Le décès de l’Archevêque émérite de Lomé, Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro continue de provoquer des réactions, notamment des hommages de personnalités du Togo. Voici l’hommage de la Coalition de la diaspora togolaise pour l’alternance et la démocratie (CODITOGO) au prélat.
CODITOGO PLEURE MGR PHILIPPE FANOKO KPODZRO,
LE PATRIARCHE DE LA NATION TOGOLAISE
Dans la journée du 9 janvier 2024, CODITOGO a appris, avec une très vive émotion couplée d’une profonde consternation, l’annonce du décès de Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, survenu en exil en Suède, loin du Togo, sa terre natale.
Archevêque Émérite au moment de son rappel à Dieu, Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO fut Évêque d’Atakpamé, Archevêque métropolitain de Lomé, Président du présidium de la Conférence nationale souveraine du Togo et Président du Haut Conseil de la République (HCR), organe législatif pendant la transition politique. Il a démontré durant toute sa vie, son amour accru pour la justice, son attachement profond aux valeurs cardinales qui fondaient son engagement sacerdotal et sa foi en Jésus-Christ. Cet amour s’est traduit avec courage et patriotisme durant toute sa vie pastorale : le bon Berger qu’il était, avait aussi pour mission de libérer son troupeau des griffes des prédateurs qui le dévorent.
CODITOGO rend donc un vibrant hommage à cet homme d’exception qui a fait don de sa vie à la lutte pour la libération de son pays, le Togo.
CODITOGO s’incline devant la mémoire de l’illustre disparu et présente ses sincères condoléances à toute l’Église Catholique, à la Conférence des Évêques du Togo (CET), à tout le clergé, ainsi qu’à sa famille biologique et à sa famille politique.
CODITOGO interpelle le régime togolais qui, par sa soif et sa volonté effrénées de conservation du pouvoir politique, a contraint à l’exil Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, du haut de ses quatre-vingt-dix-ans (90) ans, alors que c’était la bonne période où, après avoir rendu tant de services à l’Église et à l’État du Togo, ce nonagénaire devait bénéficier d’une retraite paisible.
Très contrastant est le fait que la veille de l’annonce du décès de Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO sur sa terre d’exil aux températures hivernales, le Ministère des affaires étrangères du Togo annonçait par communiqué que suite à la médiation des présidents Faure Essozimna Gnassingbé du Togo et Julius Maada Bio de la Sierra Leone, les autorités de transition du Niger avaient concédé la libération, à titre humanitaire, de Monsieur Salem Mohamed Bazoum, fils de l’ancien Président Mohamed Bazoum, et qu’un avion spécial avait été affrété pour son transport sur Lomé. L’on est donc en droit de se demander de quel amour et de quel patriotisme les autorités du Togo font montre envers leurs propres concitoyens ? Humanité pour les peuples d’ailleurs, inhumanité pour le Peuple togolais, telle est la pratique gouvernementale du régime de Faure Gnassingbé sur le quotidien des Togolais au Togo !
Le décès de Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO pose de nouveau avec acuité la question récurrente de l’alternance politique au sommet de l’État, en lien avec les nombreuses filles et les nombreux fils du Togo contraints à l’exil du fait de la confiscation et de la conservation du pouvoir par le régime de Faure Gnassingbé ; ce qui illustre une fois de plus l’une des exigences cruciales de toutes les forces démocratiques en lutte, de voir tous les réfugiés politiques retourner vivre sur la Terre de nos Aïeux.
CODITOGO exhorte donc le régime togolais à profiter de cette tragédie qui couvre notre pays d’une grande honte, pour ouvrir des discussions inclusives avec toutes les parties prenantes de la crise politique togolaise afin de trouver des points d’accord qui puissent permettre d’amnistier les nombreux détenus politiques qui croupissent dans les prisons togolaises, et aussi de favoriser le retour des autres exilés politiques.
CODITOGO en appelle également à la Conférence des Évêques du Togo et voudrait saisir cette occasion pour l’interpeller. La CET avait déclaré, dans un message publié après l’élection présidentielle du 22 février 2020, que : « Au regard de ce qui s’est passé sur le terrain, on peut dire que l’élection présidentielle du 22 février 2020, dans son ensemble, s’est déroulée dans un climat relativement apaisé. Mais pour ce qui concerne la transparence et l’équité de ce scrutin, on ne peut en dire autant, la main sur la conscience. C’est dans ce contexte très regrettable que la Conférence des Évêques du Togo adresse le présent message aux fidèles et à toutes les personnes de bonne volonté. Afin de résoudre la crise qui s’est installée dans le pays et restaurer la confiance, la Conférence des Évêques exhorte les différents protagonistes et les instances du processus électoral à œuvrer pacifiquement au rétablissement de la vérité des urnes » (cf. Message de la CET aux fidèles et à toutes les personnes de bonne volonté, 1er mars 2020).
CODITOGO estime que si ce message avait fait l’objet de suivi conséquent, Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO aurait dû avoir tout le soutien nécessaire pour ne pas se retrouver esseulé parmi le clergé, face à un régime prédateur des libertés et mû par l’unique instinct de conservation du pouvoir d’État. Elle demande donc à la CET, qu’à l’instar de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo en RDC, elle puisse défendre davantage ses brebis avec un peu plus de fermeté, pour les arracher des affres de l’arbitraire et des abus du régime oppresseur de Faure Gnassingbé.
CODITOGO demande enfin à la Diaspora togolaise de par le monde et au Peuple togolais dans son entièreté de rester mobilisés pour célébrer la vie de ce Grand Homme d’Etat, Patriarche de notre Nation, et martyr de la libération et de la reconquête de la souveraineté du Togo.
Patriarche Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, repose en Paix !
Fait à Paris, le 17/01/2024
Pour CODITOGO,
Chris Yayra AGOBIA,
Coordinateur général.