Le système financier doit être au service de l’épanouissement de l’homme. L’inverse est une pure folie de la société humaine. La promotion de l’inclusion financière au Togo, consistant à permettre l’accès aux services financiers au plus grand nombre y compris les couches les plus défavorisées, affiche de brillants chiffres pouvant s’interpréter en un succès entier du projet. Pourtant l’analyse du contexte socioéconomique peut amener à émettre de sérieuses réserves.
En matière d’inclusion financière, le Togo tient un rang enviable au sein de l’Union Economique Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Au premier trimestre de cette année 2022, seuls deux Etats, la Côte d’ivoire et le Burkina Faso font mieux que le Togo quant à la progression de dépôts collectés. De même l’encours des crédits dans le secteur de la microfinance connait une croissance significative. Somme toute, il faut admettre que cette vitalité financière est due aux activités des microfinances qui sont de plus en plus nombreuses. Certains secteurs ont désormais accès à des microcrédits leur permettant de maintenir un rythme constant de leurs activités. A titre d’exemples, des groupements agricoles et des associations de commerçantes peuvent obtenir un peu plus facilement des facilités financières.
Toutefois, en marge des performances que traduisent ces chiffres, il faut aussi interroger l’efficacité du système financier actuel sur le développement global de la société togolaise. En l’occurrence lorsque l’inclusion financière est organisée de telle sorte à rendre constamment dépendants les opérateurs économiques ou les artisans des microcrédits, alors le système ne peut permettre cette éclosion financière, source d’un développement intégral. La progression des dépôts collectés en rapport avec l’encours des crédits annoncé montre que les institutions financières rechignent encore à joueur leur véritable rôle de financement des entrepreneurs. Dans les faits, les banques africaines n’ont toujours pas compris qu’il est nécessaire pour elles de se réinventer en prenant en considération les réalités locales. Les structures de microfinances et de mésofinances font beaucoup plus dans la collecte de dépôts que dans l’octroi de véritables crédits. L’ensemble s’apparente à un cercle vicieux où les acteurs sont en mouvement mais tournent en rond. Au final, les réalités financières des opérateurs économiques du Togo contrastent énormément avec les statistiques annoncées à grande pompe par les gouvernants.
Barth K.