la question se pose de savoir pourquoi le processus n’est pas expliqué aux familles et que les autorités sanitaires continuent de couvrir les morts par covid de mystères.
Source : Fraternité / fraternitenews.info