Voici en effet pourquoi je soutiens les gouvernants actuels du Mali. D’abord j’ai une pleine souvenance de la brûlure politique qui caractérisait le Mali en 2020, non-seulement avec le terrorisme et le djihadisme qui ont pris les 80% du territoire, mais aussi, avec l’ébullition politique marquée par des sorties massives des maliens dans les rues pour contester le régime d’IBK qui accumulait des arriérés de salaires au sein de l’administration publique, volait les élections et éprouvait d’énormes difficultés pour assumer les charges régaliennes de l’État.
Les grèves au Mali, étaient répétitives, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, ce qui participait à déstructurer la société malienne elle-même et à effondrer quasiment l’État dans son essence.
Le renversement du régime d’IBK qui est le couronnement de la fronde sociale était, pour ainsi dire, un moindre mal au regard du niveau de dégradation avancée de l’État malien lui-même.
Cela dit, les militaires ont pris la gestion du pays en main, non pas sans pesanteurs extérieures, notamment avec la CEDEAO et d’autres partenaires qui leur avaient, dans un premier temps, imposer un président civile. Ils ont alors trouvé la formule d’un militaire retraité en la personne de Baw N’Daw; le schéma n’a pas marché et ils se sont retrouvés eux mêmes dans le piédestal de l’État. Depuis lors, ils ont résolu fondamentalement le problème des grèves au Mali, un dialogue objectif a permis d’apaiser les cœurs et de reconsidérer la grille indiciaire des fonctionnaires de l’administration publique. Cela a augmenté la masse salariale d’au moins 200 milliards de FCFA financés sur fonds propres.
C’est encore le même régime qui a payé ses dettes intérieures et permis au monde paysan de booster la production cotonnière de 150.000 tonnes en 2020 à 756 000 tonnes en 2021. Bien qu’enclavé, c’est encore le Mali qui a réussi le pari de mettre à la disposition du monde agricole, les intrants agricoles aux coûts les plus bas de la sous-région pendant que des pays à littorale les vendent à un prix doublement plus élevé.
On a aussi vu le pouvoir d’Assimi Goïta, relancer le trafic ferroviaire après avoir réhabilité à coûts de milliards, le chemin de fer et acquis trois locomotives afin de faciliter la circulation interne des personnes et des biens et ainsi dynamiser l’activité économique et le commerce intérieur.
En outre, ce même régime a acquis des équipements militaires, des avions de combats ainsi que des armes et munitions que tout le monde a vus à la télévision en vue d’engager une lutte plus organisée contre le phénomène terroriste et djihadiste. Beaucoup de sanctuaires terroristes ont été démantelés ce qui a permis le retour des milliers de maliens dans leur localité d’origine, pendant que les terroristes, visiblement en débandade, s’en prennent plus aux civiles par des actes isolés ici et là.
On va bien sûr faire exception de ce qui vient de se passer au camp de Kati ce vendredi et à d’autres postes et qui montre clairement que l’ennemi n’est sûrement pas encore totalement vaincu. Mais au moins le recrutement dans l’armée malienne a repris ainsi que la formation, notamment avec l’appui des instructeurs russes, ce qui va nécessairement augmenter, au jour le jour, les capacités opérationnelles de cette armée.
Le président Goïta est celui-là qui utilise une bonne partie de ses fonds souverains pour réaliser des œuvres sociales, en l’occurrence la construction des écoles, la réalisation des forages et bien d’autres appuis au monde vulnérable dans son pays. Des infrastructures sont encore en train d’être réalisées. J’en citerai par exemple, la tour de l’Office de radio et télévision malienne en plein chantier financé pour un montant global de 14 milliards à partir du trésor public. Il en est de même de la nouvelle prison civile construite également à près de 11 milliards en vue de désengorger celle de Bamako.
Sur le plan de la gouvernance elle-même de l’État, le pouvoir actuel est celui qui implique le mieux, la chefferie traditionnelle, garante de la légitimé populaire à la base. J’ai encore encore image, la cérémonie de remise des emblèmes de l’État par le Président de la République lui-même aux chefs de quartiers, de villages etc., afin de leur rappeler leur part de responsabilité dans la gestion des affaires de l’État et par ricochet, de la société malienne. Les gens, de l’extérieur, critiquent ce régime en oubliant aussi facilement que les maliens sont des citoyens totalement engagés qui n’hésitent pas à descendre dans les rues pour contester un régime lorsque les actes que celui-ci pose ne leur conviennent pas. Comment serait-il possible que subitement, les maliens aient éteint en eux, cette rage de se faire entendre par les politiques lorsqu’ils ont le sentiment d’être laissés pour compte? Dans le cas d’espèce, c’est plutôt la preuve inverse que les maliens ont servi au monde entier avec leur mobilisation massive du 14 janvier dernier pour soutenir fermement leurs dirigeants actuels.Mais passons et intéressons nous à la philosophie qui sous-tend toute la politique de l’équipe malienne actuelle.
Elle se révèle beaucoup plus sur le plan diplomatique, où le langage des autorités de ce pays est clair, nous tenons à notre souveraineté, même dans notre supposée pauvreté, nous voulons nous assumer par nous-mêmes et opérer les choix politiques qui nous conviennent le mieux. Voilà tout.
Bien sûr, on peut objectivement se dire que tout n’est pas au point, mais j’ai juste envie de lancer un défi direct à ceux qui les traitent de propagandistes, de nous donner la preuve d’une gestion meilleure ailleurs dans l’espace francophone d’Afrique. Il est peut-être opportun de rappeler que malgré l’embargo de six mois, le Mali a continué à assurer plus ou moins convenablement ses charges régaliennes, notamment le payement des salaires revalorisés des fonctionnaires tout comme le financement des différents chantiers et même la lutte contre le terrorisme qui coûte naturellement de gros sous.
Que l’on prête à cette équipe, des intentions de vouloir conserver le pouvoir par des astuces malhabiles, me parait non seulement précoce, mais surtout aussi injuste, dès lors qu’elle a établi clairement un chronogramme et commencé avec rigueur, à poser des actes allant dans le sens de l’assainissement du champ politique malien.
Qu’il leur soit dit qu’ils peuvent mieux faire, on peut le comprendre, mais qu’ils sont de mauvaise foi, alors que beaucoup de régimes dans la même sous-région pataugent dans la médiocrité, le jonglage et l’à peu près, est de toute évidence, malhonnête comme jugement.
Luc Abaki