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Friday, April 19, 2024
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Déni d’une opposition constructive au Togo : Les folles envolées d’un vieillard prétendument sage

La vieillesse n’est pas synonyme de sagesse ; même les idiots vieillissent. On a eu la preuve jeudi dernier lors du lancement des activités des dix ans du parti au pouvoir. Emporté par le déni de la réalité, le président du mouvement des sages UNIR déclare qu’il n’y a pas d’opposition constructive au Togo.

Union pour la République (UNIR), le nouvel habillage du Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti unique et parti-Etat, a célébré la semaine écoulée ses dix ans d’existence. Les festivités marquant l’événement ont eu lieu à Atakpamé, la grande ville de l’Est de la région des Plateaux. Cette célébration placée sous le thème : « 10 ans d’engagement au service des populations » a été l’occasion pour le parti de faire le bilan de ses actions durant la décennie écoulée. Pour ce faire, une communication axée sur le thème : « 10 ans de développement : bilan et perspectives », a été présentée.

Bien avant, un point presse a été organisé dans les locaux des Affaires sociales d’Atakpamé. A l’occasion, le président du mouvement des sages UNIR, Charles Kondi Agba, a dit tout le bien qu’il pense de son parti et le mal qu’il impute aux adversaires politiques. «On ne peut pas danser et s’apprécier à la fois, et c’est le rôle de l’opposition de critiquer afin de permettre à ceux qui sont au pouvoir de corriger.  C’est ce qui se fait dans tous les pays, une opposition constructive qui applaudit quand c’est bon et désapprouve quand c’est à améliorer», a déclaré le vétérinaire, ancien ministre.

Une pique non déguisée qui appelle en d’autres termes, toutes les composantes du pays à jouer, chacune en ce qui le concerne, son rôle, sa partition. Mais emporté par le manque de sagesse propre au parti, le prétendu sage s’en prend à l’opposition togolaise, aussi bien les alliés du pouvoir que ceux qui ne le sont pas. « Nous sommes dans une situation compliquée. Si nous avions une opposition constructive, ça nous aiderait mieux. Mais nous nous rendons compte qu’ils ont abandonné et qu’ils n’ont d’autres arguments que le pouvoir cinquantenaire », a déclaré Charles Kondi Agba. Drôle de sagesse !

Des propos qui n’ont pas manqué de susciter indignations au sein de la classe politique, certains qualifiant cette déclaration de provocation inutile indigne de quelqu’un qui se dit sage. L’autre réaction qui a retenu l’attention est celle de Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais. Le responsable politique a rappelé que le régime a pris des lois liberticides pour priver les citoyens de toute capacité de contestation. « C’est bien connu, une dictature ne tolère pas d’opposition » a-t-il déclaré. « Le régime se plaint qu’on lui rappelle qu’il confisque le pouvoir depuis 54 ans. Oui, on insiste sur ce point. On ajoute que corruption, violence, injustice, privation de libertés sont les marques du régime. Mesdames et Messieurs, votre régime, c’est la dictature ! », a-t-il poursuivi, résumant en une seule phrase les traits caractéristiques d’un pouvoir qui se transmet, depuis 1967, de père en fils.

Au-delà des réactions, les propos du prétendu sage sont une insulte à ceux qui se battent encore pour l’avènement d’une véritable démocratie au Togo. C’est aussi une insulte à la mémoire de ceux qui, bravant les massacres du régime, ont laissé leurs vies dans la lutte populaire. Le millier de morts de 2005, les vies fauchées lors des soulèvements populaires de 2017 symbolisent l’existence d’une contestation du pouvoir incarné par Faure Gnassingbé depuis 2005.

Ce que le cadre du RPT/UNIR feint d’ignorer, c’est que bien qu’ils soient entourés d’une « opposition » docile à l’Assemblée nationale, prompte à voter « oui » pour tous les projets, il y en a en dehors de l’assemblée nationale qui donnent de la voix et dénoncent ce qui ne marche pas bien dans le pays. Oré Djimon, Jean-Paul Oumolou… sont en détention pour avoir détourné les deniers publics ? Aucunement. Leurs torts, c’est d’avoir osé dire ce qui est vrai, mais qui fâche. Dans un pays qui compte une centaine de prisonniers politiques, il est impossible de nier l’existence d’une opposition constructive.  Même si aujourd’hui, les partis politiques de l’opposition ne parlent pas d’une seule voix, il n’en demeure pas moins que tous déplorent, quand l’occasion leur est donnée, l’arbitraire qu’il y a dans le pays, ainsi que la mauvaise gouvernance.

Et puis, depuis quand Faure Gnassingbé et ses collaborateurs ont-ils eu vraiment recours à l’opposition pour régler les problèmes du pays ? De la trentaine de dialogues politiques organisés à différentes occasions, on retient seulement que les propositions de l’opposition ont été toujours étouffées, balayées du revers de la main. La preuve a été encore faite récemment dans le cadre de la Concertation nationale entre acteurs politiques (CNAP). Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) a quitté les discussions lors de la seconde séance, déplorant que ses observations lors de la première n’aient pas été prises en compte. D’autres, déçus du comportement des représentants du pouvoir, ont fini par déserter, mêmes ceux qui s’y accrochaient, voulant encore jauger la bonne foi du RPT/UNIR.

Amélioration du cadre électoral, vie chère, insécurité…quels sont encore les sujets sur lesquels les partis politiques de l’opposition ne se sont pas prononcés ? Il faut tout simplement comprendre que les propos de Charles Kondi Agba sont révélateurs de la volonté du régime RPT/UNIR de gouverner le pays sans opposition en face. Et le parti au pouvoir s’y attelle. Peut-être aussi, et c’est fort probable, que l’opposition dont rêve Faure Gnassingbé, dame Victoire Dogbé et le régime est celle qui pourra les accompagner dans le pillage impuni des richesses du pays.

L’autre aspect de la déclaration de celui qui sert la famille Gnassingbé depuis des décennies, c’est que si l’on doit imputer la responsabilité de cette prétendue inexistence d’une opposition constructive, les regards se tourneraient vers régime en place. Un pays où il n’existe pas d’opposition est une dictature. Et ça, à qui la faute ?

G.A.

Source : Libertétogo.info

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FUGEE
FUGEE
May 19, 2022 2:05 pm

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Depuis ce triste jour du 13 janvier 1963 où Sylvanius Olympio fut assassiné, tous ceux qui ont essayé d´affronter la dictature en se mettant sur son chemin, furent impitoyablement éliminés. La liste de tous ces martyrs, assassinés d´une façon ou d´une autre, est longue. Les nombreuses tentatives depuis le début des années ´90 pour humaniser le pouvoir d´état et le rendre aux Togolais, n´ont pas pu résister à la terreur militaire, seule légitimité de la dictature du père en fils.