La vie chère et son cortège d’inflations tous azimuts qui corsent la vie aux citoyens, ce sont tous les pays en développement qui le vivent. Du Bénin à la Côte d’Ivoire en passant par le Sénégal, Patrice Talon, Alassane Ouattara et Macky Sall, soucieux du bien-être de leurs concitoyens, prennent de vraies mesures sociales en leur faveur. Mais au Togo, Faure Gnassingbé se contente des artifices, des écrans de fumée.
C’est un phénomène de vieille date connu par tous les pays, mais avec plus d’acuité dans les pays en développement d’Afrique. Le fléau est corsé par les effets collatéraux de la crise sanitaire à coronavirus, de la guerre en Ukraine dont la flambée des prix des produits pétroliers, des denrées alimentaires et autres. Mais en Afrique de l’ouest, certains gouvernants essaient d’alléger la souffrance à leurs gouvernés en prenant des mesures d’impact.
Ouattara gâte les Ivoiriens
Dans le cadre de la célébration du 62e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire le dimanche 7 août dernier, Alassane Ouattara a pris et annoncé, dans son discours de la veille, une batterie de mesures. Au-delà de la grâce présidentielle accordée à Laurent Gbagbo, du paiement de toutes ses indemnités et de la libération sous condition de certains officiers proches de lui, il a également pris plusieurs mesures sociales que tout gouverné attendrait de son dirigeant dans un pays normal (Sic).
Extension des indemnités de logement à tous les fonctionnaires dès ce mois d’août, hausse de cette indemnité de logement de 20 000 F, revalorisation de la prime mensuelle et de l’allocation familiale de 2500 F à 7500 F par mois et par enfant pour tous les fonctionnaires à partir octroi d’une prime exceptionnelle de fin d’année équivalent à un tiers du salaire au début du mois de janvier pour tous les fonctionnaires, augmentation de l’allocation familiale de 5000 F par mois et par enfant pour les retraités, de même que de leurs pensions, augmentation imminente du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), nouveau statut de la fonction publique dans les semaines à venir. Voilà les grandes mesures. Evidemment, c’est la joie dans le rang des travailleurs et de toute la population. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, ADO aura soulagé bien de ses concitoyens avec cette batterie de mesures. Et dans la sous-région, il n’est que le dernier dirigeant de la série à s’illustrer de la sorte. Avant lui, récemment, c’est le Président sénégalais Macky Sall qui a soulagé ses compatriotes en prenant des mesures d’ampleur parmi lesquelles des allocations financières pour plus de 500 000 ménages démunis. 121 euros, 80 000 FCFA, c’est le montant octroyé à chaque ménage.
« Pour apporter des solutions à la conjoncture défavorable, j’ai décidé du soutien à la résilience de 542 956 ménages pour recevoir de la part de l’Etat un cash transfert financier exceptionnel d’un montant de 43,4 milliards de francs CFA [66 millions d’euros] », avait déclaré Macky Sall lors d’une cérémonie au Grand Théâtre de Dakar, et d’ajouter : «L’objectif visé est de donner 80 000 francs CFA [121 euros] par ménage et d’améliorer leur niveau de consommation et l’éducation de leurs enfants».
Au Bénin, Patrice Talon n’est pas resté indifférent au sort de ses compatriotes. La mesure la plus retentissante prise en avril dernier, à côté de l’augmentation imminente des salaires, c’est la hausse du SMIG de 30 %, soit de 40 000 F à 52 000 F. Une mesure non-négligeable lorsqu’on sait que la structure de la population active du Bénin et des pays en développement de façon générale est dominée par le secteur privé et informel. C’est dire qu’elle touche une très large proportion de la population.
Faure dans les écrans de fumée
Des mesures sociales (sic) soi-disant pour atténuer les effets de la crise économique liée à la crise sanitaire, de la hausse des prix des produits pétroliers à la pompe, de la vie chère, il y en a aussi eu au Togo. Mais elles se révèlent plus des écrans de fumée. Ajustement des frais de péages avec diminution de quelques miettes, reconduction de la suspension du paiement des tickets de marché, plafonnement de certains produits, ce sont certaines des dernières dispositions claironnées. Mais pour quel impact sur la vie chère et au profit de quelle proportion de citoyens ?
Parlant de transferts monétaires dans le cas sénégalais, certains suppôts du « Prince » nous opposeraient certainement le fameux programme Novissi initié en mars 2020 au début de la crise sanitaire à coronavirus. Soit. Mais la comparaison ne tient pas. Au Togo, faut-il le rappeler, le montant octroyé était dérisoire et à la limite de l’insulte : 5250 F mensuels aux hommes et 6125 F aux femmes. Ridicule par rapport au montant que Macky Sall a décidé d’octroyer aux ménages pauvres dans son pays : 80 000 F. Et, le plus cocasse au Togo, l’action a été récupérée politiquement et le pouvoir est allé jusqu’à parler d’inclusion financière avec ces miettes.
Les véritables mesures devant soulager les populations et prises par des dirigeants ailleurs se font désirer ici. Alors que la vie devient de plus en plus dure, les salaires des fonctionnaires togolais sont (presque) statiques depuis des années. De même que les pensions des retraités, les allocations familiales dérisoires – autour de 2000 F par enfant. Ici au Togo avec Faure Gnassingbé, les populations ne sauraient aspirer aux dispositions prises par Alassane Ouattara. Les quelques mesurettes visent simplement à gruger les esprits faibles, donner l’impression que l’on fait quelque chose, si ce ne sont pas des mesures antisociales carrément comme la hausse des prix des produits pétroliers, des péages qui corsent davantage la vie aux populations.
« Au lieu de prendre de véritables mesures susceptibles de soulager la souffrance des populations confrontées à la misère, le gouvernement prend plutôt des décisions économiques qui menacent dangereusement la survie de la majorité de nos concitoyens. Il s’agit, entre autres, de la double hausse du prix du carburant en l’espace de quelques mois, de l’augmentation excessive des tarifs de péage avec des répercussions négatives sur les frais de transports des produits de grande consommation », ont déploré en conférence de presse mercredi les Forces démocratiques pour la République (FDR), et de formuler des propositions pertinentes à même d’impacter positivement le vécu des populations.
Suspension provisoire des tarifs de péage ou leur réduction de moitié ; réduction conséquente de la Taxe sur les véhicules à moteur (TVM) ; relèvement de la subvention des produits pétroliers, ce qui entrainera la baisse du prix du carburant à la pompe ; baisse des taxes à l’importation sur les produits de premières nécessités ; relèvement du SMIG; augmentation des salaires des travailleurs de tous les secteurs ; réduction du train de vie de l’Etat ; lutte contre la corruption à travers des mesures concrètes. Ce sont les suggestions Me Dodji Apevon et les siens. Même si elles sont sensées, elles ont peu de chances de devenir réalité avec le Jeune Doyen.
Source: L’Alternative