Route Lomé -Aneho : Les conséquences de la légèreté d’Etat

Courant 2013, le gouvernement togolais a élaboré le Programme de réhabilitation de la route Lomé-Cotonou et de facilitation des transports sur le corridor Abidjan-Lagos. Mais depuis deux ans qu’ils sont en cours, les travaux peinent à s’achever. Véritable calvaire pour les usagers de ce tronçon RN2, long de 30 Km, ce chantier remet sur la table, une question pertinente. Comment ont été attribués les marchés à Soroubat et à l’entreprise chinoise Crbc ?

Difficile accouchement…

C’est un projet consistant, dans son ensemble, en la réhabilitation et l’élargissement du tronçon Avépozo-Aného long de 30 km. Lequel comprend également l’aménagement d’ouvrage de protection contre l’érosion côtière après ceux d’Aflao-Rond-Point Port (9,2km), Rond-Point- Avépozo de 10,3km et d’Aného-Sanvee Condji (5,5 km) déjà réhabilités.

Pour ce faire, ce tronçon est scindé en deux sections. L’une consistant aux travaux de mise en 2×2 voies de la route nationale N°2 sur la section Avépozo-Togokomé, longue de 10 Km y compris des aménagements connexes, est attribué à l’entreprise chinoise CRBC. Ces travaux sont d’un coût de 13 milliards 236 millions 028 mille FCFA. L’autre, section qui va de Togokomé à Aného, est longue de 20 Km. D’un montant de 34 milliards 300 millions 695 mille FCFA, les travaux sont exécutés par l’entreprise Soroubat.

Démarrés en 2020, les travaux devront normalement être livrés au plus tard mars 2022. Mais à deux mois de l’échéance, le bout du tunnel est encore loin. Mais alors bien loin. Assez de retards dans l’exécution des travaux. Ce qui justifie, d’ailleurs, une visite d’inspection de chantier du chef du Gouvernement, en mai 2021. « La sortie du Chef du gouvernement, c’est de rassurer les populations, nous faisons en sorte que les travaux s’accélèrent davantage. Donc le planning a été revisité, à cet effet, pour que les délais contractuels de mars 2022 soient respectés. Les travaux sont actuellement de 20 à 27%. Sur ce chantier, nous sommes heureux de constater que des ingénieurs Togolais ont été recrutés pour bénéficier des transferts de compétences », a expliqué, à l’occasion, la ministre Zouréhatou Kassah-Traoré, des travaux publics.

Partant de ce constat de retard dans l’exécution, le Premier Ministre Victoire Tomegah-Dogbé a notamment appelé les entreprises à accélérer les travaux. Ceci, pour soulager les usagers de cet axe stratégique qui relie Lagos à Abidjan. Mais depuis, le constat reste alarmant. Malgré les promesses d’aller vite, les travaux évoluent toujours à pas de caméléon, avec d’énormes conséquences et dommages aux usagers. À l’image des réalités éprouvantes qu’endurent les usagers du fameux tronçon reliant Adidogome Douane à Segbe, ceux de la RN2 ne savent pas également à quel saint se vouer. Tant les conséquences sont énormes sur leurs engins, de mêmes que les risques grands sur leur santé.

Aujourd’hui, au-delà du sentiment de déception partagé, il urge de se questionner sérieusement sur les contours des attributions desdits marchés. Les réelles raisons susceptibles de motiver le fait que, deux ans après, ces deux entreprises, pour un tronçon de 30 km environ, éprouvent tant de difficultés à livrer les travaux.

À qui la responsabilité ?

À l’analyse, il se apparaît que les entreprises en question manquent cruellement de matériels. Selon plusieurs usagers de la route, il est récurrent d’apercevoir, par endroit, des engins immatriculés Rtg en train de travailler sur les chantiers. Cela sous-entend que par manque de matériels, ces entreprises sont contraints de se replier, sous conditions, sur le parking automobile public pour espérer sans sortir. Et pour un si court tronçon de 30 km, une telle lacune , pour des travaux pourtant attribués à deux entreprises, cela s’avère une défaillance technique impardonnable.

Si la responsabilité première est, à priori du côté des entreprises concessionnaires, il n’en demeure pas moins pour les entités ayant intervenu dans l’attribution des marchés. Notamment l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp). Nullement l’intention de remettre en cause la probité, encore moins la qualification des acteurs de cette structure dont on vante tant le professionnalisme. Toutefois, les faits en disent long sur une défaillance dans le processus des deux marchés. Autrement, l’on est en droit de se demander, nonobstant les raisons climatiques évoquées, sur quelles bases les marchés ont été attribués à ces entreprises dont le parking automobile se révèle, quelques mois après, dégarni. Du clientélisme ? Du favoritisme ou conséquences d’une largesse intéressée dont se serait rendu coupable la chaîne d’acteurs d’attribution des marchés ? L’on ne saurait le dire.

Qu’à cela ne tienne, les togolais sont en droit de le savoir, si à l’arrivée, c’est l’argent du contribuable qui contribue à l’état togolais d’honorer sa part de contrat dans l’exécution des travaux.

FRATERNITE

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