« Une vie, un foie ». C’est le thème choisi pour l’édition 2023 de la Journée mondiale contre l’hépatite. Occasion pour Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, de délivrer un message dans lequel elle met un accent particulier sur le lien entre l’hépatite virale et l’inflammation du foie.
Message de la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
En 1967, le Dr Baruch Blumberg (1925-2011) a découvert le virus de l’hépatite B. Deux ans plus tard, il a également mis au point le premier vaccin contre l’hépatite B. Le Dr Blumberg est né le 28 juillet et c’est la raison pour laquelle la Journée mondiale contre l’hépatite est célébrée aujourd’hui.
L’infection par le virus de l’hépatite B peut être évitée par la vaccination. Aussi convient-il d’ajouter que désormais, les médecins peuvent traiter efficacement l’hépatite C, causée par le virus de l’hépatite C, au moyen de médicaments antiviraux.
L’hépatite entraîne une dégradation de la structure normale du foie, empêchant ainsi le bon fonctionnement de cet organe. Le thème retenu pour l’édition de cette année, à savoir Une vie, un foie, vise à mettre l’accent sur le lien entre l’hépatite virale et l’inflammation du foie – c’est-à-dire les lésions et dommages au foie, – ainsi que sur les questions plus générales de la santé du foie et des soins de santé primaires.
L’hépatite B se transmet généralement de la mère à l’enfant pendant l’accouchement ou à la naissance. Elle peut aussi se transmettre par contact avec du sang ou d’autres liquides biologiques lors de rapports sexuels avec un partenaire infecté, d’injections à risque, ou en cas d’exposition à des instruments tranchants ou piquants.
L’hépatite C se transmet quant à elle par contact avec le sang d’une personne infectée : transfusions sanguines sans dépistage, partage d’aiguilles ou pratiques sexuelles à risque provoquant une exposition directe au sang.
Plus de 91 millions d’Africains vivent avec l’hépatite. En 2019, selon les estimations, 1,2 million de nouvelles infections par le virus de l’hépatite ont été enregistrées dans la Région africaine, de même que 125 000 décès liés à cette maladie. Des décès qui surviennent principalement parmi les franges de population comprenant des personnes jeunes et productives.
La Stratégie mondiale proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) contre l’hépatite, – approuvée par l’ensemble des États Membres de l’OMS – , tout comme le Cadre pour une riposte multisectorielle intégrée à la tuberculose, à l’infection à VIH, aux infections sexuellement transmissibles et à l’hépatite dans la Région africaine de l’OMS, vise à réduire de 90 % les nouvelles infections par le virus de l’hépatite et de 65 % les décès dus à cette maladie d’ici à 2030.
L’OMS soutient les efforts déployés aux niveaux régional et national en vue d’éliminer l’hépatite virale à l’horizon 2030. En effet, l’Organisation fournit des orientations claires, notamment pour une prévention, un dépistage et un traitement décentralisés et simplifiés de l’hépatite virale, en mettant l’accent sur une approche centrée sur la personne. Cela inclut l’élimination de l’hépatite B par l’administration d’une dose de vaccin à la naissance (dès le jour de la naissance ou le lendemain).
Il reste encore beaucoup à accomplir pour réduire le nombre de décès et le nombre d’infections liées à cette maladie. Malgré la disponibilité d’outils de diagnostic et de traitements efficaces, plus de 90 % des personnes vivant avec l’hépatite en Afrique ne reçoivent pas les soins dont elles ont besoin et, moins de 10 % de la population jouit d’un accès aux services de dépistage et de traitement. Cela favorise l’avancée progressive des maladies hépatiques, occasionne une charge financière catastrophique et induit des répercussions telles que la détresse émotionnelle et la stigmatisation. Le dépistage et le traitement restent les aspects les plus négligés de la riposte proposée au titre de l’approche de santé publique.
La prévalence la plus élevée de l’infection par le virus de l’hépatite B chez les enfants âgés de moins de cinq ans est constatée dans les pays où la vaccination anti-hépatite B n’est pas réalisée à la naissance. La vaccination est donc une composante importante de la lutte contre l’hépatite. Je suis heureuse de constater que tous les 47 États Membres de la Région africaine ont inclus le vaccin contre l’hépatite B dans la vaccination systématique. Cependant, la couverture de la vaccination systématique des enfants contre l’hépatite B dans la Région se situe à 72 %, bien en deçà de la cible mondiale fixée à 90 %. En 2022, 16 pays de la Région ont procédé, dès la naissance, à l’administration d’une dose du vaccin anti-hépatique à tous les nouveau-nés, contre 11 pays en 2021.
Nous devons tirer parti des outils et des interventions disponibles pour garantir la santé du foie pour tous.
Il faudra en outre assurer la disponibilité des services, ce qui passe par le renforcement des services de soins de santé primaires, lesquels services sont de plus en plus financés par des ressources nationales. Les interventions de dépistage et de traitement doivent faire partie de l’ensemble des services de santé essentiels fournis dans le cadre de soins de santé primaires intégrés, qui répondent aux besoins des personnes de tous âges (soins de santé maternelle, néonatale, infantile et reproductive).
Nous devons accroître la couverture vaccinale contre l’hépatite B afin d’atteindre la cible mondiale fixée à 90 %. C’est pourquoi j’invite instamment tous les pays à s’efforcer d’introduire la dose de naissance du vaccin contre l’hépatite.
J’encourage les responsables politiques et les partenaires à faire preuve d’engagement politique en faveur d’un dépistage, d’une prévention et d’un traitement durables et simplifiés de l’hépatite dans le cadre plus large de la santé hépatique et des soins de santé primaires, afin de parvenir à l’élimination de l’hépatite virale. Je tiens à rappeler aux communautés l’importance de choisir la vaccination contre l’hépatite, le dépistage de cette maladie, le traitement, ainsi que les services curatifs ; un choix qui passe par le recours à tous les services de santé disponibles.
Par ailleurs, je félicite la Namibie, premier pays inscrit auprès de l’OMS pour accéder au statut de pays résolument engagé sur la voie menant à l’élimination de l’hépatite B. J’espère que d’autres pays de la Région suivront bientôt le même exemple.
En savoir plus :
Principaux repères sur l’hépatite B
Hepatitis: Overview, Symptoms and Treatment