Toute une année scolaire pour des travaux de lutte contre les inondations dans trois établissements scolaires de Lomé. L’information a été donnée ce 7 juin dans un arrêté du ministre en charge des enseignements. Les élèves sont réaffectés dans des écoles déjà en difficultés. Pourtant, ces travaux pouvaient se faire durant la période des vacances, avec la volonté politique et le souci de ne pas perturber la rentrée scolaire prochaine.
« En raison des inondations récurrentes que connaissent certains quartiers de la ville de Lomé suite aux pluies diluviennes, le collège d’enseignement général (CEG) Nyékonakpoè dans le canton de Nyékonakpoè (préfecture du Golfe) est fermé à partir de la rentrée scolaires 2022-2023 et ce jusqu’à nouvel ordre. Les élèves inscrits au collège d’enseignement général (CEG) Nyékonakpoè sont réaffectés à la rentrée 2022-2023, dans les établissements scolaires suivants : Lycée Nyékonakpoè, CEG des Etoiles et Lycée Tokoin Solidarité ». Extrait de l’arrêté N°360/2022/MEPSTA/CAB/SG/DPSSE portant fermeture provisoire du collège d’enseignement général (CEG) Nyékonakpoè dans la région Grand Lomé. Il est signé du ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, Komla Kodzi Kokoroko.
Deux autres arrêtés ont été pris dans le même sillage dans la journée du 7 juin 2022. Ils concernent le jardin d’enfant public (JEP) Totsi dont les enfants sont réaffectés aux JEP Batomé, Gakli et Soviépé ; et l’école primaire publique (EPP) Totsi dont les élèves sont renvoyés dans les EPP Batomé groupes A et B, Agbalepédogan groupes A et B, et Soviépé groupes A, B et C.
Ainsi donc, les écoles dont la fermeture est annoncée n’accueilleront pas d’apprenants pour l’année scolaire 2022-2023. Sans toutefois le préciser, on comprend à la lecture des arrêtés que la fermeture est bien sûr provisoire, mais surtout que des travaux vont être effectués dans ces écoles, pour éviter aux élèves d’avoir les pieds dans l’eau après chaque pluie. Il est de notoriété publique que les écoles en question et bien d’autres sont régulièrement envahies par les eaux chaque fois que le ciel donne de la pluie. C’est donc une bonne nouvelle que le gouvernement ait enfin pris la décision de sortir ces écoles de la position d’amphibie. Ce n’est pas trop tôt !
Par contre, ce qui n’a pas été dit, c’est la durée de la fermeture provisoire. Le ministre a simplement évoqué l’année scolaire 2022-2023 et parlé de « jusqu’à nouvel ordre ». Et cela doit faire réfléchir. Dans une situation normale dans un pays normal, davantage de communication devrait être faite sur la durée des travaux et le moment de la reprise des cours dans ces établissements scolaires. Malheureusement, de la façon dont la chose est présentée par le ministre et président de l’Université de Lomé, il faut attendre jusqu’à nouvel ordre. Peut-être indéfiniment. Ce qui donne l’impression que la décision n’a pas été murement réfléchie, bien ficelée pour que des détails soient donnés. Il faut encore attendre.
Et relativement à la durée même des travaux, il y a matière à polémique. Pourquoi prendre toute une année scolaire pour les travaux ? Si les moyens sont disponibles et les meilleurs entreprises recrutées, des travaux de ce genre ne devraient pas excéder la période des vacances. Ce qui devrait permettre aux élèves de retrouver leurs établissements à la prochaine rentrée scolaire. Mais tel que cela transparait dans les arrêtés, les travaux vont durer au moins 9 mois. Une année scolaire entière et donc une éternité quand on imagine les difficultés que la fermeture des écoles engendre, sans oublier celles déjà existantes.
C’est un secret de Polichinelle que l’une des difficultés de l’enseignement au Togo est le manque criard d’infrastructures d’accueil. Même le tireur de missiles depuis le fleuve Oti en a connaissance. Les écoles privées absorbent chaque année la plus grande partie des effectifs des écoliers, mais les écoles publiques sont toujours bondées. Un phénomène accentué par les fameuses mesures de gratuité des frais de scolarité – une gratuité partielle puisque les parents paient encore des frais parallèles – dans le primaire et le secondaire. Par conséquent, ce n’est pas une surprise de voir les élèves, même ceux du secondaire, s’asseoir à trois par banc pour des salles de classes dont les effectifs atteignent facilement 130 voire plus. Telle est la situation actuelle dans les écoles dans lesquelles les élèves sont réaffectés.
En d’autres termes, la fermeture annoncée ne fait que rajouter aux difficultés des enseignants, mais aussi des élèves déjà contraints de s’agglutiner dans les classes tels les bagnards de la prison civile de Lomé. Il faut trouver les moyens d’accueillir, pour chaque établissement, un demi-millier d’élèves. Ceci dans un contexte de surpopulation dans les écoles. Pendant toute la durée de la fermeture, les écoles d’accueil doivent s’inventer de nouvelles techniques pour entasser les élèves. Peut-être vont-ils atteindre 200 apprenants par classe si certains ne sont pas scolarisés sous les arbres ou les paillotes. De toutes les façons, le « génie » du ministre-président va agir. Il a quand même eu l’« ingénieuse » idée d’ériger des passerelles au campus comme si une autoroute y passait. Ainsi va le Togo de la gestion approximative.
G.A.
Source : Libertétogo.info