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Wednesday, April 24, 2024
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Afrique-L’OUA a soixante ans, et maintenant ?

Soixante ans après la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), les Africains cherchent désespérément des dirigeants avec l’autorité nécessaire pour remettre à leur place les dirigeants qui avilissent leurs peuples et affaiblissent l’Afrique. Et l’on peine à identifier des leaders capables d’incarner la conscience morale de notre Afrique !

En pleine commémoration du soixantième anniversaire de la création de l’OUA, une petite enquête, diffusée dans Afrique Économie, cette semaine, sur RFI, vous semble révélatrice des carences de l’union continentale. L’enquête porte sur la guerre entre armée et paramilitaires au Soudan. Avec des conséquences économiques dévastatrices, jusque dans le nord de la Centrafrique. En quoi cette enquête, menée par Clémentine Pawlotsky, illustre-t-elle les lacunes de l’Union africaine ?

Dans notre exercice, la semaine dernière, la solidarité apparaissait comme une des valeurs essentielles qui ont présidé à la création de l’OUA. Elle n’a cessé de décliner au fil des décennies, hélas ! L’enquête d’Afrique Economie illustre le dédain que peuvent avoir certains dirigeants africains pour les autres nations : tout le contraire de la solidarité et de l’union. Ils ne s’interrogent même pas sur les conséquences, dans les pays voisins, des désordres qu’ils créent chez eux. Les interlocuteurs de Clémentine Pawlotsky ont dressé la liste d’un certain nombre de produits de première nécessité, avec les prix, tels qu’ils étaient avant la crise, et tels qu’ils sont, depuis le début de cette guerre fratricide. Tous les prix ont, au minimum, doublé. L’État centrafricain n’ayant pas les moyens de subventionner ces produits vitaux, c’est donc à une mort économique certaine qu’Al-Buhran et « Hemedti » condamnent, fatalement, les populations de la préfecture de la Vakaga, en Centrafrique. Irresponsabilité !

Faut-il comprendre que ces dirigeants n’ont pas conscience des conséquences de leurs comportements ?

C’est, en tout cas, du mépris pour les autres. Ils mettent leur pays à feu et à sang, et tant pis pour les conséquences que cela peut avoir au-delà de leurs frontières. Ces généraux ne se soucient nullement des drames considérables qu’ils causent à des populations de pays qu’ils disent pourtant frères. Cette enquête est plus éloquente que tous les bilans que l’on pourrait dresser de ces six décennies d’existence de cette Organisation qui devait pousser les peuples à s’unir, pour se renforcer mutuellement. Or, jamais les acteurs politiques et militaires n’ont autant contribué à affaiblir leurs propres peuples, leurs voisins, donc, l’Afrique, avec une déconcertante propension à exporter tous azimuts la paupérisation et l’insécurité qu’ils engendrent chez eux.

À force de compter les morts par balles à Khartoum et à travers le Soudan, on a fini par oublier que les pénuries de pain et de soins de santé découlant de cette crise tuaient tout autant par-delà les frontières. Au milieu des canons qui tonnent, l’honneur du journaliste est de rappeler que l’on meurt aussi à petit feu des conséquences de l’irresponsabilité de ces dirigeants de fait, dont le comportement est tout le contraire de la solidarité que supposait, naguère, l’Organisation panafricaine.

Cette solidarité a aussi parfois coûté cher à certains leaders de l’Afrique indépendante.

Leur mérite n’en est que plus grand. Nul n’a oublié les représailles infligées par le gouvernement raciste d’Afrique du Sud à des pays comme la Zambie et le Mozambique, en raison de leur soutien au Congrès national africain (ANC) d’Oliver Tambo et de Nelson Mandela. Ou encore l’élan du cœur de Kwame Nkrumah, qui a pratiquement vidé les caisses du Trésor ghanéen, pour éviter à la Guinée de Sékou Touré, sevrée, asphyxiée par le pouvoir colonial sur le départ, d’être, à l’indépendance, un État mort-né.

Et l’on se retrouve, aujourd’hui, avec une pléthore de dirigeants prétendument panafricanistes, prompts à haïr les Africains de nationalités voisines, qui auraient pu être leurs concitoyens, si l’arbitraire du tracé colonial avait varié de quelques dizaines de kilomètres.

Et l’on cherche désespérément des dirigeants avec l’autorité pour interpeler les irresponsables qui avilissent leurs peuples et affaiblissent l’Afrique. Qu’ils sont loin les Nyerere, Mandela, Houphouët-Boigny, Bourguiba, et autres Nasser ! Et l’on peine à désigner des leaders pouvant, aujourd’hui, incarner la conscience morale de notre Afrique. 

Jean-Baptiste Placca

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