Afrique de l’Ouest – Quelle différence fait la CEDEAO du Mali, de la Guinée et du Burkina-Faso ?

Ces trois Etats de l’Afrique de l’Ouest sont actuellement dirigés par des militaires ayant arraché le pouvoir par des coups d’Etats. Le Mali et le Burkina-Faso ont d’ailleurs connu deux coups d’Etats successifs. Pourtant l’approche de la CEDEAO à l’égard de ce trio sur leur situation politique commune n’est pas la même. Cette curieuse attitude de l’institution suscite des interrogations.

Les coups d’Etats militaires sont condamnables à tout point de vue car ils sont une distorsion de l’expression de la volonté du peuple exprimée à travers des élections transparentes. Ainsi quelles que soient les motivations, le renversement de gouvernements issus d’élections ne peut être admis par la CEDEAO. Il est d’ailleurs constant que cette institution exprime clairement sa désapprobation appuyée de sanctions, dès que de tels phénomènes se produisent dans un Etat membre.

Cependant, les derniers évènements qui se déroulent au Burkina-Faso, en Guinée et au Mali marqués par des coups d’Etats répétitifs mettent en doute la compétence de la CEDEAO à traiter ces dossiers sur un pied d’égalité. Le premier à ouvrir le bal de ce qu’il convient désormais d’appeler les « championnats d’Afrique de coups d’Etats », c’est-à-dire le Mali, a sévèrement subi le courroux de l’institution communautaire qui a immédiatement prononcé de graves sanctions allant même jusqu’à la fermeture de toutes les frontières contre le pays. A l’époque, de nombreux étrangers sur le sol malien avaient été pris au piège sans pouvoir regagner leur propre pays et inversement. Les maliens ont dû tenir le coup jusqu’à ce que la CEDEAO se décident à alléger les sanctions. Le cas de la Guinée avec le colonel Doumbouya a été traité avec moins de rigueur mais l’épée de Damoclès de la CEDEAO n’est pas très éloignée. En Janvier 2022, ce fut alors le tour du président Christian Roch Kaboré de se voir évincer du pouvoir par un putsch militaire conduit par le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. De façon surprenante, la réaction de la CEDEAO n’a pas été aussi rigoureuse qu’envers le Mali. Et quelques semaines suivant ce putsch, le régime militaire de Paul-Henri Sandaogo Damiba et la CEDEAO se sont accordés sur un programme de retour à l’ordre constitutionnel.

Le processus étant en marche quand patatras, le Capitaine Ibrahim Traoré renverse Damiba par un nouveau coup d’Etat. Et on apprend que la délégation de la CEDEAO dépêchée au Faso suite à ce deuxième coup d’Etat vient de repartir du pays avec satisfaction. En d’autres termes, aucune sanction à l’horizon pour le Burkina-Faso sur des faits identiques qui ont valu des condamnations pour le Mali. Il est donc logique de se demander la différence que fait la CEDEAO dans ces trois dossiers. Est-ce la durée de la transition proposée par ces nouveaux régimes militaires qui enlève le caractère anormal de cette « manière de prendre le pouvoir » ? Puisqu’à l’observation, c’est l’élément déterminant les « va et vient » de la CEDEAO. L’objectivité dont doivent faire montre les Chefs d’Etats de la CEDEAO souffre de stabilité. Cette flagrante partialité de l’institution peut laisser croire à une « main invisible » qui en réalité met en mouvement ses sanctions et ses tolérances.

Barth K.

2 thoughts on “Afrique de l’Ouest – Quelle différence fait la CEDEAO du Mali, de la Guinée et du Burkina-Faso ?

  1. Les coups d’Etats devraient etre inscrits dans les constitutions pour aider les gens a bien diriger leurs pays,sinon…..

    1. Tout à fait ! Ce n’est pas parce que l’on est élu, que l’on a le droit de faire tout du destin du peuple. Ce qui manque au Togo, c’est justement UN BON COUP D’État équivalent à un coup de balai.
      J’ai dit.

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