Hahotoé, localité minière de la préfecture de Vo n’a pas encore intronisé son chef canton désigné le 22 juillet 2021 par le conseil coutumier. Le processus de désignation est contesté par une famille dont le candidat à la chefferie traditionnelle a été vaincu lors des votes de désignation par le conseil coutumier.
Les faits
En juillet 2017, le décès de Togbui Kpokanu Kuaku Dogotsè Adralan V a été porté à la connaissance de la population et des cadres de la localité. Le chef canton était décédé depuis janvier de la même année, mais tradition oblige, l’annonce n’a été faite que plusieurs mois après.
« Nous venons par la présente note porter à votre connaissance avec regret et trist esse, la disparition de Togbui Kpokanu Kuaku Dogotse Adralan V, Chef canton de Hahotoé. En effet, Togbui Kpokanu Kuaku Dogotse Adralan V a souffert d‘une maladie grave depuis plus de 3 ans qui finalement a eu raison de lui le 04 janvier 2017. Comme il est de coutume, la famille Adralan-Kponkanou a dû respecter les exigences de la loi du silence qui, en pareille circonstance et, conformément à la tradition du peuple Ewé, impose que le décès d’un chef ne soit annoncé que bien des mois plus tard, voire des années », écrit dans une note le chef de la famille du défunt.
« Nous voudrions également vous rassurer que les procédures de choix du régent devant conduire les affaires du canton de Hahotoé jusqu’à l’intronisation du nouveau chef canton, respecteront les exigences de la loi n°2007-002 du 8 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels du Togo, en sa section IV et ses articles 17, 18, et 19 et son décret n° 2016-028/PR du 11 mars 2016 portant modalités d’application », poursuit le sage. Les articles cités plus haut sont relatifs à l’ouverture de la régence qui ne doit pas durer plus de deux ans et « en aucun cas, précise l’article 19, le régent ne peut succéder au chef défunt dont il a assuré la régence ».
Que disent les textes à propos de la succession au trône ? Selon les articles 10, 11 et 12 relatifs à la procédure de désignation, il y a deux moyens de le faire. Par voie de succession héréditaire ou par voie de consultation populaire. Ensuite, l’article 11 dit : « La désignation du chef traditionnel par voie de succession héréditaire est dévolue au conseil coutumier. En cas de désaccord entre les membres du conseil sur le choix du postulant, le conseil coutumier recourt entre les candidats réunissant les conditions exigées par la coutume et la présente loi à une séance de tirage au sort en présence d’un représentant de l’administration territoriale». Dans le cas du canton de Hahotoé, un conseil coutumier a été mis en place, selon une procédure suivie de bout en bout par les représentants de l’administration territoriale. Si un conseil coutumier a été mis en place, c’est pour respecter la loi du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels au Togo. Il faut noter que ce Conseil coutumier n’a fait l’objet d’aucune contestation. Mais bien avant la mise en place du conseil coutumier, les fils et filles de la localité ont eu recours à des cadres qui les ont entretenus sur la loi relative à la chefferie traditionnelle au Togo. Des informations, il ressort que ces séances de travail ont duré trois mois, de février à avril 2018. Ce n’est qu’à la suite de ces travaux d’explication que les différentes familles qui ont eu à régner ont déposé leur candidature auprès du conseil coutumier, conformément à l’article 15 du décret portant modalités d’application de la loi du 08 janvier 2007.
Le 22 avril 2021 avait été retenue comme date de la tenue de la séance de désignation du nouveau garant des us et coutumes. Cette séance n’a pu avoir lieu du fait de l’agenda des différents acteurs. Ce n’est qu’en juillet 2021 que le nouvel occupant du trône a été désigné par le conseil coutumier. Il faut rappeler que ce conseil est présidé par le doyen d’âge issu de la famille royale sortante.
Depuis cette désignation, les procédures d’intronisation et de reconnaissance officielle de Togbui Francis Koffi Emmanuel Kpévon suivent leur cours normal. Seulement, la famille royale sortante restée dans le processus jusqu’à la désignation du nouveau chef tente de jouer au trouble-fête. En attendant que les tractations finissent – le chef désigné ne voulant pas régner dans la division – un représentant du chef canton et son adjoint ont été désignés pour assurer la gestion des affaires courantes jusqu’à la reconnaissance officielle du nouveau chef canton, tel que précisé par une note du préfet de Vo, Lèguèdè Kokou, en date du 18 octobre 2021.
Mais ce qui inquiète depuis quelques jours les populations du canton de Hahotoé et qui risque de compromettre les efforts des uns et des autres à vivre en harmonie, c’est l’intervention, dans ce dossier, de la franc-maçonnerie. Selon des sources, un haut gradé de la Grande loge nationale togolaise (GLNT), président du conseil d’administration d’une société minière, aurait rencontré le ministre de l’Administration territoriale accompagné de la famille de l’un des candidats qui n’a pas été désigné par le conseil coutumier.
Selon les mêmes sources, le ministre aurait demandé à cette délégation de lui adresser une lettre de contestation. Seul le décret de reconnaissance de Togbui Francis Koffi Kpévon mettra fin à cette situation qui embarrasse les populations de Hahotoé et qui freine aussi le développement du canton.
Source : Liberté