Après 2 ans de deuil, le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) revient sur la scène politique togolaise. Le parti du feu Me Agboyigbo a fait sa rentrée politique dimanche à travers une conférence de presse. Elections régionales, état de droit et les libertés publiques, décentralisation, gestion de la pandémie de Covid-19 et la corruption sont les grandes lignes qui ont illustré la déclaration liminaire de cette rentrée. Le CAR lance, par ailleurs, un appel à la résistance face à l’oppression du pouvoir pour sauver la République en péril et créer enfin les conditions de la Refondation.
DECLARATION LIMINAIRE
Le Togo traverse une période difficile de son histoire politique, économique et sociale. Cette période est caractérisée par une crise lancinante qui perdure depuis plusieurs décennies. Le peuple togolais a voulu par sa constitution de 1992, être une ‘’République unie et indivisible’’. La volonté a été malheureusement trahie dans les faits par l’obsession du parti au pouvoir de confisquer toutes les possibilités d’une alternance pacifique au sommet de l’Etat.
1- LES ELECTIONS REGIONALES EN PERSPECTIVE
La précipitation dans laquelle le gouvernement tente de conduire le processus d’organisation des prochaines élections régionales en dit long sur les intentions inavouées du parti au pouvoir. Il est clair que le régime veut organiser tout sauf des élections régionales libres, équitables, transparentes et acceptables par l’ensemble de la classe politique. Bien que des participants à la Concertation Nationale entre Acteurs Politiques (CNAP) dénoncent le défaut de consensus sur des modifications à apporter au code électoral, le gouvernement vient de faire voter par l’Assemblée Nationale la loi portant modification de ce code.
Le gouvernement tente de faire croire que sa démarche est en phase avec les recommandations issues des travaux de la CNAP, alors que des partis politiques ont été empêchés de prendre part à la CNAP par le refus catégorique d’examiner leurs préoccupations pourtant légitimes.
Le comble est que le gouvernement viole les termes des recommandations de la CNAP qu’il a lui-même taillée sur mesure. L’organe chargé du suivi de la mise en œuvre de ces recommandations n’est pas encore fonctionnel ; le Cadre Permanent de Concertation (CPC) créé dans la précipitation le 18 janvier dernier, (date d’invitation à la 1ere réunion dite de prise de contact), vient de mettre en place son bureau ; mais avant, les appels à candidature pour le renouvellement des membres de la CENI, de la HAAC et de la CNDH ont été ouverts et fermés sans discussions préalables au CPC.
Confiscation de la décentralisation
Les communes sont prises en otage par l’Etat et n’ont même pas encore une fonctionnalité régulière pour qu’on puisse penser une seule seconde passer à l’étape des régionales. En effet les élections régionales en vue sont projetées pour se tenir trois ans après l’installation des conseils communaux qui sont confrontés à d’énormes difficultés, lesquelles n’ont pas encore été évaluées et solutionnées.
L’incident au marché d’Adidogomé Assiyéyé le 05 mars 2022 dernier peut être considéré à tort comme isolé ; mais cela n’est que le signe primitif d’un malaise profond qui découle de la gestion des collectivités territoriales Le CAR relève que l’institution de la préfecture comme circonscription électorale pour les régionales est en contradiction avec la loi sur la décentralisation. Le CAR s’étonne de ce que la communauté internationale dont certains pays constituent la vitrine de la décentralisation cautionne cette tragi-comédie.
Les irrégularités dans les élections au Togo
Les trois dernières élections (les législatives de 2018, les locales de 2019 et la présidentielle de 2020), sont entachées de graves irrégularités. De la composition de la CENI au règlement du contentieux électoral en passant par le découpage électoral, le fichier, le dépôt des candidatures, la proclamation des résultats … des problèmes qui subsistent, nécessitent une thérapie appropriée avant l’organisation de nouvelles consultations électorales quelles que soient leurs natures. Toute élection mal organisée porte en elle le germe de l’escalade des contestations que la force publique ne pourra toujours réussir à réprimer.
D’où l’impérieuse nécessité de faire recours à un cadre adéquat pour une résolution durable des crises électorales en privilégiant un dialogue sincère.Sur la composition de la CENI, ce qui a été fait le jeudi 24 mars 2022 ne respecte pas le consensus national sur la composition paritaire de l’Institution confirmée par la feuille de route de la CEDEAO. Cela démontre à suffisance que c’est un véritable holdup électoral qui est encore en cours de téléchargement et ne peut obtenir en aucun cas la complicité du CAR.
2- L’ETAT DE DROIT ET LES LIBERTES PUBLIQUES EN PERIL
La violation récurrente des droits de l’homme, les libertés de manifestation et d’association confisquées sont autant d’éléments qui mettent en péril l’Etat de droit au Togo. On peut citer à titre d’illustration les interpellations des journalistes, des leaders politiques, des citoyens, des syndicalistes, des militants et sympathisants des partis politiques qui sont toujours détenus en prison. Le récent trophée exhibé par le régime est la descente musclée des forces de l’ordre dans les locaux de la radio Courtoisie Fm à Dapaong pour arrêter la diffusion d’une émission portant sur le préavis de grève du Syndicat des Enseignants du Togo (SET) ce qui est une pratique révolue. La HAAC, malheureusement, reste impuissante face au règne de l’arbitraire et ne guette que des occasions pour sanctionner les médias au lieu d’être la promotrice de la liberté d’expression.
Le CAR apporte tout son soutien à tout mouvement syndical, en particulier au SET, dans la revendication des meilleures conditions de vie et de travail des enseignants. Ces violations répétées des Droits de l’Homme se passent au vu et au su des partenaires internationaux notamment l’Union Européenne (UE) signataire des conventions de Lomé et de Cotonou et l’accord post-Cotonou qui définissent la conduite à tenir en matière de respect des droits de l’homme dans leur ensemble et la bonne gestion des affaires publiques en sa dimension politique et stratégie de coopération.
En outre les rapports de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, du département d’Etat américain, d’Amnesty international ont révélé d’énormes reculs dans le respect des droits de l’homme dans notre pays.
Le CAR s’indigne et se réserve le droit de s’interroger sur le silence coupable de l’UE qui poursuit, sans gêne, sa coopération avec le Togo. L’UE apparait de fait comme une caution à la longévité au pouvoir des régimes autocratiques dans certains pays d’Afrique dont notamment le Togo, concourant ainsi au blocage à l’alternance pacifique au sommet de l’Etat.
3- LA CORRUPTION ENDEMIQUE ET LA VIE CHERE
N’eut été la justice française, personne ne saurait le scandale financier qui a entaché la concession du Port Autonome de Lomé (PAL) au Groupe Bolloré en 2010.Le renvoi en correctionnel de Vincent Bolloré, le patron du Groupe Bolloré, concessionnaire du port autonome de Lomé a révélé à la face du monde le dégré de corruption du régime en place. Au regard du manque à gagner pour le Togo, la justice togolaise aurait pu s’auto saisir du dossier pour faire éclater la vérité. Mais, jusqu’à présent, c’est le statut quo. C’est ainsi que nombreux scandales économiques et financiers sont sans suite. Tout ceci entraine la vie chère et l’affaiblissement de jour en jour du pouvoir d’achat des ménages.
4-LA GESTION FANTAISISTE DE LA PANDEMIE DE COVID-19
Le gouvernement a commis l’irréparable en faisant le suivisme des pays occidentaux dans la gestion de la crise sanitaire à la COVID 19. Les conséquences seront fâcheuses pour l’économie nationale quelles que soient les aides dont le pays va bénéficer. Malheureusement, le contribuable togolais va en payer les frais.
Le CAR attend de voir le bilan qu’en fera le gouvernement et avisera le moment venu.
Le CAR a noté avec amertume que c’est pendant cette période de COVID que le Gouvernement a augmenté les frais de péage et en a institué pour les engins à deux roues.Déjà, la prolongation de 12 mois de l’état d’urgence par l’Assemblée Nationale alors que le gouvernement en a demandé six, est sans doute, un signe annonciateur des scandales à l’horizon.
Finalement, le CAR se demande entre le Parlement et le Gouvernement, laquelle des deux institutions dirige ou contrôle ?
5- APPEL DU 27 MARS 2022
Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), appelle les organisations de presse, les forces démocratiques,les organisations syndicales, les organisations de la société civile, les confessions religieuses et tous les citoyens épris de vérité, de liberté et de justice à la résistance face à l’oppression du pouvoir pour sauver la République en péril et créer enfin les conditions de la Refondation.
Pour finir le CAR remercie la presse et toutes les Togolaises et tous les Togolais pour leur mobilisation lors des obsèques de son feu Président national Me Yawovi AGBOYIBO.
Fait à Lomé, le dimanche 27 mars 2022
Pour le CAR
Le 1er Vice- Président
Ce qui est surprenant dans cette declaration est que ces comediens ont eu le temps d’enumerer les problems auxquels est cronfonte notre pays sans pourtant annoncer une qelconque solution. Quel est le but de cette sortie?