LETTRE OUVERTE DU SEST SUR LES MANŒUVRES INSIDIEUSES VISANT A MAINTENIR LA CRISPATION ET LE MALAISE DANS LES UNIVERSITES PUBLIQUES DU TOGO
Au détour de l’histoire, on s’aperçoit que nul ne peut échapper au verdict et à la vérité du temps. En effet, les faits sont têtus et un sage africain disait que le « mensonge court vite, mais la vérité le rattrape ».
Aujourd’hui, c’est un nouveau compte à rebours qui a encore commencé et nonobstant l’ingratitude des uns, la mauvaise foi et les tentatives de diabolisation des autres, le SEST, fidèle à sa volonté de conciliation, se fait encore le devoir d’intervenir pour faire la part des choses, éclairer l’opinion publique, situer les responsabilités et demander aux plus hautes Autorités de faire diligence pour entendre le plaidoyer du corps des Enseignants du Supérieur et du Personnel Administratif et Technique (PAT) des Universités Publiques du Togo (UPT), en vue de satisfaire aux revendications légitimes desdites corporations.
En effet, depuis quelques semaines, l’Université de Lomé connait un regain de tension sur fond de revendications adressées aux responsables de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche; mais contrairement aux interprétations ou impressions que tentent de donner certains perturbateurs, ces revendications ne sont que l’expression des situations restées sans suite depuis quelques années.
Nous avons l’impression que les gens oublient très vite l’histoire, cependant nous allons encore nous faire le devoir de leur rafraîchir la mémoire.
Dans quel contexte le Professeur KOKOROKO Dodzi a-t-il été démis de ses fonctions et pourquoi a-t-il été remplacé par le Professeur KPODAR en qualité de Président de l’Université de Lomé ?
Il nous souvient déjà qu’en date du 15 décembre 2020, le SEST, après maintes démarches infructueuses menées auprès de l’administration universitaire sous la Présidence du Professeur KOKOROKO, avait diffusé une lettre ouverte sur les dérives entachant la mise en œuvre de l’accord du 06 août 2019 entre le Gouvernement et les syndicats de l’Enseignement Supérieur. Malheureusement, au lieu de se raviser, le Président de l’UL, sortant a préféré opposer à l’ensemble de la Communauté universitaire, une gestion répressive de toute contradiction et revendication fussent-elles légitimes. Dirigeant ainsi d’une main de fer, son système managérial directif et autoritaire était devenu carrément autoritariste parce qu’il entamait les dispositions réglementaires er légales, violait les libertés individuelles et publiques et malheureusement s’éloignait de l’éthique qui est l’âme et l’essence même des universités. Cet autoritarisme, dont il en a fait sa marque de fabrique, approuvé, soutenu et maintenu avec la bénédiction du Professeur Majesté thou WATEBA, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a finalement atteint son point critique en 2023, lorsqu’il s’est vu saluer par le Chef de l’État et honorablement remplacé par le Professeur Adama KPODAR.
Ce détour historique nous semble important parce qu’il permet de circonscrire en amont, les tenants du mécontentement grandissant dans les UPT, et en aval, les aboutissants d’une gestion administrative autoritariste; ceci afin de mettre en garde tous ceux qui ont le goût de l’absolutisme, du césarisme et de la violence comme style managérial.
Les Universités constituent le cadre par excellence du Savoir, du savoir-être et du savoir-vivre, et en tant que tel, nul ne saurait prétendre tirer indéfiniment par le bout du nez, toute l’élite intellectuelle d’un pays sans essuyer la réplique des actes que l’intelligence ne saurait acquiescer.
Il existe un Ministre devenu légendaire; légendaire parce qu’il se démarque parfaitement de ses prédécesseurs qui faisaient toujours prévaloir le dialogue qui est gage de stabilité; légendaire parce qu’il risque d’entrer sobrement dans l’histoire dès lors qu’il continue de faire à ses pairs, ce que jadis lui-même n’aurait admis.
Nous avons beaucoup de griots qui se font les grands connaisseurs et éminents professeurs spécialisés dans la manipulation, la distorsion de l’information et la délation mensongère; ainsi convient-il à chacun de rester vigilant pour ne plus avancer dans l’impasse.
C’est trop facile de vouloir porter les conséquences désastreuses d’une gestion calamiteuse à quelqu’un d’autre pour qu’il en fasse les frais, alors même qu’il a été investi de la confiance des plus hautes autorités de l’État pour restaurer l’ordre dans le chaos organisé par le réseau de son prédécesseur.
Les mesquineries qui ont été fomentées pour nuire à l’image du SEST et à la réputation de ses responsables sont connues; et triste est de constater, qu’au lieu de faire preuve de lucidité et de bonne volonté pour accompagner le processus de conciliation qui a été amorcé sous l’impulsion du Président de la République, les gens continuent de verser dans le vampirisme et l’ignominie pour mettre en difficulté les nouvelles administrations universitaires, usant de manœuvre pour politiser l’affaire » comme ils aiment à le dire. C’est pathétique et vraiment regrettable qu’avec ce degré d’intelligence, on se réduise à ce niveau de bassesse.
Nous serions des bêtes politiques si tel est que nos ambitions étaient politiques; nous gravirions les échelons si tel est que notre démarche visait un intérêt égoïste et personnel. Ainsi, nous n’avons aucun intérêt à prendre parti; cependant, loin du malaise encombrant et constipant dans lequel le Ministre WATEBA et son collègue le Ministre Dodzi KOKOROKO ont plongé les UPT, fort est de constater qu’un regain de vitalité et de sérénité germine actuellement dans nos universités et il ne faudrait guère l’ébranler.
Le SEST interpelle dès lors le Président Adama KPODAR à rectifier rapidement le tir pour se départir des menaces, pressions et autres stratégies de musèlement de l’opinion qui ne lui seront que défavorables. Ainsi, le Syndicat, comptant sur sa sagesse, l’invite à faire preuve de retenue en vue de prioriser le dialogue et une démarche consensuelle pour que l’UL sorte définitivement des crises qui ne font que ralentir son dynamisme et compromettre la vision des autorités étatiques en matière d’éducation.
Notre démarche s’inscrit dans une dynamique patriotique et s’attache à notre volonté de contribuer à l’émergence d’un cadre d’enseignement et de recherche apaisé et épanouissant dans les Universités Publiques du Togo. C’est donc en prenant la mesure de la chose qu’il nous parait également important de relever la bestialité avec laquelle le SEST a été frappé lorsqu’il tentait d’attirer l’attention des autorités de l’enseignement supérieur sur la question des 5 et 10% de revalorisation de la valeur indiciaire de même que la restitution des 4 mois de revalorisation salariale, qui émaillent toujours l’actualité dans les UPT et particulièrement à l’UL. Au regard de ces entraves, le ras-le-bol était déjà évident et manifeste; ainsi cette situation ne pouvait prospérer longtemps. C’est dans ce contexte délétère que le SEST, tirant à maintes reprises la sonnette d’alarme pour éviter que la crise ne déborde, s’est vu flécher et violemment agressé dans le but de l’anéantir.
Il nous souvient alors que par courrier N°006/SEST/LET/2023 daté du 07 avril 2023, le SEST avait saisi le MESR sur l’objet « Malaise dans les Universités publiques du Togo: de la nécessité de préserver la paix sociale ». Au cinquième paragraphe de cette lettre, il a été écrit ce qui suit : « À ce jour, le SEST fait le constat, d’une part, de la non-application de l’ensemble des mesures contenues dans le communiqué gouvernemental du 16 septembre 2022 en faveur du personnel des UPT notamment les enseignants-chercheurs, les PAT (Personnel Administratif et Technique) ainsi que les retraités. D’autre part, le syndicat observe que la précédente mesure relative à la revalorisation de la valeur indiciaire de 5% issue de l’Arrêté N°408/MEF/SG/DF du 31/12/2019 portant augmentation de salaire aux fonctionnaires et assimilés, demeure toujours inappliquée au corps des enseignants-chercheurs ».
À la suite de ce courrier, le MESR a donné une réponse sans précédent au SEST en prenant à notre encontre en tant que Secrétaire Général du syndicat, l’Arrêté N°040/2023/MESR/CAB du 20 avril 2023 portant affectation alors même qu’il s’agissait d’une rétrogradation abusive nous faisant passer du statut de professeur d’enseignement supérieur à la Faculté Des Sciences de l’Université de Lomé, au rang d’enseignant des Sciences physiques à l’ENS d’Atakpamé. Cet acte d’une extrême gravité témoigne d’abord de l’acharnement que subit le syndicat ensuite, constitue une menace contre notre carrière puisque perturbant l’exercice normal et régulier de nos fonctions d’Enseignant du supérieur et de responsable syndical; enfin, porte atteinte aussi bien à notre dignité qu’à notre intégrité physique et morale, Malheureusement, il s’agissait encore d’une énième décision inique et illégale qui entérinait l’arbitraire érigé en mode de gestion à l’UL par le duo professoral KOKOROKO-WATEBA, qui pensait ainsi sceller le sort des enseignants du supérieur et leurs collègues de l’administration universitaire.
Il convient de relever qu’à la suite de l’Arrêté N°040/2023/MESR/CAB du 20 avril 2023 intervenu en violation de nombreuses dispositions réglementaires et légales, plusieurs démarches avaient été engagées auprès des autorités compétentes pour attirer leur attention sur son caractère abusif et c’est avec une profonde confusion qu’il a été constaté qu’elles ne se sont pas empressées de rétablir In bienséance des choses.
Le SEST martèle que si la crise universitaire perdure actuellement, c’est aussi en partie à cause de l’inaction de Madame le Premier Ministre Victoire TOMEGAH-DOGBE qui n’a pas voulu y accorder une attention particulière malgré nos multiples tentatives pour la faire réagir.
Madame la Cheffe du Gouvernement avait été régulièrement interpellée et saisie du contexte qui prévaut dans les UPT; cependant, elle a donné l’impression d’ignorer tout ce que nous lui avons remonté sur les dérives autoritaires de ses collaborateurs de l’enseignement supérieur qui se plaisaient à prendre des décisions abusives à l’encontre des Enseignants du Supérieur; ceci dans une volonté de les museler et mettre au pas tous ceux qui voulaient simplement exprimer les distorsions administratives qui étaient monnaie courante,
Le silence apparent du Premier Ministre et de ses collaborateurs a été préjudiciable pour l’UL et défavorable pour le retour à la stabilité et à la sérénité au sein de notre noble institution; mais au- delà, cette politique de l’autruche sûrement contre-productive parait contraire aux promesses du Chef de l’État d’améliorer les conditions de vie et de travail des agents du secteur public.
Il convient de comprendre que la tranquillité et la sérénité au sein des Universités impactent positivement la stabilité sociopolitique du pays et donner l’impression de ne pas vraiment s’en soucier, laisse à se poser la question de ce qui est véritablement prioritaire.
Le pays dans sa globalité se trouve peut-être à un carrefour de sa destinée et il convient de ne point ignorer les aspirations profondes de la nation.
Notre devise “Travail – Liberté – Patric” nous interpelle à juste titre et de manière circonstanciée.
C’est donc le moment de reconnaître le caractère noble du Travail et du Travailleur en garantissant ses droits et en favorisant une gestion administrative plus saine pour lui donner les moyens d’accomplir efficacement sa mission et son devoir vis-à-vis de la Nation.
C’est aussi le moment de reconnaître qu’un individu à qui on enlève toute “Liberté” n’aurait nul autre choix que de verser dans l’illégalité et donc dans l’anarchie.
Nous comprenons les intérêts qui militent en faveur de certains choix managériaux et politiques, mais nous nous faisons encore le devoir de dire qu’il y ait des droits naturels inaliénables et intrinsèques à chaque être humain.
Il importe de garantir la liberté d’expression et de manifestation comme un droit immuable et cela ne devrait souffrir d’aucune concession dans les UPT, du moment où c’est l’essence même de la démocratie et au-delà, il s’agit du respect des libertés individuelles et publiques contenues dans la plupart des Conventions internationales que le Togo a dûment ratifiées. Ainsi, vouloir la restreindre à travers des décisions internes est purement et simplement inopérant du point de vue du droit.
C’est enfin le moment d’honorer la Patrie en restaurant et respectant la dignité de ses filles et fils. Il s’agit d’un devoir fondamental qui s’impose à tous, mais nous avons l’impression qu’aujourd’hui, les autorités au nom du pouvoir administratif et politique ne s’en préoccupent guère.
La crispation au sein des UPT ne pourra être résorbée qu’avec une volonté d’ouverture des responsables de l’enseignement supérieur et surtout un changement de vision à la tête du Ministère concerné.
Nous déplorons tous le fait que le Professeur Adama KPODAR ait hérité d’un passif dont il n’est ni tributaire ni redevable, mais pour lequel il a tout de même l’obligation de trouver une solution compte tenu du principe de la continuité du service public.
Le Président de l’UL a reçu une braise chaude dans les paumes de la main et malheureusement encore, il est assis sur une poudrière; il importe alors que les moyens adéquats lui soient donnés pour désamorcer la crise. Nonobstant toute la bonne volonté dont il pourrait faire montre pour restaurer la stabilité à l’UL, il aura sans nul doute besoin d’interlocuteurs crédibles et responsables aussi bien au niveau de sa hiérarchie, que dans le camp des administrés que nous sommes.
Le SEST martèle qu’il urge qu’un changement intervienne à la tête du MESR compte tenu du rôle avéré qu’a joué l’actuel occupant dans le maintien de la crise et surtout parce qu’il parait très hasardeux de laisser l’administration universitaire en porte à faux avec ceux qui se savent très bien être à l’origine des difficultés actuelles.
Fidèle à ses idéaux, le SEST appelle tous ses membres et sympathisants, de même que l’ensemble de la Communauté universitaire à faire preuve de calme et de retenue, en priorisant la voie du dialogue avee l’administration universitaire afin de juguler définitivement le climat délétère dans lequel nous ont plongés leurs prédécesseurs.
Cette démarche d’ouverture vise à appeler chaque partie prenante à faire preuve de bonne foi dans l’analyse du contexte et à mettre en œuvre tout ce qui est de son ressort pour solutionner définitivement les problèmes qui minent les UPT depuis plusieurs années, ceci dans le but de restaurer profondément la confiance, la sérénité et la stabilité.
Aucune entente pertinente ne saurait émerger en marge de discussions franches et sincères pouvant permettre aux autorités de prendre les décisions qui s’imposent. Il est donc souhaitable que soient mis en place dans les UPT, des commissions universitaires réunissant les syndicats et autres représentants du personnel administratif et du personnel enseignant, de même que des panels de doyens pour réfléchir et statuer sur les questions urgentes qui doivent rapidement parvenir au
Gouvernement de manière structurée. Les Présidents des UPT devraient ainsi dans un esprit d’ouverture, laisser les idées s’exprimer avec collégialité et courtoisie afin de saisir le fond de toutes les revendications et relayer auprès des autorités étatiques, ce qui sera retenu en Commission de manière consensuelle.
Cette démarche constructive aura le mérite de montrer la hauteur d’esprit de l’ensemble de la communauté universitaire qui, loin de verser dans la récupération politique comme semblent l’arguer des gens à l’esprit tellement fertile, se mobilise plutôt pour défendre ses intérêts et obtenir oc à quoi elle estime avoir légitimement droit.
Fait à Lomé, le 27 mai 2024 Pour le SEST.
Le Secrétaire Général
Dr Ayi Djifa Hounsi