Jamais, l’avenir de la démocratie dans ce pays n’a été autant tributaire de l’économie. Mais une économie posée sur un socle inébranlable.
vec la suspension du paiement d’une partie de sa dette extérieure, le Ghana semble amorcer une préoccupante descente aux enfers : 40% d’inflation, une dette extérieure frôlant 80% du produit intérieur brut, une monnaie en chute libre… Qu’est-il donc advenu à ce Ghana que vous nous avez tant de fois vanté, ici, comme un modèle irréversible de réussite économique et démocratique ?
Certains trouveraient bien commode, à Accra, de s’abriter derrière les contrecoups de la guerre en Ukraine. Mais, le Ghana n’est pas plus affecté que d’autres États africains. Et depuis son accession à la magistrature suprême, il y a six ans, le président Akufo-Addo s’est construit, en Afrique et dans la diaspora, une image de leader d’envergure, capable d’audace, de franchise, et ses propos ont souvent impressionné. C’est donc, pour lui, le moment de mériter cette gloire acquise auprès des Africains par le verbe, en admettant comme un échec personnel ces contreperformances économiques. Ce serait tellement plus simple que de se raccrocher à un conflit lointain, fût-il avec un fumet de guerre mondiale.
En juillet 2017, le président Akufo-Addo, aux affaires depuis tout juste six mois, congédiait, avec une surprenante assurance, le FMI. Il estimait alors avoir déjà donné à l’économie nationale l’impulsion nécessaire pour se passer des concours extérieurs. Le voir, aujourd’hui, négocier avec le même FMI, des mesures de restructuration dans un programme de 3 malheureux milliards de dollars, pourraient amener ses concitoyens à s’interroger sur la consistance de sa posture d’alors.
Des pays développés sont aussi embourbés, parfois, dans de graves crises économiques. Pourquoi serait-ce plus désastreux pour le Ghana ?
Parce que le Ghana était parti pour franchir le mur du son. Admiré, respecté. John Dramani Mahama, le prédécesseur d’Akufo-Addo, avait échoué à se faire réélire pour un second mandat parce que sous sa magistrature, le cedi, la monnaie nationale, avait perdu 30% de sa valeur ! Rien que ces douze derniers mois, le cedi a chuté de plus de 50%. Un tel échec peut être troublant de la part d’un président dont les discours sont d’une si plaisante lucidité. Mais, les discours, si brillants soient-ils, ne suffisent pas pour gouverner un peuple. C’est, d’ailleurs, pour en avoir été trop souvent abreuvés que les Africains exigent désormais de leurs dirigeants, des actes en adéquation avec leurs envolées lyriques.
Le Ghana dont a hérité Nana Akufo-Addo avait réalisé des prouesses démocratiques et économiques qui, pour devenir irréversibles, impliquaient sérieux, rigueur, efforts de consolidation, et d’autres espérances, toutes déçues.
Les fondations du Ghana demeurent tout de même saines, pour rebâtir…
Avant de tomber dans la déchéance qui inspira naguère à leurs voisins ivoiriens la fameuse expression : « tomber comme Ghana », la patrie du Dr Kwame Nkrumah avait été une nation prospère, rayonnante. Pour faire briller à nouveau l’étoile de la première nation indépendante d’Afrique noire, il a fallu un coup d’État sanglant, treize ans de sacrifice et le travail titanesque de Jerry J. Rawlings. Seule la tentation de s’endormir sur des lauriers encore maigres explique ces nuages qui n’en finissent pas de s’amonceler dans le ciel du Ghana. L’œuvre de construction nationale se transforme, hélas, en travail de Sisyphe, lorsque, à la première éclaircie, on se met à faire la fête, là où devrait s’imposer, sur des décennies, de la rigueur, et pour des générations, de la persévérance. L’irréversibilité a un coût, qu’il faut savoir assumer.
Pour avoir entendu citer, ici, le Ghana parmi les pays d’Afrique où un coup d’État serait sans objet, un auditeur averti et vigilant avait attiré notre attention sur la résurgence, dans ce pays, d’habitudes, attitudes et autres abus de la gravité de ceux qui débouchèrent sur le putsch de 1979.
Chronique de Jean-Baptiste Placca du 24 décembre 2022
Article plutôt bien tourné!Hélas, le compte n’y est pas! Ca manque d’engagement incisif qui indiquât le problème, ou du moins la problématique. Pourtant, l’auteur semble connaître le fond de la chose!
Laisse ce petit griot de RFI divaguer dans son coin : il joue les hypocrites !
Amicalement,
La dette est un poison, un cadeau empoisonné pour le développement des pays africains !!! Les prochains pays de la CEDEAO qui vont sérieusement en pâtir sont la Côte d’ivoire et le Togo, qui sont pourtant dirigés par des supposés ekemistes !!!
Ce n’est pas parce que la vache de Koffi a maigri, que l’on pourra la transporter dans un panier conçu pour la truie.