Les membres du Cadre permanent de concertation (CPC) ont discuté avec Kodzo Adedzé, le ministre en charge du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale. Les échanges ont porté sur le phénomène de la vie chère. Gerry Taama en fait le compte rendu.
« Rencontre avec le ministre du commerce. Vie chère et SMIG
Je vous avais promis que je reviendrai sur les échanges effectués entre le CPC et le ministre du commerce sur la vie chère. Il nous a en effet paru essentiel que les partis politiques puissent s’informer sur la stratégie de lutte contre la vie chère du gouvernement. Et bien entendu, nous avons abordé la question du SMIG
Les échanges ont duré près de 2h et je ne vous donne ici que les grandes lignes. On pourrait revenir sur les détails dans le débat.
Comme d’habitude, je vais essayer de diviser le compte rendu en trois parties.
Les causes
Les causes de la vie chère sont multiples, et il s’agit aujourd’hui d’un phénomène mondial. (Ça au moins c’est vrai). On peut les situer à trois niveaux.
Les effets du covid, qui ont fait exploser les coûts par exemple du transport maritime. Rien que les mesures barrières, en réduisant le nombre de personnes sur les chaînes de travail ont fait exploser tous les prix. C’est le cas de plusieurs industries au Togo, dont Nioto.
La seconde est bien entendue liée à la guerre actuelle en Ukraine, avec comme corollaire une augmentation nette du prix des produits pétroliers et des céréales.
Le troisième effet est lié à une pluviométrie capricieuse ces dernières années (mais ça, ils disent la même chose tout le temps).
Comme autre effet, il faut tenir compte de l’envolée du prix du dollar, qui est passé de 525 f à 625 f en l’espace d’une année
Les effets sont catastrophiques. En mars 2022, nous avions un taux d’inflation de 8%, et il culminait à 22% sur certains produits. Le fret maritime s’est envolé à 120%, En conjuguant les effets du Covid et de la guerre en Ukraine, on constate par exemple que le brut est passé de 18 dollars le baril en 2019 a environ 120 dollars en 2022. L’oléine de palme, venant de l’Indonésie, et qui sert à préparer les huiles végétales, est passé de 400 000 f la tonne à plus d’un million.
La riposte
Vous la connaissez tous, les mesures du gouvernement déclinées le 26 avril dernier. Je ne vais pas revenir dessus. Mais certains détails sont intéressants. L’importation du riz par exemple a été exemptée de droit de douane pour que le prix baisse sur le marché. La suppression de la TVA sur l’importation du riz coûterait 10 milliards de manque à gagner pour l’Etat. La farine de blé bénéficierait d’une double subvention, pour environ 77 milliards de manque à gagner sur les trois dernières années. La subvention du gaz domestique aurait coûté 16 milliards à l’État sur trois ans. La suspension du paiement des tickets dans les marchés coûte 2 milliards à l’Etat pour les trois mois. En ce qui concerne le carburant pour finir, sans subvention, nous aurions dû acheter le carburant super plomb par exemple à 864 au lieu de 625f. L’Etat paie donc la différence de 239 f/. Le coût de cette opération, c’est 12 milliards, rien que dans le mois de mai.
Les difficultés et les apports des responsables politiques
Le constat unanime est que malgré ces mesures du gouvernement, on ne constate pas de ralentissement de la flambée des prix sur le terrain. Les choses vont de mal en pis. Malgré les plafonnements, les prix augmentent. Il se trouve que plusieurs distributeurs font de la spéculation et ne répercutent pas les réductions opérées par l’Etat.il faut donc passer à la sanction et le ministre nous a annoncé la saisie d’un camion voulant exporter 40 tonnes de maïs à l’extérieur du pays.
Les acteurs politiques ont aussi insisté sur la nécessité de promouvoir de façon plus efficiente la consommation locale. Le sujet est tellement vaste qu’une autre séance est prévue pour en parler.
Nous avons aussi demandé à avoir de façon réelle, les prix de référence. On ne peut pas dénoncer les pratiques frauduleuses sans connaître les prix de référence. A cet effet, un numéro gratuit, le 8585, est disponible pour toute information.
Pour finir, nous avons soulevé la question du SMIG. Pourquoi ne pas le valoriser ? La réponse du ministre est double. La revalorisation du SMIG n’est pas du seul ressort du gouvernement, mais d’échanges avec le secteur privé, puisque c’est le secteur privé qui paie majoritairement le SMIG. Si c’est fait sans concertation, comme je le dis, le risque est que des employeurs licencient pour garder la même masse salariale. La deuxième approche, c’est qu’en subventionnant aussi massivement, le gouvernement contribuerait à limiter les effets de la crise internationale de vie chère, donc aiderait indirectement les petits ménages, une sorte de SMIG sociale.
Voilà, je ne fais qu’un compte rendu, et sera disposé à répondre à vos questions.
Rendons compte vivants »
Gerry Taama