Sommets sur les crises humanitaires et les changements anticonstitutionnels de gouvernements : À Malabo, Faure, Ouattara et compagnie dans la zone de vérité

Deux sommets extraordinaires des chefs d’État de l’Union africaine ont été tenus les 27 et 28 mai derniers à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. Si le premier sommet porte sur la situation humanitaire, l’autre a trait au terrorisme et changements de gouvernement inconstitutionnels en Afrique.

On ne négligera pas l’importance qu’avait revêtu le premier sommet, à propos duquel Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, avait déclaré lors de la cérémonie d’ouverture qu’environ « 113 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire en Afrique dont 48 millions sont des réfugiés, des demandeurs d’asile et des déplacés internes ». Ce serait nier le drame que vivent de jour comme de nuit nombre de réfugiés sur le continent.

Mais ce drame tire sa source dans le « Terrorisme et changements inconstitutionnels de gouvernement », qui avait été le thème du deuxième sommet. On peut dire, pour faire simple, que les deux sommets se valent, attendu que l’un est la cause de l’autre, car un pays mal gouverné est source de terrorisme avec son lot de réfugiés. Mais au cœur des deux sommets se trouve la « déclaration d’Accra » adoptée le 17 mars dernier au Ghana non seulement par des représentants de l’UA, mais aussi par la société civile ou encore des universitaires.

Cette déclaration incite les États du continent à respecter les Constitutions qui ont limité les mandats et qu’aucun prétexte ne soit inventé pour changer ces Constitutions, comme c’est en vogue dans le pays.

« La déclaration dit que les relations entre l’État et l’opposition doivent être clarifiées par les textes et qu’on laisse à l’opposition le soin de jouer le rôle qu’il lui revient dans une démocratie et qu’on ne l’attaque pas parce que, simplement, on veut amenuiser ses chances par exemple pour gagner des élections et autres. Parce que, qu’on le veuille ou pas, depuis les années 1990, on a eu beaucoup de réformes constitutionnelles, beaucoup de changements au niveau politique, mais peut-on dire que nos sociétés sont devenues de plus en plus démocratiques ? Je ne le crois pas », s’est désolé au micro de RFI Pape Ibrahima Kane qui dirige le programme de plaidoyer pour l’Union africaine au bureau ouest-africain de l’ONG OSIWA.

Pour Pape Ibrahima Kane, il y a encore du chemin à faire. Comment ne pas lui donner raison, quand on voit la manière dont les dirigeants de la sous-région prennent des libertés avec leurs constitutions pour mieux s’éterniser au pouvoir, premier mobile qui bascule les populations dans le chaos ? Avec ce sommet, peut-on espérer un changement des mentalités en haut-lieu ? Peut-on voir un Alassane Ouattara ou un Faure Gnassingbé entreprendre de travailler une bonne fois au nom de l’alternance, ou devons-nous nous occuper de nos châteaux en Espagne ? On ne peut que souhaiter que la fumée blanche sorte de cette rencontre. Les pays ont le droit de jouir des plaisirs de la bonne gouvernance.

Sodoli Koudoagbo

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