Dès notre enfance, on nous enseigne que mentir est mal. Les enfants, souvent, mentent sur des détails mineurs, comme les friandises qu’ils ont prises ou les bêtises qu’ils ont commises. Pourtant, ils demeurent très sincères concernant leurs sentiments et leurs observations, d’où l’adage : “la vérité sort de la bouche des enfants”.
Cependant, à mesure qu’ils grandissent, les adultes leur apprennent à dissimuler leurs émotions, à mentir sur leurs sentiments et à se taire face à des observations jugées gênantes. On conditionne donc l’enfant à devenir hypocrite, sournois. Il est poussé à exprimer en public de l’appréciation pour ce qu’il n’aime pas, à féliciter ce qu’il trouve agaçant, à sourire à ceux que les parents critiquent en privé, et à fréquenter des gens qu’il ne supporte pas. On réprime son envie de dénoncer une injustice.
Ainsi, l’enfant n’est plus encouragé à pratiquer cette vertu initialement enseignée lorsqu’il accusait autrui pour ses propres méfaits. La vérité devient pour lui un concept flou. Il se rend compte que les adultes n’apprécient la vérité que lorsqu’elle leur est favorable. Il s’adapte alors et apprend à jouer selon ces règles, à faire semblant, à manipuler et à tirer avantage des autres, trouvant même une forme de noblesse et d’ingéniosité dans sa capacité à tromper. Il devient ce parent, cet enseignant, ce superviseur, ce dirigeant qui, à son tour, punit ceux qui expriment une vérité dérangeante.
Tant que nous, êtres humains, n’aurons pas appris à accepter l’inconfort de la vérité et que nous continuerons à privilégier le confort du mensonge, nous vivrons toujours dans un monde empli d’immondices et d’injustices.
Farida Bemba Nabourema
Citoyenne Africaine Désabusée!