Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Dr Amavi Gustave Kouevi est également le Directeur exécutif de l’Institut de formation et de recherche pour le développement durable (IFORDD). Dans cette interview, l’universitaire fait le bilan des dix ans de son école, donne des détails sur la campagne « étudier à zéro franc », entre autres.
Quel bilan dressez-vous dix ans après la création de l’Institut de formation et de recherche pour le développement durable ?
Merci beaucoup pour l’intérêt que vous accordez à l’IFORDD. Il vient de boucler effectivement dix années d’existence. Ce sont dix années de combats pour implanter l’IFORDD, le faire connaître, faire en sorte qu’il existe.
Aux termes de tous ces combats, je voudrais dire que nous sommes fiers, non seulement d’avoir réussi à maintenir l’IFORDD dans le concert des Universités privées d’enseignement au Togo mais également de l’avoir fait connaître. De plus les effectifs sont en constance augmentation.
Cela fait plusieurs sources de fierté pour nous. En plus de cela, la marque de l’IFORDD, ses spécificités sont connues. Nous proposons des formations diplômantes et professionnalisantes. Nous avons des filières de formation que l’on ne trouve pas ailleurs dans le pays. C’est notre première marque de fabrique. La deuxième, tout ce que nous mettons en place à l’IFORDD c’est que l’étudiant vient apprendre, vient chercher un diplôme mais surtout il vient s’instruire.
Pour nous, la priorité n’est pas de donner des diplômes mais de former des esprits, des architectes de demain, capables de penser et d’appréhender les enjeux et de relever les défis. Donc voilà tout ce que l’Institut de formation et de recherche pour le développement durable est parvenu à asseoir et à faire connaître en une décennie.
Vous avez lancé la campagne la première année de Licence à zéro franc. C’est quoi exactement ?
La formation zéro franc de première année de Licence vient après des réflexions que nous avons eues depuis le mois d’avril dernier. Tout le monde souvient que pendant, pratiquement, deux années, nous avions été tenus en haleine par la pandémie liée à la Covid-19. Elle a fait des dégâts, freiné le développement des Etats, impactant les familles. Les travailleurs ont perdu leurs emplois. Il y a eu pas de mal de problèmes.
Cette pandémie n’a pas aidé les familles à réaliser leurs projets. Elles se sont retrouvées dans une situation de difficulté financière. Au moment où cette pandémie semble s’estomper, c’est un autre élément de rang mondial qui surgit : l’invasion de l’Ukraine par la Russie dont les conséquences sont planétaires. La vie chère s’installe, complique la situation déjà précaire pour beaucoup de parents.
On peut se demander en quoi cela regarde l’IFORDD. Notre école est concernée parce qu’elle est là pour former les étudiants qui sont soutenus pas les familles. Or celles-ci sont en difficulté financière. Consciente de la situation, l’IFORDD tente d’accompagner les parents, de les aider en leur proposant une première année de Licence gratuite aux bacheliers de 2020, 2021, 2022.
Notre crédo: ce n’est pas parce que nous traversons une période de vie chère, où tout devient cher que les étudiants doivent rester sur le carreau. La pauvreté ne doit pas rimer avec l’impossibilité de faire les études supérieures. Raison pour laquelle nous lançons cette œuvre humanitaire en ouvrant nos portes aux étudiants de toutes séries à venir voir les formations que nous proposons. Ils verront qu’elles sont de qualité.
L’IFORDD offre une première année 100% bourse, 50% en deuxième année et 25% en troisième année. Cela veut dire que c’est tout le cycle qui est ouvert pour accompagner les parents durant les trois ans.
Il nous faut, malgré tout, former les jeunes, parce que l’avenir du pays en dépend. C’est une politique nous avons lancée pour accompagner les jeunes, les parents et le pays.
Est-ce qu’il y a des garde-fous parce que certains pourraient s’inscrire en première année et à l’issue de l’année quitter l’IFORDD pour une autre école ?
Nous avons pensé à tous les concours. Votre question est tout à fait pertinente parce qu’il y a des esprits malins pour ne pas dire malhonnêtes qui pourraient se dire je vais bénéficier d’une première année gratuite et parti ailleurs. Le bon sens voudrait que les gens ne pensent pas comme cela.
En réalité, nous avons pris quelques mesures. Nous allons demander aux parents de s’engager, ils vont signer auprès de l’école un engagement obligeant leurs enfants à passer les trois années à l’IFORDD afin d’obtenir la Licence. Les enfants aussi à signer un engagement dans ce sens. C’est tout le cycle qui est concerné et non une seule et première année. Nous invitons tous ceux qui sont intéressés à se rapprocher de nous pour davantage d’informations.
On peut avoir une idée sur le nombre d’étudiants visés par cette opération ?
Nous nous sommes préparés à accueillir le plus grand nombre possible. Nous sommes prêts à accueillir des centaines. D’abord nous avons actuellement quelques centaines, nous avons une capacité pour toute demande, jusqu’à six cent en première année.
Si le cadre de l’IFORDD sis à Novissi ne suffit pas, nous avons une annexe à Avépozo, dans la commune Golfe 6, où nous pouvons envoyer les autres. C’est dire que nous avons les moyens de notre politique.