« Nous ne sommes que mensonge, duplicité, contrariété, et nous cachons et nous déguisons à nous-mêmes » (Blaise Pascal). Face aux grands enjeux qui se jouent actuellement dans le monde, le dirigeant togolais tente aussi d’exister. Pour attirer les phares sur sa personne, Faure Gnassingbé, a fait réunir autour de lui à Lomé, les « dictatorship friendly » -on parle de 700 invités dont des chefs d’Etat et de gouvernement- pour un sommet sur la cybercriminalité.
Une conférence qui a avant tout pour vocation de ceindre de lauriers le front du jeune doyen de l’Afrique de l’Ouest qui court comme son ombre derrière une reconnaissance internationale.
Avant même que les travaux ne démarrent, Faure Gnassingbé a été fait « champion d’Afrique de la cybercriminalité », justifie-t-on, pour son leadership dans l’avancement de l’agenda de la cyberSécurité et de la transformation numérique au Togo. Confirmant ainsi les intérêts à caractère subjectif de ce sommet qui ressemble à s’y méprendre à un cérémonial à la gloire du chef d’Etat togolais. Le lauréat fétille de joie : « Je reçois avec beaucoup d’humilité ce prix, car il est rare de recevoir un prix avant le début de la mission. Je vous rassure de la réalisation de la mission qui m’est assignée ».
Quelle crédibilité accorder à ce sommet et à cette distinction fantaisiste quand il est connu de tous que les dirigeants togolais sont passés maîtres dans l’art de la cybercriminalité en acquerrant, à des sommes astronomiques, des armes numériques hypersophistiquées pour surveiller comme des criminels, des voix qui critiquent le régime, notamment les dignitaires religeux, les figures de l’opposition, les militants des droits de l’homme, les journalistes, etc ? Alors qu’on dit que le Togo a atteint le point d’achèvement des Pays pauvres très endettés (PPTE), nos dirigeants ne se gênent guère de détourner les ressources pour ce que d’aucuns qualifient de « voyeurisme d’Etat ».
On parlait dans notre parution d’hier du logiciel espion israélien Pegasus, officiellement destiné à lutter contre le terrorisme et la grande criminalité, mais que le régime togolais a détourné de son objectif pour écouter et surveiller ses opposants. Malheureusement ce n’est pas la seule arme numérique acquise par le régime de Faure Gnassingbé qui se trouve être la plus vieille dictature en Afrique.
Après les enquêtes de « Le Monde » et « The Guardian » révélant l’utilisation du logiciel Pegasus par le régime togolais, Amnesty International avait à son tour, révélé l’année dernière dans un rapport que le régime de Faure Gnassingbé –encore et toujours- avait eu recours à des cybermercenaires indiens du groupe Donot Team en lien avec Innefu Labs, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité installée en Inde, pour lancer des attaques numériques contre des militants des droits de l’homme au Togo.
Amnesty International avait précisé que le tristement célèbre groupe de hackers Donot Team avait utilisé de fausses applications Android et des courriels infectés pour cibler le défenseur des droits humains afin d’accéder à la caméra et au microphone de son appareil, pour voler des photos et des fichiers, et lire les messages WhatsApp.
Voilà la nature d’un régime ubuesque, adepte aux méthodes staliniennes désuètes qui prétend lutter contre la cybercriminalité alors qu’il est lui-même un cybermercenaire de haut vol. Comme le disait l’autre, ce sommet sur la cybersécurité ressemble fort à une conférence internationale organisée par Pablo Escobar sur la lutte contre la drogue.
Source: Liberté Togo/Médard Amétépé
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