Démarrés le 17 juin 2020, pour une durée de trente-six (36) mois, les travaux de réhabilitation de la Nationale n°5 sont à la traîne. Dix-huit (18) mois après, l’entreprise tributaire du marché de cette route reliant Lomé-Kpalimé, longue de 120 km, peine à être dans les délais convenus. Des raisons conjoncturelles officielles aux difficultés techniques et managériales officieuses, tout semble dire que l’entreprise de l’homme d’affaires burkinabé Mouhammadou Bonkoungou présente des signes d’essoufflement.
Démarrage en trombe
Selon le cahier de charges, ces travaux de réhabilitation et de renforcement, d’un coût global de 214 milliards FCFA, se déclinent en la construction et la mise en 2X3 voies du tronçon Todman-Zanguera (sud-ouest de Lomé), long de 15 km. Puis, en l’aménagement en 2X2 voies du tronçon Zanguera – Noepé (8 km) et la réalisation d’une chaussée de 2 voies entre Noépé et Kpalimé, sur une distance de 91 km.
Par ailleurs, l’ouvrage dont Ebomaf a en charge s’étend à la réalisation de bassins de rétention d’eau de Todman, Ségbé, Adidogomé (sud-ouest de Lomé).
Dans le feu de l’action, entre ferveur populaire et démonstration de force, Ebomaf a mis les petits plats dans les grands pour impressionner. Des équipements sont très rapidement déployés sur les bases d’Atikoumé et d’Adidogomé. Après le dessouchage pour libérer l’emprise de la voie, a démarré, le 1er décembre 2020, la pose de la bitume sur le tronçon Todman-Lycée technique d’Adidogomé.
Signes d’essoufflement…
Mais après les premières semaines d’engouements, tout est à la traîne depuis quelques temps. La célérité qui a caractérisé les travaux, au démarrage, à la satisfaction de tous, semble s’essouffler. Au grand désarroi des usagers de cette route très affluente. À dix-huit (18) mois normalement de la livraison de l’ouvrage, force est de constater que Ebomaf est bien loin des comptes.
Un tour sur le chantier fait constater qu’après Lomé et les premiers villages de l’Avé, c’est à peine les travaux ont atteint le niveau de revêtement en bitume à hauteur de Bagbé. Ajoutés aux travaux de terrassement qui sont arrivés à hauteur de Badja, le tout amène à 40 Km. Venant de Kpalime, les travaux d’aménagement n’ont guère évolué, à peine arrivés à Tové. Bref, une évaluation objective faite par une source, situe l’étape d’évolution des travaux à 33% tout au plus. Et là encore c’est en faisant absorption des travaux de finition et d’embellissement. En somme le gargantua burkinabè se retrouve difficilement au tiers du taux d’exécution contre 50% de temps consommé, et ce, malgré tout ce qu’on ventait de lui au départ. Une moyenne très en deçà des projections, pour un tronçon de 120 Km. De ce fait, on se demande par quelle alchimie, Mahammadou Bonkoungou et ses hommes parviendront-ils à respecter le second contrat du marché les liant à l’état togolais, celui de l’aménagement des voiries et réseaux divers (VRD) de la ville de Kpalimé pour un montant de Dix-neuf (19) milliards F CFA HT/HD. Ceci, afin de livrer les travaux dans les dix-huit mois restants.
Qui est l’ange, qui est le sorcier ?
Livrer cette route dans les délais, cela paraît un défi herculien pour une entreprise comme Ebomaf que des gens ont vite fait d’ériger en leader dans le secteur dans la sous région. Au Togo, on peut encore l’accepter du moment où celle-ci s’est fait introniser, par tous les moyens, roi dans une cour où régnait Ceco Btp. Mais des esprits malintentionnés ont tout fait pour envoyer ce compatriote à Golgotha. Sinon, au purgatoire. Une si triste fin d’aventure d’un esprit lucide togolais pourtant promis à un avenir radieux. Ceco Bpt, en son temps, livrait les travaux dans les délais raisonnables et qui, dans l’ensemble, hormis quelques réserves, donnait du sourire à son personnel, ses compatriotes togolais. Tout le contraire pour Ebomaf dont la situation de son personnel et ouvriers, contrairement à ce que l’on semble miroiter, reste très peu enviable. Un personnel dévoué au travail mais qui patauge entre Cdd (pour le personnel) et des contrats d’un ou deux mois renouvelable pour les ouvriers. De façon caricaturée, tout semble dire qu’on aurait, pour des causes que l’on sait mais tait, pour diverses raisons, vendu le voleur pour s’acheter un sorcier. Triste si l’on doit gouverner avec une forte propension à introniser l’étranger en lieu et place de l’enfant de la maison que l’on chasse à coups de massue. Ce dernier qui n’a pourtant rien à envier à l’étranger. Rien à avoir avec un quelconque relent de xénophobie. Mais il est évident de relever que plutôt que de les museler, chaque pays, peu importe les raisons, protège normalement ses hommes d’affaires qui créent de l’emploi et soutiennent l’économie nationale. Et non les envoyer dans l’abîme.
Du calice jusqu’à la lie…
Tout ce qui brille n’est pas de l’or, dit-on. Et c’est vraisemblablement le cas de Ebomaf qui, malgré le tintamarre savamment entretenu autour, est en train de montrer ses limites sur le marché Lomé-Kpalimé. Malheureusement, on ne sait sur quelles bases, c’est encore à cette entreprise qui avait laissé des traces grises au Togo dans l’exécution des précédents marchés, et qui peine à réaliser à temps les travaux de la Nationale n°5 que l’on attribue, par enchantement, un nouveau marché. Celui de la réhabilitation de la fameuse route Adidogome Douane – Ségbé. Quelle curiosité crierait l’autre ! Si ce chantier distant de 10 km devrait subir le même sort que la route Lomé -Kpalimé, c’est dire que ce sont des centaines de commerces installés tout au long de cette route stratégique qui s’ouvre sur le Ghana qui en pâtiront. Ainsi, les togolais à qui on aurait certainement vendu du vent boiront le calice jusqu’à la lie. Et c’est cette même structure qu’on a téléporté dans le secteur bancaire, en lui livrant l’un des fleurons nationales, la BTCI. Et ce dossier, c’est une autre paire de manche. On avance.
FRATERNITE