« Toute société qui n’est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans » Condorcet
Après Jean-Paul Oumolou, après les journalistes Ferdinand Ayité, Joël Egah et Isidore Kouwonou, voici Fovi Katakou qui vient d’être ravi par le pouvoir togolais. Le régime de Faure Gnassingbé continue sans surprise et sans aucune entrave son entreprise de musellement du peuple. Les figures razziées ont toutes en commun d’avoir de la visibilité sur les médias modernes et les réseaux sociaux difficilement contrôlables par l’oligarchie maffieuse qui a fait main basse sur le Togo.
Le tri s’effectue soigneusement par rapport aux lignes éditoriales des interventions. Les amuseurs de la toile font puissamment le jeu de la dictature. Il n’est pas douteux qu’ils soient encouragés, promus, financés. Symétriquement les porteurs de sens, d’idées et de critiques objectives et constructives en faveur de la liberté du peuple sont systématiquement embastillés et réduits au silence. Le motif importe peu. On n’est pas à une violation des lois nationales et des instruments internationaux près. Les « Spin Doctors » du dictateur trouveront toujours après coup dans les ressources du code pénal devenu liquide entre les mains assassines d’un procureur militant les motifs les plus farfelus de condamnation. On ne s’y attardera donc pas. L’essentiel est probablement ailleurs.
Ce que je crois c’est que le choix des citoyens arrêtés n’est pas neutre et ne répond pas à l’humeur passagère d’un ministre sans envergure et perclus de fatuité. L’arrestation de Ferdinand Ayité serait intervenue dans ce cas dès le lendemain de la publication de la vidéo et sur un coup de sang. Il n’en a rien été. Elle n’est intervenue que près d’une semaine plus tard après mûres évaluations de l’impact et des gains à espérer dans la construction d’une stratégie précise. De même le déroulement des arrestations, la violence et la cruauté qui les accompagnent souvent confinent à l’absurde et tendent à nous imposer le narratif d’un gouvernement devenu fou et ne sachant plus à quel sein se vouer. Le peuple en est réduit à se dire que « Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre ».
Je récuse cette vision qui renforce l’émolliente attente d’un événement libérateur que le peuple n’aurait pas construit. Non, nous ne sommes pas en « absurdie » au Togo. Nous assistons au contraire à une stratégie bien pensée et exécutée dans ses moindres détails opérationnels. Ce qui importe pour la satrapie françafricaine c’est d’araser la moindre tête contestataire qui dépasse et de bâillonner toute parole sensée à même de déconstruire l’entreprise de mise sous coupe réglée de l’héritage commun qu’est le Togo.
En l’espèce, nous assistons à l’écrasement préventif de toute opposition réelle ou supposée aux funestes projets de la France dans sa sale guerre de prédation en Afrique. Depuis l’arrestation de M. Djimon Oré sous le fumeux prétexte d’atteinte à l’honneur, de tentatives de troubles aggravés à l’ordre public et d’outrages envers les représentants de l’autorité publique, le chemin est tout tracé. Les rares opposants à la françafrique qu’on ne peut circonvenir sont réduits à l’inaction et au silence par le bagne, l’exil ou le meurtre. Pour Faure Gnassingbé et ses patrons de l’Élysée, le jeu en vaut la chandelle. La feuille de route imposée par Paris étant de faire du nord du Togo la future base militaire de repli des forces françaises fortement chahutées au Sahel. Il faut pouvoir encercler le Sahel à partir des bases du Niger, du nord Togo, du Tchad et de la Côte d’Ivoire et continuer le harcèlement des autorités de Bamako, de Ouagadougou et dans une certaine mesure de Nouakchott dont les opinions sont de plus en plus rétives à la présence française sur leur territoire. Le refus obstiné des autorités béninoises, malgré la forte pression exercée par Paris, de permettre le déploiement des forces françaises au nord de leur territoire conduit Macron à jeter son dévolu sur le Togo. De plus, la signature d’un accord de coopération militaire et sécuritaire entre le Bénin et la Russie crédibilise le choix du Togo pour l’installation hors toute approbation du peuple d’une base
militaire française dans le nord de notre pays.
On se rappellera que moins d’une semaine après l’arrestation de M. Oumolou, les autorités togolaises ont communiqué sur une supposée attaque terroriste dans le Kpendjal qui a valu le déplacement par deux fois de M. Gnassingbé dans la région. Il n’est pas douteux que cette « mise en scène » participe du schéma général de mise en place d’une base militaire sans que cela ne soulève aucune vague. La proximité des élections présidentielles en France commande une telle précaution. L’image de M. Macron, déjà largement écornée en Afrique, ne saurait être davantage bousculée par les « nègres » du Togo en lutte contre l’installation d’une base militaire sur leur territoire. Faure Gnassingbé doit se « débrouiller » pour que les choses se passent bien. L’évocation du terrorisme permet de justifier commodément le déploiement des forces, l’acheminement du matériel et de la logistique sans éveiller l’hostilité des citoyens. L’emprise territoriale est sans doute déjà choisie sous la supervision personnelle du chef de l’État. L’opposition togolaise dans sa grande majorité est subornée par la Françafrique. Les chefs sont tenus par la corruption et les allégeances ésotériques. Quant à la société civile, elle est gangrenée par les mêmes appartenances et infiltrée. Elles sont rendues aphones. La corporation des journalistes n’est guère mieux. Y règnent le clientélisme, les compromissions, la corruption et le militantisme alimentaire. Autant de maux qui gauchissent leurs analyses et participent à la déformation de l’opinion. Les rares journalistes de la trempe de Ferdinand Ayité, résolument attachées à la vérité, aux valeurs et à l’exigence déontologique de leur noble métier d’éveilleur de conscience doivent être traqués, intimidés, embrigadés et réduits au silence. Ils ne doivent en aucun cas contrevenir au rôle macabre que le tyran de Lomé 2 vient encore d’endosser contre le peuple au nom de la sauvegarde d’un pouvoir largement usurpé depuis 2005.
Voilà ce qui se joue sous nos yeux, à contre courant de la marche de l’Afrique vers son indépendance véritable. Voilà le combat d’arrière-garde que les autorités togolaises acceptent d’engager contre les intérêts du peuple et contre toute l’Afrique. Voilà ce qu’il faut comprendre et combattre résolument. Prenons bien garde que les vigies de la nation continuent à bien discerner car quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt.
Jean-Baptiste K.
Une République à bien voir, a des lois qui sont connues de tous les citoyens. Que ce soient les opposants, les activistes leur supplétifs et autres journalistes soi-disant “de combat”, il faut reconnaitre que tout ce beau monde savent bien la limite entre ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils ne peuvent pas faire conformément aux lois du pays. Aujourd’hui les réseaux sociaux attirent tout le monde comme des mouches sur du miel, mais selon les dispositions légales togolaises, c’est le code pénal qui régit ces réseaux sociaux en cas de diffamation ou autres. L’on peut se demande ce qui amène un journaliste soi-disant d’investigation à faire certains de ces débats importants sur ces plateformes avec ce que cela peut impliquer en cas de problème en lieu et place de son propre médias? Nul n’ignore que la qualité de journaliste en cas de diffamation ne suffit pas pour qu’on puisse parler de délit de presse et d’appliquer ainsi le code de la presse. Les activistes doivent chercher à faire évoluer leurs discours conformément à la réalité du terrain de peur de tomber dans les travers de la loi.
Si la CENI pouriait compter les URNES devant une delegation d’ oppositions,
de la societe civique et des religieux nous n’ y serions par la maintenant.
La Cour Constitutionelle incapable de proposer une solution meilleure pour
regler le problem togolais.
A chaque ELECTION nous nous demandons qu’est ce qu’ il se passe?
Le vainqu ne felicite pas le gagnant et nous continuons de la meme facon
pendant des annees.