Présidentielle 2023 au Nigeria : ce qu’il faut savoir

Les Nigérians se rendent aux urnes la semaine prochaine pour choisir un nouveau président. Le Nigéria reste le pays le plus peuplé d’Afrique, avec environ 220 millions d’habitants, et ce qui se passe dans cette nation d’Afrique occidentale se répercute sur le continent et le monde. Ce qu’il faut savoir sur cette élection.

Le géant de l’Afrique, comme on appelle le Nigeria, est à un point d’inflexion. Près de huit ans de règne d’un président malade, Muhammadu Buhari, un ancien militaire, le pays bascule dans un choc économique.

Selon les rapports, plus de 60% de la population vit dans la pauvreté, tandis que les crises sécuritaires, notamment les enlèvements, le terrorisme, le militantisme dans les zones riches en pétrole et les affrontements entre bergers et agriculteurs, se sont multipliées.

De nombreux Nigérians voient dans l’élection de 2023 une chance de changer de cap et envisagent de rompre avec les deux partis traditionnels pour voter pour un troisième candidat. Selon les observateurs, depuis la renaissance de la démocratie nigériane en 1999, le pays n’a pas été confronté à une élection aussi mordante et aussi ouverte que celle-ci.

C’est quand l’élection ?

Le vote est prévu pour le 25 février 2023, à moins qu’il ne soit reporté, comme c’était le cas en 2019, cinq heures seulement avant l’ouverture des bureaux de vote. Le chef de la Commission électorale nationale indépendante, ou I.N.E.C., a averti que si la myriade de problèmes de sécurité auxquels le Nigéria est confronté n’est “pas surveillée et traitée de manière décisive”, les élections pourraient être reportées ou annulées dans de nombreux quartiers, provoquant une crise constitutionnelle.

Quels sont les principaux candidats ?

Il y a Bola Ahmed Tinubu, 70 ans, qui, en tant que candidat du Congrès All Progressives au pouvoir, a derrière lui un sérieux appareil politique. Ancien gouverneur multimillionnaire de Lagos, la plus grande ville du Nigeria, M. Tinubu est un musulman du sud-ouest et se vante d’avoir amené M. Buhari au pouvoir. Son fameux slogan est “Emi lo kan” en Yoruba qui veut dire “C’est mon tour”.


L’ancien vice-président et homme d’affaires multimillionnaire Atiku Abubakar est le candidat du Peoples Democratic Party, ou P.D.P. M. Abubakar, 76 ans, s’est présenté cinq fois à la présidentielle depuis 1993, et cette année pourrait être sa dernière chance. Musulman du nord, il espère y recueillir beaucoup plus de votes que par le passé, maintenant qu’il n’a plus à se présenter contre son vieil ennemi juré, M. Buhari, qui avait un ardent partisan du nord.

Le candidat surprise est Peter Obi, 61 ans. Salué comme un sauveur par une grande partie de la jeunesse nigériane férue de numérique, M. Obi, un chrétien et ancien gouverneur du sud-est qui a attelé son chariot au parti travailliste moins connu, a jeté cette élection ouverte. Ses fans, pour la plupart de jeunes Nigérians du sud, aux prises avec des difficultés économiques, le chômage et l’insécurité, s’appellent les “Obidients”, ce qui sonne comme “obéissant”.

Ce sont les trois principaux prétendants parmi les 18 candidats au total. Cependant, un quatrième candidat qui mérite d’être mentionné est Rabiu Kwankwaso, 66 ans. Bien qu’il soit peu probable qu’il remporte les élections, M. Kwankwaso, également musulman, pourrait profondément affecter le résultat en divisant le vote dans certaines parties du nord du Nigeria, y compris l’État majeur de Kano,
où il a une énorme base.

De quoi un candidat a-t-il besoin pour gagner ?

Une majorité absolue plus 25% des voix dans les deux tiers des 36 États du pays sont essentielles pour la victoire. Si aucun candidat n’y parvient, l’élection se terminera par un second tour, ce qui ne s’est jamais produit depuis le retour de la démocratie, mais dont les analystes disent maintenant qu’il s’agit d’une possibilité distincte.