Les dirigeants maliens, parvenus au pouvoir par un coup d’Etat en 2021, ont décidé au nom de la souveraineté de revoir leurs relations avec les partenaires traditionnelles, notamment la France accusée à tort ou à raison de jouer un double jeu avec les terroristes, l’UE et l’ONU. Cette volonté de rupture affichée et assumée a conduit à la dénonciation de l’opération BARKHANE avec le départ des troupes françaises, suivi de plusieurs militaires des pays européens. Les autorités de Bamako après cette première phase réussie, ont mis le curseur sur la MINUSMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali) créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité du 25 avril 2013 pour appuyer le processus politique dans ce pays et effectuer un certain nombre de tâches d’ordre sécuritaire.
Forte de 12 789 soldats, 740 civils internationaux et 661 civiles locaux, cette mission a connu plus de 160 éléments tués en plus de dix ans de présence. C’est l’une des missions les plus onéreuses des Nations Unies. Accusée d’inefficacité, d’absence de résultats, elle polarisait les tensions entre les autorités maliennes et l’ONU avec en toile de fond une subtile manœuvre de la Russie décidée à prendre le contrôle de ce territoire en lieu et place des occidentaux. Les différents rapports de la MINUSMA sur les violations des droits de l’homme, les bavures de l’armée malienne, notamment le drame de Mourra, agaçaient sérieusement les occupants du palais de Koulouba. Il fallait absolument s’en débarrasser, même si cela devrait créer un manque à gagner pour plusieurs opérateurs économiques et populations maliennes qui sen tiraient à bon compte à travers des contrats des emplois.
Le vendredi 30 juin, après plusieurs mois de tensions, les membres du Conseil de sécurité ont pris une résolution actant la fin de la mission. Les autorités maliennes souhaitaient un départ immédiat, mais l’ONU a donné 6 mois à ses troupes et personnels administratifs pour plier bagages. Si à Bamako on savoure une victoire diplomatique, certains sont très inquiets de la suite des évènements, surtout que les djihadistes ont gagné du terrain ces dernières années.
Entre propagande et réalité, le départ annoncé de la MINUSMA permettra d’avoir une idée réelle de la capacité des officiers de Bamako à rétablir la souveraineté tant vantée sur l’ensemble du territoire. Certains prédisent un scénario catastrophique à l’image de l’avancée spectaculaire des talibans sur Kaboul, provoquant la déroute de l’armée américaine. Nous n’en sommes pas encore là. Les 12.789 soldats doivent regagner leurs pays respectifs. Un aller simple pour tout le monde, y compris le contingent togolais.
Fin de la MINUSMA : Un manque à gagner pour les militaires togolais
Le Togo est l’un des plus grands contributeurs de la MiNUSMA. A la date du 30 avril 2023, le Togo a sur le sol malien au total 1.113 éléments dont les détails figurent dans un document que la Rédaction a consulté sur le site de la mission des Nations Unies. Le contingent d’un bataillon et demi (717 éléments) est placé sous les ordres du Lieutenant-colonel Madougou. Le régime autoritaire, dynastique et plus que cinquantenaire de Lomé incarné par la famille Gnassingbé a fait de la participation des militaires aux missions des Nations Unies un double objectif.
Un premier objectif diplomatique consistant à adoucir la position des partenaires vis-à-vis des dérives du pouvoir de Faure Gnassingbé et ensuite permettre aux militaires d’engranger des moyens financiers conséquents pour améliorer leur situation. Il arrive souvent d’entendre en privé des diplomates en postes à Lomé déclarer qu’ils ne peuvent pas être trop sévères avec le pouvoir de Faure Gnassingbé parce que Lomé est l’un des grands contributeurs de la mission au Mali.
Prendre part aux missions des Nations Unies est un business très juteux pour la hiérarchie militaire et particulièrement pour les troupes. Le choix des militaires et autres agents des forces de l’ordre qui doivent prendre part à ces missions relève d’un véritable parcours de combattant sur fond de corruption rampante. Certains soldats sont parfois obligés d’aller faire des prêts pour graisser les pattes de leurs chefs dans l’espoir d’être désignés pour suivre la formation au centre d’Adidogomé. Généralement au terme de 6 mois de mission, les soldats reviennent avec une manne de plus de 4 millions. Une fortune pour des soldats qui perçoivent généralement des salaires moyens. Avec cette petite fortune, certains arrivent à s’offrir des lopins de terre dans la banlieue de Lomé (Adeticopé, Apessito).
La crise en Côte d’Ivoire et les missions de la MINUSMA ont permis à plusieurs soldats de disposer aujourd’hui des maisons dans ces quartiers. Les éléments revenus de mission dénoncent généralement les commissions perçues par leurs chefs sur leurs indemnités, la corruption, le népotisme qui entre en ligne de mire dans le choix des soldats, et parfois le détournement des fonds de certains militaires décédés en mission.
Il faut préciser à toute fin utile que lorsqu’un militaire de la mission des Nations Unies décède, l’ONU verse à la famille du défunt 100 mille dollars (50 millions de FCFA). Plusieurs officiers se sont enrichis sur le dos des troupes dans ces nombreuses missions des Nations Unies en Côte d’ivoire, au Mali, au Darfour, en RDC, etc. La fin de la MINUSMA doit être une source de préoccupation pour les militaires togolais qui espéraient être déployés à leur tour sur le terrain. C’est le rêve de plusieurs d’entre eux qui ne pourra pas se réaliser pour l’instant. Une très grande frustration qu’il faudra gérer, surtout lorsqu’on sait que le salaire de misère des militaires togolais, vrais piliers du régime plus que cinquantenaire. Les responsables de cette situation inconfortable dans laquelle les militaires togolais vont se retrouver ne sont que Robert Dussey et Faure Gnassingbé, les parrains et conseiller occulte de Assimi Goita dont les visites répétées au Togo en toute discrétion, ne relèvent que d’un secret de polichinelle.
En s’accrochant aux Maliens, Faure Gnassingbé et son ministre des Affaires étrangères, pure fabrication de la françafrique, cherchent désespérément à surfer sur le regain du panafricanisme afin de sauver un pouvoir autiste et décadent. Le fameux sommet sur le panafricanisme que compte organiser le pouvoir de Faure Gnassingbé à Lomé s’inscrit dans cette démarche de manipulation et même d’escroquerie intellectuelle et idéologique.
L’activisme du régime de Faure Gnassingbé au Mali a des répercussions négatives sur l’armée togolaise et, visiblement, le locataire du palais de la Marina et son ministre des Affaires étrangères semblent l’ignorer.
Source : presse-alternative.info
Ce n’est pas la finalité des missions militaires de paix des Nations Unies d’enrichir les soldats !