C’est patent, les Togolais qui avaient poussé des cris de joie ce 27 avril 1960 pour avoir retrouvé leur liberté sont, 62 ans après, entrain de ne compter que des chimères comme acquis de leur indépendance.
Tristesse et douleur étreignent ce peuple quand il lui vient de penser à son pays, le Togo, la chère patrie. La honte et l’indignation aussi l’assaillent quand s’approche la commémoration de son accession à la souveraineté internationale. Surtout, lorsque les 62 ans ne sont que de lots de tribulations, de souffrances et de misères qui lui sont infligées par certains Togolais à la tête du pays et qui ont décidé de faire pire que le colon envahisseur.
Togolaises et Togolais, nos coeurs trépignent quand nous voyons la déliquescence dans laquelle végète le peuple martyr que nous sommes
C’est l’âme en peine, que nous voyons aussi, abasourdis et déboussolés le comportement de ceux qui nous dirigent et qui n’ont aucune once d’égard pour nous.
Sérieusement, est-ce qu’ en dehors du drapeau, de l’hymne et du monument, symboles de notre indépendance chèrement acquise le 27 avril 1958 et solennellement proclamée le 27 avril 1960, il y a quelque chose de concret qui peut rendre fier le Togolais de se savoir citoyen dans son propre pays? J’ai beau cherché sans y parvenir car à vrai dire, il est plus facile de chercher une aiguille dans une botte de foin que d’identifier les réalisations dignes de ce nom dans notre pays qui fête ses 62 ans d’indépendance.
Il est donc difficile de faire un autre constat que celui-là car, il suffit de parcourir Lomé la capitale pour se rendre compte que c’est une ville morte, une ville sans attrait, une ville où il n’y a presque rien, une ville où une seule pluie suffit pour l’inonder, une ville à reconstruire entièrement, une ville qui fait notre déshonneur parce que nous sommes incapables de lui donner l’attrait qui sied à une capitale d’un pays indépendant depuis 62 ans. Aussi, l’ensemble du pays est dans le même piteux état, attendant que ses filles et fils daignent lui accorder un regard compatissant.
Oui, nul ne doit montrer son pays du doigt mais, cacher la maladie dont-on souffre est suicidaire. Le maître-maux de notre déconvenue depuis 62 ans est la gouvernance calamiteuse de notre État et cela se voit d’ailleurs sans grande difficulté.
Hier donc, quand, de braves Togolais se battaient contre le colonisateur aux fins de redonner la liberté d’antant à notre Patrie, il y en avait qui ont pactisé avec le diable. Ceux-là sont même aller aux Nations-Unies avec des images dégradantes de leurs propres frères et sœurs pour témoigner et demander que le Togo ne puisse pas encore accéder à l’indépendance.
Aujourd’hui, les dirigeants de notre pays se comportent exactement de la même manière, nous déniant le droit de jouir de notre appartenance à la Patrie qui nous a vu naître. Et les exemples sont légions : c’est dans notre pays qu’un ministre, père de famille de son état, ose dire publiquement qu’il faut enfumer des élèves à coup de grenades lacrymogènes parce que ceux-ci réclament leurs enseignants en grève pour des indemnités non payées. C’est au Togo, notre pays, qu’un autre ministre déclare que c’est par indulgence que des citoyens comme lui sont recrutés dans la fonction publique. C’est toujours des ministres togolais qui traitent les enseignants et travailleurs togolais de tous les noms d’oiseaux. Et, sur tous les plans, la minorité au pouvoir.fait la démonstration de n’avoir aucun amour pour le pays qu’elle dirige depuis 60 ans bientôt. Cette minorité pilleuse pousse sa méchanceté à l’extrême pour ne point entendre les cris de douleurs du peuple qu’elle affame tous les jours avec des mesures anti-sociales dignes de Méphistophélès. À la limite, ces dirigeants dépouillent leurs concitoyens qu’ils ont déjà appauvri par leur gloutonnerie.
C’est donc évident que les festivités de nos 62 ans d’indépendance soient ternes et mélancolique sinon, mélodramatique.
Non ! La célébration de l’indépendance du Togo l’or de l’humanité ne peut se résumer à quelques drapelets accrochés aux poteaux ? Cela ne peut se résumer non plus à des pas de godillots militaires sur le macadam et en catimini et â un garden-party de la minorité pilleuse.
Notre pays mérite mieux. Et, notre devenir dépend de la volonté de nous Togolaises et Togolais.
En attendant de voir notre pays arborer véritablement l’étoffe de la liberté, bon anniversaire au peuple togolais délaissé et meurtri. Aussi, déclamons, ensemble, le deuxième couplet de notre hymne en n’ayant une pensée pieuse pour le Père de la nation, Sylvanus OLYMPIO, les pères de l’indépendance, Pa Augustino de SOUZA et toutes les Togolaises et les Togolais du nord au sud et de l’est à l’ouest qui par leur travail, leur sueur et leur sang, nous ont offert notre indépendance.
Dieu bénisse le Togo.
Francis Pédro AMUZUN