Au cours d’un enseignement la semaine passée, l’archevêque métropolitain de la ville de Lomé , Mgr Nicodème Barrigah Bénissant, s’appuyant sur la parole du prophète Osée a projeté la lumière sur les réalités qui freinent le développement du continent noir. Passant par les dirigeants africains pilleurs du peuple, aux hommes de Dieu vendeurs d’illusions et enfin aux paresseux citoyens africains habitués à la dilapidation, le prélat n’a pas mâché les mots.
De manière particulière je veux inviter les responsables religieux à une conversion de leur vie et de leur ministère. Par la bouche du prophète, le Seigneur déclare Osée 4:6
[6]Mon peuple périt faute de connaissance ; parce que tu as rejeté la connaissance, je te rejeterai de mon sacerdoce. Puisque tu as oublié l’enseignement de ton Dieu ; à mon tour, j’oublierai tes fils”.
Si l’Afrique va mal c’est notamment parce que certains de ces guides ont travesti leur mission et transformé leur vocation en une recherche de gain facile. Ne vendons pas d’illusions aux populations qui viennent vers nous, soyons plutôt honnêtes et courageux dans l’accomplissement des charges reçues de Dieu.
De plus en plus nous tombons dans ce travers, de faire croire à nos fidèles qu’il suffit de prier pour que tout soit résolu dans leur vie, mais qui a dit cela ? Qui a dit qu’il suffit de prier pour que sans aucun effort tout soit résolu dans la vie de l’homme ?
Ne soyons pas des marchands d’illusion, je le répète ne soyons vendeurs d’illusions. Notre peuple est entrain de se dépersonnaliser, nos églises sont remplies de gens qui crient à longueur de journée mais qui ont démissionné de leurs responsabilités, Dieu ne viendra pas changer notre société à notre place. Nos peuples croupissent en la misère, et nous disons que “Prions que le Seigneur nous délivre de cela” mais la délivrance nous viendra d’où ?
Nous avons une forme de prière qui dépersonnalise les gens, dites à ceux qui viennent à vous, qu’il n’y a pas de prière miracle qui va résoudre les problèmes à leurs places, Dieu nous donnera des opportunités, il nous appartient de les saisir pour transformer la réalité , on ne veut plus rien faire et on demande à Dieu de venir tout faire à notre place. Qui sont ceux qui enseignent cette forme de prière ? c’est nous. Non ne faisons pas de notre peuple, un peuple de paresseux, il arrive parfois qu’on se retrouve devant des situations qui ont besoin simplement de peu de volonté, mais on se contente de prier et on s’en va que comme si on a tout fait. N’enfermez pas vos fidèles dans des prières refuges, ouvrez les portes pour qu’avec la grâce de Dieu, ils puissent agir.
Pourquoi Jésus ne s’est-il pas enfermé ? Pourquoi n’est-il pas resté sur la montagne toute la nuit et toute la journée a prié pour que Dieu convertisse les gens ? Pourquoi est-il sorti pour prêcher la bonne nouvelle ? Pourquoi a-t-il guéri, lui-même, si l’unique solution était de se mettre à prier pour que tout soit résolu, la prière ne remplace notre responsabilité, elle la renforce, pour que puisant en Dieu notre énergie, notre lumière et nos convictions nous puissions agir sur la réalité, retenez bien cela.
Pourquoi l’ Africain en est-il là aujourd’hui ?
Le citoyen africain est comme un assisté économique, qui est habitué à la dilapidation. Y avez-vous parfois pensé que les pays pauvres sont les plus enclins aux gaspillages ?
René Dumont déclarait dans son ouvrage l’Afrique noire est mal partie, pg 77, “Pour trop d’élites africaines, l’indépendance a consisté à prendre la place des blancs, pour jouir des avantages souvent exhorbitants jusque la concéder aux coloniaux. Aux sols élevés s’ajoutaient parfois des belles villas toutes meublées sinon les palais pour gouverneur, la nombreuse domesticité payée sur le budget, les autos avec chauffeur. La brusque accession au pouvoir sans contrôle a troublé certains esprits, corrodé le sens moral”.
Les réalités ont-elles vraiment changé depuis lors ? L’étalage effréné de luxe, les gabegies qui frisent le scandale, les distributions d’argent aux diseurs de boniment ont atteint dans certains pays des niveaux alarmants. Est-ce vraiment ainsi que nous allons construire l’avenir de notre continent ?
Regardez les biens que certains dirigeants africains ont amassé dans des banques étrangères, ils sont suffisants pour tirer leurs peuples de la misère les fortunes gaspillés pour des inutilités, je veux faire la fête en tout moment mais faut que ce soit l’autre qui me donne l’argent pour faire la fête.Nous n’allons pas nous tuer nous-même pour enterrer ceux qui nous ont quitté.On s’endette et on a de la peine parfois à pouvoir trouver de quoi à rembourser pour faire un enterrement. Qui t’oblige à le faire ? la société ?ta réputation ? Est-ce que ça vaut vraiment la peine de faire la fête alors que nous nous plaisons à être des assistés ?
Les citoyens africains sont des frères et sœurs qui se battent au lieu de combattre leurs ennemis.
Nous nous trompons souvent de combat, nous sommes des frères appelées à lutter ensemble pour le relèvement de notre continent. Mais que faisons nous ? toujours des luttes intestines, toujours guerres fratricides. Quand comprendrons-nous finalement que celui là qui nous donne une arme, ne veut pas notre bien ?, Quand comprendrons-nous finalement que celui là qui court à notre chevet est peut-être celui qui a comploté ? Quand comprendrons-nous finalement que la vraie richesse d’un continent, d’un pays, ce sont ces filles et fils. Arrêtons de nous battre au lieu de combattre ensemble
Afrique est le continent du soleil, de la lumière, et pourtant nous continuons de vivre dans des ténèbres.
L’une des préoccupations les plus fortes des filles et fils de ce continent est sans aucun doute la lutte contre les forces des ténèbres. En Afrique les esprits sont continuellement hantés par la peur des sorciers, des maléfices, des sorts, des envoûtements. Nombreux sont ceux qui se livrent à ces pratiques et plus nombreux encore, sont ceux qui se déclarent victimes de ces pratiques.
Tant de nos frères et sœurs craignent d’aller au village ou de réaliser des œuvres pour ne pas être éliminés par envie. La vie est constamment dominée par la peur des autres que l’on redoute, même au sein de sa propre famille. Mais quel développement voulons-nous atteindre en vivant dans la phobie des autres, en vivant dans la phobie du monde des ténèbres.
L’exploitation du sacré fait couler beaucoup d’encres, de fait que sur le sol africain, la foi semble être devenu un banal produit de consommation fabriquée sur mesure pour les foules friantes de nouveautés et en quête de miracles. Chaque jour qui passe, enregistre sa nouvelle religion et son nouveau pasteur, les maisons sont transformées en temples ou en sanctuaires, des mégaphones accrochés aux hangars ou installés sur les toits déversent à longueur de journée ou de nuit des prédications qui attirent les uns et irritent les autres. Que les fils et filles de ce continent se tournent vers Dieu, est sans doute un fait positif dont il convient de rendre grâce mais aujourd’hui en Afrique la religion pose problème parce qu’elle s’est transformée en une aliénation qui enchaîne au lieu de Libérer.
Severin A.
Source: Télégramme228
Heureusement que Camus Ali nous ouvre les yeux sur ce Prélat!