Togo-Prof. Aimé Gogué dénonce une gestion “approximative” du secteur de l’éducation

Dans une déclaration, l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral (ADDI) a réagi par rapport au bras de fer qui oppose le gouvernement togolais aux enseignants. Le parti du Prof. Aimé Gogué dézingue la gestion “approximative” du secteur de l’éducation. Bonne lecture.

DECLARATION RELATIVE A LA GESTION APPROXIMATIVE ACTUELLE DU SECTEUR DE L’EDUCATION

 Il a été ressuscité des morts. Mais pour demeurer parmi les vivants, il devrait retourner à l’école où il fut Directeur avant son décès, relever les noms des enseignants absents de leur poste pour cause de grève initiée par la FESEN, transmettre la liste de ces enseignants à son Ministre.

Malheureusement notre cher et regretté n’a pas rempli sa part de contrat et il est retourné dans sa tombe. Il était un des responsables fédéraux d’ADDI. L’éducation est le soubassement du développement socio-économique de notre pays. Aussi aucun Togolais ne devrait-il espérer un avenir radieux pour notre pays si l’éducation de la jeunesse, relève de demain, continuait par être sujette à une gestion très approximative comme c’est le cas malheureusement ces derniers temps. Par un message adressé aux acteurs de l’éducation en novembre 2020, ADDI rappelait au Gouvernement ‘’qu’il était regrettable que le temps mis entre mai et octobre, n’ait pas permis de trouver un terrain d’entente entre le Gouvernement et les syndicats des enseignants pour le démarrage des activités pédagogiques dans les conditions sanitaires particulières que nous connaissions tous.

C’est dommage que selon ses habitudes, le Gouvernement opte pour une confrontation inutile et coûteuse avec les enseignants représentés par leurs syndicats. La paix sociale en milieu scolaire passe par le respect par le Gouvernement de ses engagements pris avec les syndicats d’enseignants, et qui figurent notamment dans le fameux Protocole d’accord’’.

Malheureusement, un an après, le mouvement en milieu scolaire actuel est motivé par les mêmes raisons que celles de la grève des enseignants en novembre 2020 : défaut de paiement de primes par le gouvernement. Il est difficile de ne pas prendre cause pour les enseignants dans cette situation. En rappel, le 11 septembre 2021, au lendemain de l’annonce urbi et orbi par le gouvernement de la suppression des frais scolaires et d’inscription dans les établissements scolaires publics de l’enseignement secondaire pour l’année 2021-2022, l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), instruite par l’expérience malheureuse de la décision similaire prise en 2007 pour les établissements publics du préscolaire et primaire, avait publié un document relatif à cette décision.

Tout en saluant cette nouvelle mesure des autorités à l’époque en apparence bénéfique pour les couches les plus démunies eu égard au mode de gouvernance dans notre pays par le système en place, l’ADDI attirait l’attention de la communauté scolaire sur les conséquences inévitables d’une telle décision sur l’ensemble du système éducatif notamment au niveau du financement des établissements scolaires et de la qualité de la formation de la jeunesse si elle n’était pas suivie des mesures d’accompagnement adaptées. Elle n’avait pas manqué de proposer des solutions idoines pour l’efficience des conditions d’enseignement et d’apprentissage sereins dans nos établissement scolaires.

Il s’agit notamment du transfert aux établissements scolaires, et ce avant la rentrée scolaire d’au moins une partie du montant des ressources financières que ceux-ci devraient collecter auprès des parents d’élèves au titre des frais scolaires dans la mesure où ils ont besoin de ces fonds pour un bon démarrage de l’année scolaire. Le système scolaire togolais est marqué par une insuffisance du personnel enseignant, ce qui a obligé les parents d’élèves à avoir recours aux enseignants volontaires. Et il faut noter que les volontaires avaient bénéficier d’une prime gouvernementale en 2010 et en 2012.

Notre Ministre actuel a vite trouvé sa solution à ce problème : évincer les enseignants volontaires des établissements scolaires en augmentant la charge de travail de chaque enseignant et en jumelant des cours et des classes. Fallait y penser. Evidemment la qualité de l’enseignement en souffre en raison de l’accroissement du ratio élèves/enseignant et l’existence de classes sans enseignants !

Aujourd’hui, près de deux mois après la rentrée scolaire, pour son fonctionnement, aucun établissement n’a encore reçu de l’Etat une compensation des pertes suite à la suspension des frais scolaires et d’inscription dans les établissements publics de l’enseignement secondaire pour l’année 2021-2022. Certains Chefs d’établissement sont obligés d’acheter le matériel à crédit auprès des fournisseurs ou s’endetter auprès des tiers pour faire fonctionner au ralenti leur établissement. Il n’est donc pas surprenant qu’il y ait des grognes dans le milieu scolaire.

Le Ministre ne cesse de poser des actes qui selon lui sont l’illustration de sa maîtrise du secteur :

i) il suspend un inspecteur pour insubordination : comment peut-on se permettre de dévoiler la gestion approximative du responsable de la Direction régionale de l’éducation dans laquelle il est en poste ?

ii) il renvoie plus de 1300 Chefs d’établissements scolaires à la craie pour n’avoir pas transmis la liste des enseignants grévistes et procède à leur remplacement, tout ceci en 48 heures. En ce qui concerne la nomination des directeurs d’établissements scolaires, l’histoire se rappellera de deux ministres. En ma qualité de Ministre de l’Education entre 1992 et 1993, je n’avais nommé aucun directeur d’école primaire non pas parce que je ne pouvais pas, mais par absence de critères objectifs de promotion d’enseignant à directeur d’école.

Je voulais disposer au préalable de la définition du profil du directeur avant toute nouvelle nomination. Par contre, l’actuel Ministre du même secteur s’est illustré comme celui qui a battu tous les records de nomination de directeurs. Malheureusement il a promu des enseignants moins expérimentés pour diriger des collègues plus expérimentés : et c’est un des critères à considérer dans la promotion des enseignants.

Le Ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat adresse une correspondance demandant aux Directeurs régionaux de l’éducation de lui communiquer la liste des enseignants qui auraient abandonné leur poste les 10 et 11 novembre 2021 en réponse à la grève initialement annoncée par la FESEN.

Par une correspondance datée du 9 novembre adressée aux responsables de la FESEN, le ministre de la fonction publique juge cette nouvelle grève illicite car notamment, ne respectant pas le délai de dix (10) ouvrés. Ce zèle est remarquable dans la mesure où cette grève fait suite au non-respect de l’engagement par le Gouvernement de payer des indemnités aux enseignants. Heureusement, considérant la déclaration du ministre de la fonction publique selon laquelle des « dispositions diligentes sont d’ores et déjà prises pour accélérer la recherche de solutions idoines aux préoccupations du secteur de l’éducation », la FESEN a décidé notamment, de surseoir à la cessation des activités pédagogiques annoncées pour les 10 et 11 novembre.

Nous osons espérer que cette ouverture des deux parties permettra de discuter avec sincérité et dans la sérénité des problèmes du secteur. Au vu de ce qui précède, et pour assainir le climat dans le secteur de l’éducation, l’ADDI :

  1. dénonce la gestion aléatoire et paternaliste du secteur de l’éducation qui n’augure plus d’une bonne formation de la relève de demain ;
  2. demande l’application des dispositions du protocole d’accord entre le Gouvernement et les syndicats des enseignants ; et
  3. demande la mise à la disposition des établissements scolaires des moyens correspondants aux pertes dues à la suspension des frais scolaires et d’inscription dans les établissements scolaires publics de l’enseignement secondaire pour l’année 2021-2022 nécessaires pour le bon fonctionnement du système éducatif et la formation de qualité de nos enfants.

Par les arrêtés 1420 et 1421 qui mettent fin aux fonctions des directeurs d’établissements du préscolaire et du primaire public, le Ministre fait une apologie de la délation comme méthode de gestion de tout un secteur important du pays : c’est là l’illustration du fait que nous vivons une crise morale profonde au Togo. Cette situation est beaucoup plus grave que nous ne le pensons ; et il ne faut pas continuer dans cette voie.

C’est pour cette raison que l’annulation de ces deux arrêtés et de ceux portant nomination de nouveaux directeurs en remplacement de ceux qui ont été déchus, est urgente. Pour terminer, nous regrettons le silence assourdissant des parents d’élèves dans ce contexte de dégradation du système scolaire et des relations entre les syndicats d’enseignants et leurs ministères de tutelle.

Le 10 Novembre 2021

Pour le Bureau National

Le Président National Prof Aimé Tchabouré GOGUE

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