Ancien bras droit de Tikpi Atchadam, Ouro-Djikpa a pris sa liberté et ce n’est pas pour autant que l’homme a perdu la hargne de se battre pour l’avènement de l’alternance au Togo et son franc-parler. Au cours d’une conférence de presse organisée dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de l’assassinat du Père de l’Indépendance, l’homme est encore revenu sur les questions brûlantes. Lecture…
Pourquoi la lutte pour l’alternance n’aboutit pas au Togo ?
Ouro-Djikpa Tchatikpi : Dans une lutte comme la nôtre piétine quand ceux qui sont appelés à prendre le devant ne mettent pas les facteurs de réussite de leur côté ; par contre c’est des facteurs d’échec qui sont mis en exergue. Et quand les facteurs d’échec sont mis en exergue il y a de quoi déboucher sur ce que nous connaissons aujourd’hui : l’enlisement de la lutte. La lutte a besoin d’être sincère, elle a besoin d’être une lutte honnête, elle a besoin d’être une lutte menée par des gens volontaristes, elle a besoin d’être menée par des gens qui sont engagés. Au-delà de l’engagement, il faut de l’abnégation, au-delà de l’abnégation, il faut la persévérance. Tous ces éléments ne se retrouvent pas chez ceux qui sont supposés conduire la lutte. On n’arrive pas à déterminer ces éléments, ces facteurs de réussite, c’est pour cela que la lutte s’enlise.
Il y a encore beaucoup de chose, beaucoup de chose venant du pouvoir en place qui fait que l’opposition n’arrive pas à se retrouver ça c’est une chose. Si Faure Gnassingbé et me dit M. Ouro ne fait pas chemin avec l’honorable Habia parce que si vous êtes ensemble mon pouvoir ne peut pas aller loin, je dois faire en sorte que sa demande ne soit pas exaucée quelles que soient les valises qu’on dépose devant. Voilà, il y a une part du régime mais il y a aussi une part de l’opposition.
Pourquoi ça piétine pour qu’on soit ensemble ?
Parce que les leaders de l’opposition togolaise, ont chacun leur agenda. Les agendas ne sont pas conciliables. Il y a des gens qui pensent qu’il faut jouer avec l’eau avant d’aboutir d’autres pensent que ce n’est pas l’eau qu’il faut utiliser mais l’huile. Et lorsqu’on met l’eau et l‘huile ensemble vous imaginer ce que ça peut produire. Ça ne marche pas. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire en sorte pour trouver une formule qui va nous mettre ensemble. C’est ce que nous sommes en train de chercher. Il y a un bout de temps que nous travaillons souterrainement pour pouvoir être ensemble.
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Le bout du chemin qui a été fait et pour que ce bout de chemin soit poursuivi nous sommes en train de trouver le plus petit dénominateur commun pour mener une lutte ensemble.
Pourquoi ne pas faire une fusion ?
C’est de notre choix. On n’est pas obligé de faire la fusion. Même au niveau de la C14 on pouvait réussir cette lutte sans faire une fusion ; il faudrait que les leaders de l’opposition soient sur la même longueur d’onde. Si nous voulons faire une lutte nous sommes ensemble pour faire la lutte, si nous voulons faire une manifestation, nous sommes ensemble. On ne peut pas avoir certains qui vont au meeting d’autres n’en voulaient alors que nous sommes tous dans le même groupe, de la C14. C’est la cohésion du groupe qui a manqué. Si nous sommes conséquents, quelle que soit la manière que nous allons opter, l’option que nous allons opter, c’est la libération du Togo qui est importante.
Pourquoi les assises nationales et qui va les convoquer ?
Les assises nationales, c’est un processus qui nous permettra de faire l’état des lieux de notre pays et ce dans tous les domaines. A un moment donné, il faut arrêter la machine faire la vidange. Au niveau des assises nationales, on aura cette opportunité.
Elles nous permettront d’identifier les problèmes majeurs, et orienter les approches de solution, élaborer un cahier de charge de la transition à mettre en place après l’avoir limité dans le temps et en dernier lieu mettre en place les institutions de la transition.
Parlant de la transition, elle-même, il sera question de marquer une rupture avec le système colonial et néocolonial, de restaurer la primauté ancestrale-communautaire, la refondation nationale, convenir d’un nouveau contrat social, réconcilier le peuple avec lui-même, et restaurer l’entière souveraineté du peuple. Voilà ce qui tourne autour de l’organisation des assises nationales.
Qui doit les convoquer ? Si c’était moi, je l’aurai déjà fait. Si c’est les Acteurs de vie socio-politique se sera déjà exécuté. Mais c’est une question d’opposition-UNIR, organisée, structurée, agissante, obligeante d’abord et avant tout le régime à lâcher du lest. Voilà la condition sine qua none. C’est le travail, ce n’est après cela que nous avons aller vers les assises nationales et ensuite la transition et ensuite on ouvrira les brèches pour aller vers des élections.
Si Sylvanus Olympio nous observe depuis là où il est, serait-il fier de l’opposition ?
Je dirai non, il ne sera pas fier de nous. Je serai à sa place, je ne serai pas fier de l’opposition togolaise. Il ne peut pas être fier. Il faut voir l’état de notre pays. Le Togo est dans l’abime, c’est un pays qui a dérapé. Si je dois comparer le Togo à un véhicule, je dirai que le Togo est un véhicule dont toutes les roues sont crevées, le moteur est a coulé, le chauffeur est ivre. Voilà la caricature exacte de notre pays. Le pays se meurt. Et ça, le père de la nation qui, en partant, pesait son espoir sur nous pour achever la lutte, ne sera pas fier. Je sais que l’auteur de la question, connait déjà la réponse. Sylvanus Olympio ne sera pas fier de nous, et c’est justement pour ça que nous sommes ici à trouver les voies et moyens pour que d’ici peu, en étant là où il est, il puisse être fier de nous.
Source: Togo Scoop Info avec IciLome