Le patron du Nouvel engagement togolais (NET), député à l’Assemblée nationale du Togo, est d’accord que le Mali demande que la Minusma plie bagage. Lire son raisonnement.
“Le Mali récuse la Minusma et je suis d’accord
Ma position sur ce point n’a jamais changé. Quand on veut être souverain, on n’autorise pas deux divisions militaires dans son pays. Donc, oui, le Mali à raison de demander à la Minusma de partir.
Le “sans délais” n’est qu’une mise en scène pour flatter certains orgueils patriotiques. En réalité, la mission annuelle de la Minusma prend fin ce 30 juin et elle ne peut pas être renouvelée sans l’accord du pays hôte. Donc c’est juste un non renouvellement de bail. Mais ne pavoisons pas trop, pour démanteler une telle mission, il faudra plusieurs mois, voire années, tant la logistique est importante.
Je déplore le ton martial et condescendant du ministre des affaires étrangères, pour qualifier le bilan de cette mission onusienne. Plus de 200 casques bleus ont perdus la vie au Mali, dont 18 Togolais. Je n’accepte pas qu’on dise qu’ils sont morts pour rien. Un hommage aux casques bleus devrait précéder cette annonce. Ces militaires n’ont rien demandé mais ont sacrifié leur vie pour la paix. Je le déplore.
J’ai été casque bleu. Je suis détenteur d’un Master 2 en droit des conflits armés. Les casques bleus n’ont pas vocation à faire du combat offensif, ils sont juste autorisés à riposter en cas de légitime défense. Les règles d’engagements sont très encadrées lors de ses missions. Je vous en parlerai un autre jour.
Donc, oui, le Mali aux Maliens. Le départ de la Minusma aura peu d’impact sur les opérations militaires, vu que depuis près de deux ans la collaboration entre la Minusma et les Maliens était très faible.
Par contre, certains pays pauvres vont regretter la fin de cette mission. Même nos propres militaires ne seront pas contents. C’est dans l’argent de ces missions que les gens ont gagné maison et motos dans ce pays. Certains maliens aussi ne seront pas heureux. Les missions onusiennes drainent d’énormes retombées économiques. J’en sais quelque chose. Je m’occupais des ravitaillements alimentaires du bataillon Togolais de l’Onu en côte d’ivoire, en 2004. Officier d’ordinaire.
Mais ça reste une bonne décision. Il faut désormais laisser les garçons se mesurer sur le terrain. Ma seule vraie crainte est que cette guerre-là va durer. Elle a en réalité commencé en 1961, avec la première révolte touareg, et en vérité, elle n’a jamais cessé. Il y eu juste des cessez le feu. Malheureusement, toutes les guerres asymétriques finissent toujours pas des négociations, la fortune des armes étant furtive. Je reviendrai sur ce sujet aussi.
Je ne vais pas vous demander ce que vous pensez de cette demande. Tout le monde en Afrique francophone est devenu Malien à présent. Mais notre responsabilité, en tant que leaders, est de rester lucide et de ne pas céder à l’euphorie populaire. Analyser, anticiper, comprendre.
Bref, vive le Mali. Mais plutôt, vive la paix, la démocratie et la souveraineté au Mali.
Prions pour le Mali vivants”.
Gerry Taama
Bien dit mais nos soldats ne vont plus aller en mission au Mali et les frais qu’ils reçoivent en fin de mission aussi sont partis, Bref vive la souveraineté