De « Bravitude » de Ségolène ROYAL en 2007, aux « quatre » sous-marins nucléaire d’attaque de SARKOZY, en passant par « l’épisode de l’ambassadeur malien en France » de Valérie PÉCRESSE, les fautes politiques coûtent chères…Décryptage des perspectives de la campagne présidentielle 2022 en France.
D’entrée de jeu, notons que cette campagne entrera dans les annales comme étant la première de l’histoire par sa précocité. De mémoire d’homme aucune campagne présidentielle en France n’a démarré aussi tôt, précisément à l’été 2021 et ceci grâce à un homme, Éric ZEMMOUR. En effet, l’avènement de l’ancien éditorialiste du Figaro a redistribué les cartes dans le paysage politique français. Les audiences records dont a fait l’objet son débat face à J.L. MELENCHON en septembre 2021 sur la chaîne de télévision BFM TV, ont amené les autres candidats à se bouger. Dans la foulée, la droite républicaine décimée par les départs de certains membres influents vers le clan Macron notamment Bruno LEMAIRE, Christian ESTROSI, mais encore tout récemment Nora BERRA, Éric WOERTH, ou encore Natacha BOUCHART, a donc été sonné et a dû organiser dans l’urgence ses primaires. La gauche plurielle minée par les dissensions internes n’a réussi à s’accorder sur une candidature unique. L’extrême droite qui a enregistré un invité surprise, M. ZEMMOUR pour le nommer, n’y arrive toujours pas, elle aussi gangrénée par le mercato politique. Bien malin sera qui pourra prévoir la trajectoire de ses élections présidentielles.
Quelles sont les perspectives de ces présidentielles 2022 ?
Commençons par Valérie PÉCRESSE, l’actuelle présidente de la région Ile de France et ancienne ministre du budget sous le quinquennat Sarkozy. L’ancienne énarque n’a visiblement aucune envie de s’inspirer de son ancien patron Nicolas SARKOZY alors même qu’elle cite, parfois de travers les formules magiques de l’ancien Président et fondateur du parti LR. D’ailleurs ce dernier n’hésite pas à la tacler notamment lorsqu’il pense qu’elle ne « comprend rien à la campagne présidentielle ». Elle doit ratisser très large dans cette droite protéiforme notamment les sarkozystes qui se sentent laissés sur le carreau et qui n’hésiteront pas à quitter la barque. En témoigne la défection récente d’Éric WOERTH, ancien ministre du budget, un des pontes de ce que le doyen DEBBASCH appelle la « Sarkozye ». Des yeux doux doivent également être adressés à l’égard de l’aile droite de la droite qui en portant Éric CIOTTI le député des Alpes Maritimes au second tour de la primaire LR, souhaite peser dans le débat.
Marine LE PEN affaiblit par les trahisons de quelques faucons de son parti notamment le tonitruant et très médiatique Gilbert COLLARD, ou encore de Stéphane RAVIER, sénateur RN, se doit d’inventer une formule pour réinventer sa manière de mener la campagne présidentielle. L’humiliation du débat de l’entre-deux tours de 2017 face à Emmanuel MACRON raisonne encore dans les esprits et les départs annoncés de Marion MARECHAL ou encore de quelques élus RN ne facilitent pas la tâche à la candidate d’extrême droite. Son ex-compagnon Louis ALIOT, maire apparenté RN de Perpignan, à beau jeu tirer à boulets rouges sur les élus RN qui font défection à Marine LE PEN, les départs risquent de se poursuivre et pire encore de s’accentuer. Notons tout de même que Marine LE PEN qui s’est entre temps « normalisée » a beaucoup gagné en maturité et est devenu de plus en plus fréquentable aux yeux des français selon un récent sondage. Toutefois elle risque de payer cher une fin de campagne qui s’annonce fugace, si les départs annoncés dans son camp vers ‘’Reconquête ‘’se concrétisaient.
Éric ZEMMOUR qui a frappé fort depuis son meeting de Villepinte en Seine-Saint-Denis, et dont la dynamique s’est poursuivie avec les trahisons dans le camp RN, pèche aussi par le caractère très limité, j’allais dire très borné de ses idées qui, regrettons-le ne sont centrées que sur la question de l’immigration qu’il n’hésite pas à lier à l’insécurité. Il sera peut-être rattrapé par son manque de sang-froid et surtout ses fautes politiques, sans oublier quelques bourdes qui vont sans doute s’accentuer à mesure que la campagne entrera dans le corps du devoir. Les français n’oublieront nullement pas son fameux doigt à Marseille et surtout sa perte de maitrise de soi à chaque fois qu’il est mis à dos par des arguments hostiles. Sa réaction face à Mme Zina et le professeur COLLARD au cours de l’émission ‘’la France dans les yeux’’ sur BFM TV restera probablement dans les esprits. Faute de pouvoir rassembler la droite dans sa pluralité et surtout eu égard à son discours incendiaire, belliqueux et belliciste il va peut-être échouer au pied du podium mais aura, tout de même réussi à marquer de son sceau, le déroulement de cette campagne. Enfin il pourra également être rattrapé par l’épineuse question des parrainages quand on sait qu’à ce jour il n’a toujours pas atteint, du moins officiellement la barre symbolique de 300. D’ailleurs l’initiative du centriste François BAYROU sur ce qu’Apolline de MALHERBE appelle « la banque des parrainages » est salutaire. Seulement plusieurs candidats qui font office de tête d’affiche de cette élection, mais moins favoris, ont déjà validé leur parrainage comme c’est le cas d’Anne HIDALO.
La maire socialiste représente un vrai flop dans cette campagne du fait peut-être de son bilan à la tête de la mairie de Paris et du précédent lié à un autre bilan, celui de François HOLLANDE. Une chose est sûre, le parti socialiste ne s’est jamais remis du score étriqué de Benoît HAMON lors des présidentielles de 2017. Conséquence la maire de Paris bat les records d’impopularité et est constamment invitée à se désister. Une difficulté supplémentaire est celle liée à l’arrivée d’une autre invitée surprise, l’ancienne Garde des sceaux Christiane TAUBIRA à la faveur d’une primaire populaire qualifiée de parodie par plusieurs ténors de la gauche. Elle a constamment appelée à l’union de la gauche sans jamais être entendu ni par Yannick JADOT, ni par J.L. MELENCHON. Par leur refus de ne plus constituer une béquille pour le parti socialiste, Y. JADOT et Fabien ROUSSEL vont engranger une ligne supplémentaire sur leur CV étant donné qu’ils trônent dans le ventre mou de tous les sondages d’opinions. Seul J-L. MELENCHON sort la tête de l’au à la faveur d’un 10% d’intentions de vote, qu’il n’a jamais quitté depuis l’automne.
Le député insoumis des Bouches-du-Rhône toujours fidèle à sa logique guerrière enchaine de performances médiatiques jugées plus ou moins convaincantes, mais parfois houleuses comme tout récemment dans l’émission ‘’Elysée 2022’’ sur France 2. Son refus de s’associer avec le parti socialiste pour en faire une gauche plus forte et son incapacité à convaincre les français vont peut-être sonner le glas d’une défaite à venir. Par ailleurs il est reproché au leader des insoumis le fait de se mettre à dos la police nationale qu’il n’hésite pas à titiller depuis la perquisition du siège de son parti le 18 octobre 2018. Son manque de professionnalisme sur les plateaux télévisés et sa propension à parfois ramener le débat politique à un niveau de caniveaux peuvent également être déplorés. Notons tout de même qu’il est le seul candidat à ce jour à vouloir et à avoir débattu avec Éric ZEMMOUR.
Le président sortant, dans ce flou kafkaïen reste le grand gagnant de cette campagne qui est dominée par la question migratoire et sécuritaire. L’actualité mondiale marquée par une imminente invasion de l’Ukraine par la Russie retarde pour le coup, l’entrée officielle en campagne d’Emmanuel MACRON. Toutefois il faudra surveiller les sorties médiatiques de ses lieutenants qui risquent de jeter davantage du discrédit dans son bilan déjà peu reluisant. A titre d’exemple, nous citerons la prestation de Gerald DARMANIN sur le plateau d’Apolline de MALHERBE, qui en plus d’être entorse à sa propre personne, risque de consacrer une entrée en campagne froide du camp présidentiel.
Par Roufai TCHADIKENI, Spécialiste de sécurité internationale et défense, UNIVERSITÉ PARIS VIII VINCENNES-SAINT-DENIS
Source: Plume d’Afrique
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