« Nul besoin d’être loué quand on est sûr de soi. Qui recherche la louange doute de sa propre valeur » (Gustave Le Bon)
Les députés de la 6ème législature se sont retrouvés mardi à Kara pour l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale. Une session placée sous le sceau « d’une plus grande assise démocratique ».
Justement, pilier de la démocratie, le parlement a un rôle essentiel à jouer pour contribuer à résoudre les problèmes urgent auxquels les populations qui les ont mandatés, sont confrontées dans leur vie quotidienne. Dans le cadre de la séparation traditionnelle des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), le parlement, en sa qualité d’organe librement élu, occupe une place centrale. Il est l’institution incarnant la volonté du peuple, celle qui réalise dans la pratique le gouvernement du peuple par le peuple. Mandaté par le peuple, il représente celui-ci vis-à-vis des autres pouvoirs. De ce fait, les députés sont appelés à s’acquitter efficacement des fonctions qui sont les leurs dans le respect de la séparation des pouvoirs.
Mais au Togo, le parlement a délaissé sa fonction première pour se spécialiser dans les louanges du pouvoir exécutif. Le parlement est devenu une chambre d’enregistrement, un organe de propagande du régime. Les Togolais ont de nouveau constaté cet état de fait mardi à Kara.
Comme toujours, c’est la présidente de l’Assemblée nationale -qui pourtant joue rôle essentiel dans la vie politique de notre pays- qui embouche la trompette pour abreuver les Togolais de propagande. Une grande partie de son discours a été une litanie de louanges.
« Je salue ici la densité de la politique de recherche et de maintien de la paix de Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé à travers le monde et particulièrement dans notre sous-région. Sa philosophie et son pragmatisme ont permis ces derniers temps la libération des 3 femmes des 49 soldats ivoiriens détenus au Mali », a chanté dame Yawa Djigbodi Tségan.
La présidente de l’Assemblée nationale se réjouit de la libération des soldats ivoiriens, mais n’a par contre dit un seul mot en faveur des enseignants togolais embastillés, encore moins à l’endroit des élèves qui subissent les rigueurs de la vie carcérale depuis des mois. Elle a aussi feint d’oublier la centaine de ses compatriotes hommes et femmes qui croupissent en prison pour avoir simplement usé de leur droit de liberté d’opinion.
« La représentation nationale réaffirme par ma voix toute son admiration au Président de la République, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé pour son engagement constant dans la mobilisation des moyens et des ressources nécessaires à la lutte contre les menaces sécuritaires, à la stabilité du cadre macro-économique, à la maitrise de l’inflation, ainsi que toutes les mesures incitatives prises pour endiguer la cherté de la vie. Tous ces résultats probants et tangibles engrangés nous engagent à plus de disponibilité et de participation à l’effort de construction nationale conformément à la vision du président de la République », a encore louangé Mme Tségan.
« A titre de la présente législature, la délocalisation pour la deuxième fois de notre rentrée parlementaire à Kara…dénote de la volonté permanente du Président de la République de maintenir une grande proximité entre les pouvoirs publics et chacune de nos régions ».
Pour finir, Mme Tségan Yawa laisse entendre que le Togo a réalisé des progrès et exhorte à « avoir le courage de parler de ce que nous savons, de nous tenir ferme pour la vérité et d’admettre que notre pays avance ». Les Togolais devraient s’estimer heureux parce que tout va bien dans le pays.
Médard AMETEPE
Source : Liberté