Le sélectionneur de la Gambie, Tom Saintfiet, qui défie le Cameroun en quart de finale de la CAN 2021 ce samedi, a longtemps bourlingué aux quatre coins du monde avant de poser le pied à Banjul où son savoir-faire a donné une nouvelle dimension à la sélection des Scorpions.
Il a des allures de druide Tom Saintfiet. Chevelure écarlate tombante, barbe blanche fournie, lunettes de savant, front éclairé. À y voir de près, ce Belge, aux yeux malicieux et au sourire souvent espiègle, a trouvé la formule de la potion magique pour faire de ses Gambiens, qui jouent leur première CAN, d’irréductibles Scorpions, prêts à défier le géant Camerounais en quart de la finale de la CAN 2021. Sinon comment expliquer qu’une équipe, restée sans victoire de 2013 à 2018, 150e au classement Fifa, se retrouve en quarts de finale ce samedi 29 janvier 2022 après un parcours de vieux briscard : trois victoires, un match nul, un seul but encaissé ?
« Le Cameroun a la pression »
Le secret du savant belge tient en trois mots : « le travail, le temps et talent » de ses joueurs. « Cela fait trois ans et demi que je travaille avec l’équipe, on a fait match nul deux fois (1-1) contre l’Algérie futur champion d’Afrique lors des éliminatoires de la CAN 2019. On a gagné contre le Maroc en match amical (0-1). Et dans cette CAN, on a joué que face à de grosses équipes. »
De quoi être confiant et prêt à regarder les yeux dans les yeux les Indomptables du Cameroun, meilleure attaque du tournoi (9 buts). « On n’a pas peur ! La Gambie a tout à gagner, confie Tom Saintfiet. Je pense que le Cameroun a la pression. Ils jouent à domicile et tout le monde pense qu’ils vont être champions d’Afrique. On a déjà créé la surprise face à la Tunisie (1-0) et la Guinée (1-0), on peut le faire face au Cameroun ».
À 48 ans, le technicien belge a suffisamment roulé sa bosse pour ne pas être impressionné par la sélection camerounaise même s’il estime « à 20% » les chances de victoire de ses Scorpions. Et avec Saintfiet, tout est possible, comme le montre son parcours éclectique d’entraîneur.
Le baroudeur a exercé dans 21 pays dans le monde et la Gambie constitue son 10e pays africain. Pour la première fois, il est resté plus de deux ans en fonction. Une éternité comparée à ses expériences au Zimbabwe (2 mois), en Jordanie (4 mois) ou en Éthiopie (5 mois).
« J’ai envie d’aller à Yaoundé »
Il faut dire que sous ses allures joviales, distribuant des sourires et les bons mots, Tom Saintfiet sait souvent comment faire passer son message, ses messages. Sa sortie sur les chambres proposées à son staff, a été qualifiée de « maladroite » par sa Fédération, mais a eu le temps de déclencher une polémique et l’ire de la Confédération africaine de foot (CAF).
Tom Saintfiet sait mieux que quiconque que les belles histoires au football sont écrites par les soi-disant petits poucets. Il s’en inspire pour motiver ses joueurs à travers de vidéos. Lors du premier match contre la Mauritanie (1-0), il a montré à ses Scorpions la victoire du Danemark à l’Euro 1992. Celle de la Grèce à l’Euro 2004 a été visionnée pour préparer le match contre le Mali (1-1). Et l’exploit des Zambiens à la CAN 2012 a été projetée pour galvaniser ses troupes pour le match contre la Tunisie (1-0).
Contre le Cameroun, il y aura « quelque chose de spécial », promet-il. Un film inspiré certainement de la légende de David contre Goliath. Une chose est sûre, après avoir vu Limbé, Baffoussam et Douala, Tom Saintfiet « veut aller aussi à Yaoundé ». Si ce n’est pas un avertissement pour les Lions…
Source: RFI