Togo-Dr Christian Spieker : « Notre problème au Togo n’est pas un problème juridique mais un problème politique »

Depuis une semaine, on a appris sur les réseaux sociaux que notre constitution, notre Loi fondamentale est en cours de révision et que nous allons passer du régime semi-présidentiel au régime parlementaire. Moi, j’approuve ce changement du régime présidentiel. De tout temps j´ai défendu ce régime parlementaire dans mes écrits et ce n´est pas aujourd´hui que je vais dire le contraire car j´ai passé plus de deux décennies dans un pays qui fonctionne sous ce régime et je connais ses avantages. Pour le cas du Togo, peu importe le moment de son avènement ou de ceux qui il émane. Ce qui compte pour moi et que j’ai toujours préconisé sont la qualité et les avantages du régime parlementaire qui peuvent faire avancer notre pays « si et seulement si » on en fait un bon usage sur le plan politique, économique et démocratique.

Les leaders de l´opposition ont dénoncé ce projet de révision. Tous les commentaires lus sur ce sujet vont tous dans le même sens, à savoir la dénonciation de cette initiative en raison de l’expiration du  mandat des députés. Alors, je voudrais donner ma position sur ce point : ma constance ne me permet pas d´aller dans le sens de la dénonciation qu´eux, sinon où serait ma logique ?

Déjà en mars 2015 j’ai recommandé ce régime pour notre pays dans un écrit de 4 pages pour présenter les avantages du régime parlementaire au président de la République mais je n’ai pas eu de réponse de la part de la présidence. J´avais envoyé le courrier de l´Allemagne. Mais je n´ai pas abandonné de souhaiter ce régime pour notre pays. La politique est une conviction. Ça fait partie de mon projet politique. Presque dans tous mes articles lorsqu’un sujet sur la politique de notre pays se rapproche à ce sujet, je l’invoque toujours avec constance, car politiquement ce régime parlementaire pourra nous permettre de résoudre nos problèmes juridiques dans le contexte togolais. En mars 2024, 8 ans après, jour pour jour, après avoir suggéré ce régime pour notre pays, on nous parle d’un projet de révision à l’assemblée nationale, un sujet qui alimente les débats centrés sur l’illégalité des députés qui étudient cette révision.

Les opposants à ce projet fondent leurs arguments sur le droit car ils soupçonnent les initiateurs de ce projet de vouloir faire pérenniser le chef d’Etat au pouvoir car dans le régime parlementaire, il n’y a pas de limitation de mandat, puisque le Premier ministre n’est pas élu au suffrage universel direct. Ça peut-être la motivation principale de cette révision constitutionnelle. Mais devons-nous seulement nous focaliser sur cet aspect juridique de la chose en oubliant les biens fondés du régime parlementaire dans un pays? C’est ma question posée avec objectivité qui va me démarquer de tous ceux qui sont intervenus dans le sens contraire sur ce sujet mais qui ont quand même raison de soupçonner le pouvoir en place de vouloir faire pérenniser le chef de l’Etat au pouvoir.

Sur ce point, je suis parfaitement d’accord avec eux. Mais donnons la chance à ce projet d’aboutir car c’est possible que Faure Gnassingbé au pouvoir, choisisse le pouvoir honorifique en demeurant président de la république dans le nouveau système et ne pas vouloir continuer par gouverner le pays. C’est pourquoi je donne de l’espoir à ce projet de révision. Tout ça, ce sont des hypothèses à ne pas écarter d’emblée, même si on connaît comment fonctionne la maison « bleu blanc ». C’est ma constance dans la préconisation du régime parlementaire pour notre pays qui me permet d’accueillir favorablement cette révision constitutionnelle. L’aspect juridique du sujet pèse moins pour moi que l’aspect politique. Notre problème au Togo n’est pas un problème juridique mais un problème politique. C’est parce qu’on a un problème politique récurrent dans notre pays qu’on n’arrive pas à résoudre nos problèmes juridiques. C’est ce régime sans doute qui nous permettra à résoudre nos problèmes juridiques. Pour cela, j’invite mes compatriotes à voir les avantages de ce régime parlementaire. La raison qui pousse les uns et les autres à dénoncer cette révision en fin de mandat est tout à fait fondée et légitime mais en toute objectivité, je ne vois pas les choses de cette manière, étant même aussi juriste. Je fonde ma raison sur ce que ce régime pourrait nous apporter politiquement au Togo dont on ne mesure pas encore la portée car les hommes passent mais les écrits restent de même que la nouvelle constitution qui survivra aux hommes et femmes qui l´ont faite.

Je suis le premier à préconiser ce régime parlementaire depuis que Faure Gnassingbé est au pouvoir,  et je suis toujours prêt à le défendre (le régime parlementaire), peu importe celui de qui il émane ou qui le met en place. Moi, je ne vois que le bon côté de ce régime pour notre pays. Les gens voient seulement le côté juridique de cette révision mais c’est le côté politique de la chose qu’il faudrait voir surtout.  Pour moi, peu importe si les députés sont en fin de mandat. Ce que ce nouveau système politique pourrait nous apporter, prime le droit pour moi.

Pour le mécanisme même du régime parlementaire, il faut retenir ce que cela pourrait engendrer comme changement majeur dans notre système politique : celui qui deviendra président du Conseil des ministres participera aussi aux élections législatives en 2025 à la fin du mandat présidentiel de Faure Gnassingbé car le Premier ministre dans le système parlementaire est avant tout un député élu dans sa circonscription électorale. Que ce soit en Allemagne, en Italie, en Grande Bretagne ou ailleurs encore, celui qui est choisi pour gouverner, participe aussi aux élections législatives.

Par exemple si Faure Gnassingbé voudrait devenir Président honorifique, il ne participera pas aux élections législatives mais s´il ambitionne de devenir aussi Président du conseil des ministres, il est dans l´obligation de participer aux prochaines élections législatives quand son mandat va terminer en 2025… Il va siéger aussi avec les députés d’UNIR à l’assemblée nationale. Ce serait une occasion pour les députés de l’opposition de le questionner sur les sujets politiques et il va répondre comme le fait le chancelier en Allemagne ou partout dans les régimes parlementaires. Souhaitons seulement que ce régime ne soit pas taillé sur mesure pour Faure Gnassingbé et qu’il réponde vraiment aux critères du régime parlementaire. C’est de la sorte qu’il fonctionnera très bien et peut servir de modèle  de société aux pays de la sous-région.

Qu’est-ce qui prouve que Faure Gnassingbé ne pourra pas devenir aussi Président de la République en se contentant seulement des pouvoirs honorifiques au cas où le système politique venait d’être mis en place? Donc, il ne faut pas juger à la halte ce changement de régime parlementaire. Ce régime peut nous apporter de la cohésion sociale. Les partis politiques apprendront à travailler ensemble au gouvernement. On fera  d’économie car il n’y aura plus des élections présidentielles au Togo mais seulement les élections législatives. Certains peuvent dire qu’il n’y aura plus de limitation de mandat pour le Premier ministre. Certes, mais que l’opposition se batte aussi et s’organise pour avoir plus de députés aux élections législatives afin que le Premier ministre sorte de son camp. Moi, je n´écarte pas que je peux diriger un jour ce pays en tant que Premier ministre. C´est le rêve de tout homme politique.

Ce que je peux préconiser ici c’est l’appellation du chef du gouvernement. Il serait mieux qu’il prenne le nom Chancelier que d’être appelé Président du conseil des ministres. C’est long et surtout ça prête à confusion dans l’esprit des profanes car ils vont entendre Président quand on désigne le Président du conseil des ministres et aussi président quand on désigne le Président de la république. Les deux personnalités du pays vont s’appeler Présidents. Il est noble, moderne et simple que le chef du gouvernement prenne donc le nom Chancelier et on dira le chancelier togolais.

Ce qui est beau à entendre, c’est le nom Chancelier togolais à la place du Président du conseil des ministres qui est d’ailleurs trop long et qui pourrait semer de confusion avec l’appellation du président de la république dans la tête des profanes.

Donc je suis dans mes plus beaux jours quand j’ai appris que le Togo passera du régime semi-présidentiel au régime parlementaire car je veux du bien pour mon pays, peu importe de qui ce changement émane ou quelle assemblée l’a voté. C’est la qualité du régime parlementaire qui prévaut chez moi et non celui qui le met en place.

Je suis fier, que ce que je préconise depuis 2015 finit par voir le jour en 2024. Je suis fier qu’une partie de ma vision politique se réalise dans mon pays, même  s’il ne vient pas de moi-même.

Soyons fiers que nous sommes les premiers à le mettre en place en Afrique occidentale francophone. Soyons les visionnaires pour notre pays et pour les autres.

Dr. Christian SPIEKER

Président de l’association GERMANY IS BACK 

4 thoughts on “Togo-Dr Christian Spieker : « Notre problème au Togo n’est pas un problème juridique mais un problème politique »

  1. Vous avez écrit 4 pages à Faure Gnassingbé en 2015 pour défendre le régime parlementaire, sans réponse. Un président qui ne répond pas aux citoyens, déjà ça, c’est de la f.outaise!

    Et vous revenez 9 ans après pour applaudir des pieds et des mains, c’est la 2ème f.outaise.

    Donc je connais bien les togolais.

    Quand on se positionne comme homme politique, ou même un citoyen lambda, Est-ce que c’est normal d’apprendre, le contenu d’une modification constitutionnelle et d’une telle ampleur à travers les réseaux sociaux ? 
    Qu’est-ce qui justifie cette pratique du secret, du cache-cache sur des décisions majeures qui engagent 8 millions de togolais ?

    La première conséquence de cette façon de faire est que vous-mêmes vous êtes en train de spéculer sur un texte dont vous n’avez toujours pas vu le début de la première lettre.

    Est-ce que c’est de cette façon que les Allemands procèdent ? Si la réponse est non, qu’est-ce qui vous amène à croire que ceux qui ont pris la mauvaise habitude d’instrumentaliser les lois au Togo, dont la loi fondamentale vont l’utiliser comme vous l’entendez, comme vous l’espérez ? C’est la foi ?

    La deuxième conséquence de cette façon de faire est que ça braque tout le monde. En lieu et place d’un débat serein, technique, politique, constitutionnel, tout le monde a en tête (à juste titre) la remise à zéro du compteur de mandat présidentiel de Faure Gnassingbé qui dans tous les cas ne peut pas se représenter en 2030, sauf s’il et battu en 2025.

    S’il faut résoudre un problème politique en changeant de système politique, il faut mettre du consensus.

    On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, c’est ce qu’on nous dit non ? Pourquoi un débat national ne précède pas ces tours de passe-passe s’il n’y a pas d’arrière-pensée politique nuisible au peuple togolais sur ces nouvelles dispositions constitutionnelles ?

    21 “anonymes” (sans nom et sans visage) ont initié un texte modifiant fondamentalement le système politique du Togo, et personne n’a toujours vu ce texte…

    Et aucun député n’a les c.ouilles d’interpeller ouvertement le Président de la République et la Présidente de l’Assemblée.

    Et il n’y aura pas de référendum à l’issue d’un hypothétique débat national. Le parallélisme des formes, un principe de droit, on peut être juriste et s’asseoir dessus…

    Peu importe si un régime parlementaire est une décision imposée aux togolais, l’essentiel c’est que ça corresponde à la vision de certains togolais.

    Enfin, si on a bien compris votre texte, après les législatives de 2024, il y aura de nouvelles législatives en 2025. C ‘est un pari ? un souhait ou une certitude ? 

    1. Toi tu racontes du n’importe quoi comme d’habitude. Il est bien dit que le projet a été envoyé à des parlementaires depuis décembre donc 4 mois, et si tu vois la composition de la Commission en charge des Lois A.N.
      Il faudrait que vous vous inspiriez de l’histoire tordue de votre pays pour faire quelque chose de potable dorénavant avec vos partis bidon hétéroclites.

  2. Moi je dis que le problème n’est pas politique, mais plutôt un problème de dignité d’un peuple. Le peuple togolais a – t – il les couilles pour payer le prix de sa liberté ?

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