Le premier ministre du Niger, Ali Lamine Zeine, en mission de travail au Tchad, a été reçu, mardi, 15 août 2023, à N’Djamena, par le chef de l’Etat tchadien de transition, Mahamat Idriss Deby Itno. Objet de la rencontre : porter un message du président du CNSP, le général Abdramane Tchiani, au chef de la transition tchadienne sur la situation qui prévaut actuellement au Niger. Dans l’état actuel des choses, quatre pays de la CEDEAO (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin et Guinée Bissau), activement, soutenus par la France, ont, encore, du mal à admettre une transition au Niger. Sans beaucoup y croire, ils continuent, néanmoins, d’avancer l’idée de la réhabilitation de Mohamed Bazoum dans ses fonctions de président de la République. Mais, la transition au Niger est une idée présente dans tous les esprits. Beaucoup de pays l’admettent au sein de la CEDEAO, de l’Union africaine et du parlement de la CEDEAO. Le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, l’Algérie, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie et le Tchad, ne voient pas un tel processus d’un mauvais oeil. Le premier ministre nigérien s’est rendu à N’Djamena avec deux membres du CNSP, le ministre de l’Intérieur et le porte-parole.
A la veille de la réunion des chefs d’état-major de la CEDEAO, jeudi, 17 août, et vendredi, 18 août, à Accra, Washington et Moscou, ont, une fois de plus, appelé à une solution diplomatique, politique et négociée dans la crise nigérienne (sur notre photo, Antony Blinken et Sergueï Lavrov affichent une bonne entente).
Dans le camp des va-t-en guerre de la CEDEAO, le président du Nigeria et président en exercice de la CEDEAO, Bola Tinubu, poussé par une très forte opposition interne (sénat, gouverneurs du Nord, opposition, société civile), a fini par baisser pavillon, passant le flambeau de chef de guerre au président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui, comme on le sait, braille, tonne, vocifère, sans avoir les moyens militaires de son jusqu’au boutisme guerrier. Conséquence, les chefs d’état-major seront obligés d’annoncer quelque chose pour sauver la face mais on n’imagine pas qu’ils envoient des troupes à la frontière du Niger (même pour impressionner l’ennemi) face à une armée aguerrie comme celle du Niger qui est, militairement, soutenue par le Mali, le Burkina Faso, et portée par la grande majorité du peuple du Niger. Car la CEDEAO enverrait ses militaires à l’abattoir. Alassane Ouattara, lui-même, a quelques soucis à se faire, les échos nous parvenant selon lesquels les soldats de l’armée ivoirienne d’origines nigérienne, malienne et burkinabé, rechigneraient à l’idée d’aller combattre leurs frères au Niger. Ca commence donc bien pour ceux dont la destruction de la Libye (par la France et ses alliés) ne dit visiblement pas grand-chose.
Les Etats-Unis ont formé des soldats nigériens et investi dans un système performant de surveillance et de lancement de drones dans le Nord du Niger dans le cadre d’AFRICOM. Leurs longs yeux et leurs grosses oreilles permettent de surveiller, pour leur propre compte, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Tchad et le Niger. Simplement, leur système arrive à détecter jusqu’aux objets dans l’espace mais jamais il n’a aidé à prévenir une attaque djihadiste dans les pays balayés. D’où des interrogations légitimes sur la présence militaire américaine au Niger.
Washington a désigné une ambassadrice à Niamey qui devrait regagner son poste dans les prochains jours, ce qui met Paris en colère. Mais si Antony Blinken ne fait pas profil bas devant la junte, il sait que Moscou n’hésitera pas à rafler la mise. Or, une intervention militaire de la CEDEAO soutenue par la France sans celui des Etats-Unis, est vouée à l’échec. L’armée française pour être totalement opérationnelle dans son engagement, a toujours besoin de l’appui de l’armée américaine. C’était la condition pour réussir la déstabilisation de la Libye. Cela ne passera pas au Niger, les Africains, cette fois, veillent au grain. De jour comme de nuit.
Source : afriqueeducation.com