À deux heures de réaliser son rêve de s’installer au Québec, un père de famille de 33 ans du Togo a tragiquement perdu la vie dans l’avion qui devait le déposer à Montréal au début du mois, forçant son épouse à poursuivre seule leur projet commun.
«Comme c’était notre projet de venir s’installer ici, je vais tout faire pour que ça se réalise. C’est ce qui était prévu», souffle au bout du fil Nawossi Amivi Koutsona, 35 ans.
Le 7 mars dernier, son époux, Eli Yao Ameyi, a péri dans le vol qui devait leur permettre d’atterrir ensemble pour la première fois à Montréal, où ils planifiaient bâtir leur vie de famille.
Le couple d’infirmiers cliniciens originaires du Togo, en Afrique, venait tout juste d’obtenir sa résidence permanente, explique Mme Koutsona.
«Comme j’étais la requérante principale, j’accompagnais mon mari pour faire les papiers d’immigration à l’aéroport. Je devais rester ici quelque temps pour qu’on trouve un logement, et je serais retournée chercher les enfants», raconte la mère d’un bambin de près de 3 ans, et d’une fillette de 11 mois, qui sont demeurés entre-temps auprès de leurs grands-parents.
Or, à quelques centaines de kilomètres aériens de la réalisation de ce rêve commun, tout a basculé.
En se rendant aux toilettes
M. Ameyi n’avait pourtant eu aucun souci de santé, entre le Togo et l’escale en Belgique. Il s’était nourri et avait bu du vin. Seules quelques nausées et la température dans l’appareil l’auraient ennuyé, aux dires de son épouse.
Celui-ci a toutefois été foudroyé d’un problème de santé alors qu’il se rendait à la cabine des toilettes.
«Quand il s’est levé, il s’est écroulé devant le portail, et c’était fini», dit-elle.
«Une dame a tenté de le réanimer. Elle lui a fait un massage cardiaque, mais il n’est pas revenu, poursuit la veuve. Une autopsie a été faite et on nous a dit qu’il avait été victime d’une embolie pulmonaire.»
Le transporteur Air Canada a confirmé au Journal le décès d’un de ses passagers qui se trouvait sur son vol 833, ce jour-là.
Depuis 4 ans
Le couple chérissait l’idée de s’établir à Montréal depuis environ quatre ans. Il espérait y trouver une meilleure qualité de vie.
«Notre plus grande préoccupation, c’était l’avenir des enfants. Et pour le travail, aussi», affirme la mère de famille.
En guise de soutien, la Communauté togolaise au Canada (CTC) a lancé une campagne de sociofinancement pour aider à couvrir les frais de rapatriement du corps du défunt au Togo.
«L’histoire est tellement triste qu’on ne s’est pas posé de questions. Il n’était pas âgé. Son épouse doit penser à comment elle veut refaire sa vie, car les choses ne sont plus les mêmes», confie Constant Kodjo Agbekpenou, président du conseil d’administration de la CTC.
«On n’a pas les moyens pour le rapatrier et l’enterrer. C’est pour ça qu’on demande de l’aide, s’attriste Nawossi Amivi Koutsona. À la fin, on va décider ce qu’on peut faire. On va y réfléchir.»
Source: Le Journal de Montréal