Au Togo, un prêtre du diocèse d’Aného, Joseph Bassitome, a demandé à quitter l’état clérical, pendant le processus de gestion d’une affaire le concernant, relative à des pratiques de religion traditionnelle africaine. Enquête.
Le 2 février, Mgr Isaac Jogues Agbemenya Gaglo, évêque d’Aného (Togo), a publié un message sur la situation d’un prêtre de son diocèse, Joseph Bassitome, accusé de pratiques syncrétiques flirtant avec les religions traditionnelles africaines. L’évêque a été alerté par des rumeurs venant de la paroisse Saint-Ferdinand où servait le père Bassitome, comme vicaire paroissial. « En effet, ils l’accusaient de faire des expériences syncrétistes et scandaleuses et il leur conseillait les mêmes pratiques », écrit l’ordinaire du diocèse.
En juin 2021, une première rencontre a eu lieu, au sujet de ces allégations, entre ce prêtre et son évêque qui fera le constat « d’invocations adressées aux divinités traditionnelles » à travers des éléments audios parvenus à l’évêque et reconnus par l’intéressé. Lors d’une deuxième rencontre, l’évêque lui donne des instructions pour mettre fin aux pratiques reprochées, dont « un temps de ressourcement spirituel en vue de sa conversion », au monastère bénédictin de Dzogbegan, dans le diocèse de Kpalimé, au sud-ouest du pays. C’est au cours de leur troisième rencontre que Joseph Bassitome remet à son évêque une lettre manuscrite dans laquelle il renonce au sacerdoce. « C’est librement et volontairement que j’ai consciencieusement démissionné », confie-t-il.
La quête des valeurs traditionnelles
Joseph Bassitome est ordonné diacre le 23 juillet 2016, puis prêtre le 15 juillet 2017. Après son ordination presbytérale, il a servi pendant un an comme vicaire à la paroisse Sacré-Cœur de Jésus d’Afanya-Gbléta (2017-2018), puis pendant trois ans à Vogan (2018-2021) comme vicaire à la paroisse Saint-Ferdinand, enseignant au Collège catholique Minyanu II de Vogan et aumônier diocésain du Noble Ordre de Saint Jean International.
Fin janvier, une photo de Joseph Bassitome habillé comme un adepte des religions traditionnelles a circulé sur des réseaux sociaux. Et des commentaires le présentent comme un « prêtre catholique devenu prêtre vodou », une version reprise par certains médias. « Il s’agit bien de Joseph sur cette photo, mais Joseph n’est pas ordonné prêtre vodou, du moins pas encore », confie une source ayant requis l’anonymat. Cette photo a été prise pendant une « cérémonie de purification traditionnelle de fin d’année, qui a eu lieu le 16 décembre 2021 », précise cette source.
Une pente glissante vers les religions traditionnelles
Les recherches sur les valeurs traditionnelles africaines par le jeune prêtre l’ont fait glisser vers les religions traditionnelles. C’est ce que confirme un prêtre du diocèse de Kara, père Joseph Baoula, très proche de l’ancien prêtre au séminaire. Le père Baoula a fait quelques révélations dans un témoignage écrit.
Selon lui, Joseph Bassitome avait un « grand penchant pour les traditions africaines » depuis le séminaire et voulait découvrir les valeurs de ces traditions, une démarche de recherche encouragée lors de leur formation, précise-t-il. C’est sans doute pour approfondir ces connaissances que Bassitome a adhéré à un groupe de réflexion dénommé « Renaissance africaine », une adhésion qui l’a mené à des pratiques syncrétiques puis aux choix de renoncer au sacerdoce ministériel.
Le père Baoula évoque aussi les « souffrances » de son confrère depuis le séminaire et dans l’exercice de ses missions pastorales, à cause de problèmes nés de « l’ethnicisme mêlé de jalousie, d’envie et de méchanceté » qu’il reproche à certains membres du clergé.
Source : africa.la-croix.com