En sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine, le point de vue de Macky Sall sur ce nième désaveu de la France en Afrique de l’Ouest est attendu. Dans les colonnes du site d’informations Dakaractu, le président sénégalais a fait preuve de diplomatie en évoquant la question.
D’abord sur les raisons qui pourraient motiver cette demande des autorités burkinabè, le président sénégalais indique : « Cette question doit être posée au Burkina Faso ou à la France, ce n’est pas le Sénégal qui a à répondre à cette question. C’est un sujet difficile, une question complexe. Quand on parle de la France on est ou bien pro-français ou anti-français. Je pense que les choses ne doivent pas être présentées de cette manière : « c’est oui ou c’est non ». Les gens doivent être capables d’évaluer les situations, des situations difficiles. Moi, j’étais présent quand le Mali a appelé la France en 2013. Les Africains aussi ont répondu comme la France l’a fait à l’époque. Les situations évoluent et les crises changent. Le Mali a demandé à la France de quitter et aujourd’hui le Burkina le fait à son tour. Nous devons observer pour comprendre et voir comment ces pays vont trouver des solutions à leurs problèmes essentiels qui concernent la lutte contre le terrorisme, que ce soit pour le Mali ou le Burkina Faso, ou tout autre pays de la région du Sahel. Mais je ne peux pas répondre à la place du Burkina Faso. »
Ensuite sur les implications ou la présence des forces russes au Burkina, le Président en exercice de l’Union Africaine précise que : « C’est vrai que l’Afrique est un espace de concurrence. Il existe des zones d’influence au Mali. Les forces de Wagner étaient présentes sur place et en ce moment nous voyons le Burkina Faso dire qu’il n’a pas besoin des forces françaises ou n’en a plus besoin. Est-ce que cela fournit matière à discussion ou relève d’une décision souveraine des autorités militaires du Burkina ? La situation n’est pas claire. Il s’agit d’une question de concurrence et de lutte d’influence entre différentes forces et ce n’est une surprise pour personne », estime le président en exercice de l’UA. Le plus important toutefois, pour le chef de l’État Sénégal, c’est l’indépendance de l’Afrique : « L’essentiel, à ce que je vois, est que les acteurs concernés travaillent sur des modèles qui permettent de vaincre le terrorisme et d’assurer une indépendance par rapport à toutes les forces étrangères, quelles qu’elles soient. Que les Français parlent des Russes ou d’autre chose, c’est un dialogue sans importance. À mon avis, ce dont l’Afrique a besoin, c’est d’avoir son indépendance et d’avoir des partenariats, car aucun pays ne peut se passer des autres »