Alors que beaucoup de militants du Comité d’action pour le renouveau (CAR) ont cru que la « ouatchisation » de la direction de leur parti est une histoire ancienne, Jean Kissi en rajoute aux polémiques.
Il n’est pas question pour l’auteur de ces lignes de surfer sur le tribalisme, un mode d’organisation sociale basée sur la tribu ou sur le sentiment d’appartenance, à un lieu, à un groupe comme fondement essentiel de la vie sociale. Ce qui est très dangereux pour le vivre-ensemble.
« Ouatchisation »
L’équivoque étant levée, certains militants constatent tout de même que depuis la création du CAR au début des années 90, il est toujours dirigé par un président élu issu du groupe « ouatchi ». En effet, pendant presque deux décennies, le parti a été incarné par feu Me Yawovi Agboyibo. Pour des raisons connues seulement de quelques initiés, la présidence fut cédée à Me Paul Diodji Apevon à l’issue d’un congrès électif de 2008.
Une dizaine d’années plus tard, le « Bélier noir », lui arrache le poste de président qu’il assume jusqu’à sa mort 30 mai 2020, à Clichy en terre française. Depuis lors, l’intérim est assuré par le vice-président Yendouban Kolani.
Entre-temps, le débat est soulevé par certains militants voire des cadres, notamment Togbui Dagban-Ayivon IV. Ces derniers se demandent pourquoi leur parti est toujours présidé par des cadres « Ouatchi » alors qu’il y a d’autres personnes compétentes capables d’apporter leur expérience et vécu pour un renouveau, mais n’appartenant pas à ce groupe. En interne, le sujet, dit-on, a été abordé. Sans plus de précision.
Sortie de Jean Kissi
Sur une radio privée de la place, la question liée à la « ouatchisation » du CAR a été posée au Secrétaire général du parti. Et sa réponse en rajoute aux polémiques. Non seulement il se mélange les pinceaux, mais donne également l’impression de n’être pas en mesure de faire la différence entre le groupe Ewé et le groupe ouatchi.
Les Ewé sont une population ouest africaine vivant principalement au sud du Togo, au Bénin, entre autres. Les Ouatchi font donc partie des Ewé comme les Bè, les Aflao etc. En clair, les Ouatchi ne signifient automatiquement pas Ewé. C’est dire que les explications de Jean Kissi n’ont rien à avoir avec la question qui lui a été posée. Il dit, en outre, que depuis trois ans, Yendouban Kolani (un Moba) préside le CAR. C’est vrai, mais il oublie volontairement de mentionner qu’il n’a jamais élu à ce poste et qu’il ne l’assume qu’à titre intérimaire.
Une telle invention médiatique n’aurait-elle pas pour but de préparer l’opinion pour ce que certains murmurent dans des milieux politiques proches de la formation politique se réclamant de l’opposition ?
Quatre candidats dans le starting-block ?
C’est un secret de Polichinelle de dire que Yendouban Kolani, l’actuel président intérimaire ambitionne de succéder à feu maître Yawovi Agboyibo. Selon nos informations, il a, entre-temps, entrepris une tournée dans la zone septentrionale du pays pour une opération de charme. Depuis lors, il serait convaincu qu’il a toutes les chances de son côté pour être élu au moment opportun.
Il aurait lâché que pour l’heure qu’ils sont quatre candidats : lui-même d’abord, ensuite Yao Datè, Jean Kissi et Nador Awuku.
Dans un article, intitulé « Le CAR pris en otage » qu’Icilome a publié le 6 mars 2022, on peut y lire que « Le quartette qui tient le parti à la couleur rouge, notamment Yendouban Kolani, Nicolas Agbo, Yao Daté et Jean Kissi, a-t-il le bon profil ? « En l’état actuel non. Ils sont tous liés au pouvoir en place. Ils ne peuvent pas avoir cette indépendance de paroles et d’actions », répond à icilome un cadre du parti ayant requis l’anonymat ».
« En effet, le premier, malade, est garé au ministère de l’Education. Le deuxième travaille au département en charge de l’Enseignement technique. Le troisième est un employé d’une société privée appartenant à un membre du gouvernement. Le quatrième émarge au ministère de la Fonction publique. « Ils sont tous sous ordre. Ils ne peuvent pas diriger un parti politique comme le CAR », poursuit l’auteur du papier.
Du début mars 2022 à aujourd’hui, les lignes n’ont pas bougé. Le plus curieux reste qu’on ne trouve nulle part Togbui Dagban-Ayivon IV, lui qui est considéré, dit-on, comme un trouble-fête. Sera-t-il candidat ? Ou a-t-il été contraint de freiner son ambition ?
Le congrès pourra-t-il se tenir mi-avril prochain ?
Officiellement, l’assemblée générale extraordinaire élective aura lieu les 14 et 15 avril prochains. Les préparatifs ont commencé. Ils avancent « normalement » nous a soufflé un militant proche de ceux qui sont accusés d’avoir en otage le parti.
Sauf que dans les faits, les choses ne se passeraient pas comme certains le souhaitent. Jusqu’aujourd’hui, aucun consensus ne se dégage. En réalité, ce n’est pas la base qui élit le premier responsable du parti. « Travaillés » à la veille du congrès, les présidents de fédérations donnent le jour J leur onction à la personnalité (de consensus) qui leur est présentée.
Bien que le temps presse, beaucoup de cadres ne s’en rendent pas compte. Si les uns et les autres ne changent pas de posture, tout porte à croire qu’on ne connaîtra pas le successeur du « Bélier noir » au soir du 15 avril 2023. Et ce n’est pas ce véhément cadre du CAR, également membres du Cercle des amis de Faure qui s’en mordra le doigt.