La République, c’est le régime politique qui organise la gouvernance selon les principes et les lois universellement adoptés par un peuple, sur la base de l’intérêt général. C’est un régime de gouvernance dans lequel personne n’est au-dessus de la loi.
L’exercice du pouvoir est garanti par le consentement du peuple soumis à la loi et une volonté d’obéir par devoir et non par la force. À la différence du royaume, l’exercice du pouvoir est fondé sur l’harmonie des contraires, une coordination des intérêts du toutes les communautés nationales. Ce pouvoir est confié généralement à des élus selon le suffrage direct ou indirect, des hommes et femmes qui ont une vision pour le bien commun. Ce n’est pas par hasard qu’ils se retrouvent à la tête des institutions qui sont le fondement de la République.
Les frustrations, les injustices sociales ne peuvent être évitées que par le bon fonctionnement de ces institutions de la république pour le vivre ensemble.
Après les évènements du 13 janvier 1963, le régime qui s’est installé s’est évertué à changer le cours de l’histoire du Togo et depuis l’année 2000, à afficher une volonté d’effacer notre histoire commune et surtout de s’approprier l’héritage de la lutte pour l’instauration de la démocratie de 1990 à 2005, y compris les conclusions de la CVJR.
Le régime du Fils, contrairement aux attentes et aux promesses faites à la communauté nationale et internationale contenues dans l’Accord Politique Global (l’APG) de 2006, à la suite de la succession violente de 2005 et jamais élucidée à ce jour, a entrepris des actions de blocage et d’étouffement de toutes les libertés publiques. Ce qui a compromis dangereusement le développement intégral et inclusif malgré les “20 + “ et les catalogues de bonnes intentions des premiers ministres Gilbert Houngbo et de Séléagodji Ahoomey-Zunu.
Ainsi la société civile autrefois dynamique est devenue une société civile amorphe, dépassée par les violences politiques, les bavures militaires de toutes sortes et le manque de légitimité des institutions de la république marquées par un manque criard de leadership. Ce qui n’a jamais favoriser des élections libres transparentes et équitables qui constituent le fondement de la démocratie républicaine et participative, adoptée par le peuple togolais dans la constitution de 1992. En lieu et place, c’est des coups d’États constitutionnelles permanents, la culture du parjure des dirigeants et la violence politique imposées qui de tout temps, ont fragilisé le vivre ensemble, le tissu économique et contribué à la désorientation politique.
Il devient impérieux de mettre fin à cette gouvernance de terreur et anti-républicaine sur fond d’une obsession de conservation du pouvoir faite de l’impunité sur toutes les violations de la loi, qui empêche l’épanouissement du peuples togolais. Il faut dès lors s’armer de courage et de détermination pour la restauration de la république. C’est la seule et ultime solution au problème du Togo. Aujourd’hui dans notre pays, les fondements de la république sont à l’envers car, toutes les institutions concernées par les élections sont instrumentalisées. Au bout du compte, ce n’est pas celui qui vote qui compte, mais celui qui compte les votes. Ainsi toutes les règles et principes démocratiques sont dévoyés. De même, les moyens et le terrain du combat politique ne sont qu’à l’avantage seulement des gouvernements qui abusent de tout le patrimoine national, depuis l’époque du père et plus encore à l’avènement du fils.
De 2002 à ce jour, la constitution de 1992 a subi deux modifications et un changement, rien que pour l’adapter à la seule volonté des Gnassingbé père et fils. Ainsi a-t-on assisté avec amertume la remise du conteur à zéro le 31 décembre 2002 pour le père et le 19 juillet 2019 pour le fils. Malgré tout, le constat fait le 26 avril 2012 par le fils, M. Faure Gnassingbé, qui a affirmé que dans notre pays, seule une minorité accapare les richesses au détriment de la majorité, est resté sans suite, sans que personne ne connaisse le visage de cette minorité. Malheureusement, à ce jour, rien n’a changé dans les habitudes, sauf le niveau de la dette publique qui n’a cessé d’augmenter d’une manière exponentielle. Tous les programmes de gouvernement de la SCAPE au PND et la feuille de route gouvernemental 2020-2025 en cours d’exécution et, tous les séminaires gouvernementaux très coûteux au contribuable, destinés à lutter contre la pauvreté ont lamentablement échoué.
C’est dire que le vrai problème du Togo, ce n’est pas le contenu de la constitution ni la nature du régime, mais le non-respect du serment des dirigeants successifs à la tête du pays depuis 1963 et surtout les incohérences des politiques publiques des différents gouvernements.
Les 38 ans du père et les 20 ans du fils n’ont pas permis de bâtir un modèle de société comme la Corée du Sud. Pas même un groupe de capitaines d’entreprise fabriqué, ni un repaire cardinal pour les jeunes qu’on accuse aujourd’hui de ne pas réfléchir avant d’agir, ou ne se maîtrisent pas comme les jeunes Sud-coréens. Quand on a passé son temps à saccager la floraison, on ne doit pas se plaindre de la faiblesse de la production dit un adage.
La question de fond à se poser est de savoir, à qui la faute et quel système d’éducation faut-il pour un nouveau type de togolais ?
Le chômage et le sous-emploi presque endémiques ont créé de frustrations des jeunes qui font l’objet de manipulation politique en période électorale sur la base d’une corruption généralisée et le détournement des suffrages exprimés. Tout ceci ne peut que désorienter la jeunesse qu’on accuse d’être inconsciente et irresponsable.
Il faut alors un changement de paradigme qui n’a rien à voir avec la 4ème et la 5ème république, mais plutôt la conséquence de l’aliénation congénitale des dirigeants plus accrochés à leur intérêt personnel. Il suffit de comparer les 20 ans de gouvernance de M. Faure Gnassingbé au Togo avec les 14 ans de M. Ouattara en Côte d’Ivoire et de M. Talon au Benin pour se convaincre. Tous les pays de l’Afrique de l’Ouest s’efforcent, et les signes sont visibles, de se mettre sur le chemin de développement. Ce qui n’est pas le cas dans notre pays où toutes les entreprises florissantes sont cédées aux étrangers dans des conditions très discutables.
C’est à juste titre que le président Ibrahim Traoré du Burkina Faso a affirmé à Saint Petersboug ceci :”ma génération me charge de vous dire qu’elle ne va plus mourir au Sahara ou dans la méditerranée. Désormais, elle frappera à la porte des palais présidentiels.” C’est pour vous dire que le temps de rester silencieux dans la souffrance est terminé. Ce qui n’est pas du tout du goût de M. Faure Gnassingbé qui s’est exprimé à Séoul en ces termes : “je vis les conséquences désastreuses d’une jeunesse ou d’un jeune de ma sous-région de l’Afrique de l’ouest, qui n’arrive pas à réfléchir avant d’agir ou qui ne se maîtrisent pas.”
“Et pourtant, pourtant, pourtant “dit une chanson bien connue, c’est à se demander, laquelle ces deux déclarations aura un impact sur les générations présentes et futures de l’Afrique de l’ouest ? Il nous a été enseigné dans les écoles de Leadership qu’un leader doit poser des actes ou des messages qui doivent traverser des générations sans se vider de leur contenu et surtout incarner une valeur. Que faire afin de restaurer les républiques perdues si longtemps et qui doivent se réconcilier avec elles-mêmes ?
Qui des deux “hommes d’Etat “est dans l’imagination, qui est dans la réalité ?
Que cela soit au Togo ou ailleurs en Afrique de l’ouest, chaque dirigeant doit pouvoir concilier le présent et le futur pour un nouveau modèle de la jeunesse par une gouvernance inclusive. Ce qui permet de bâtir un état d’esprit solide à partir de l’héritage commun.
Il faut dès lors changer la perception du monde et forger une nouvelle conscience collective pour une population qui est composée de plus de 60%de jeunes. Aujourd’hui, l’avenir de la jeunesse est compromis par la culture de la délation et de l’inconscience dans notre société où l’honneur avait toujours une place importante.
Il faut le rappeler, le régime politique au Togo est construit et continue d’exister avec les méthodes coloniales en investissant énormément dans la délation et la division pour régner. Des ministres n’hésitent pas à s’introduire dans la vie privée de leurs adversaires politiques. Il faut pour mettre fin à cette culture, motiver l’indignation contre la délation et le conformisme imposés et ceci par tous les moyens.
L’idéal aujourd’hui c’est de mettre fin à plusieurs années de déchirure socio-politique due aux non-respects des principes et des lois de la république. C’est ce qui a retardé l’émergence de notre pays le Togo qui, déjà le 26 décembre 1960 avait été programmé pour avoir le même niveau de développement que la Corée du Sud dès 1970, soit presque 60 ans avant le Programme National de Développement (PND) lancé en 2018.
Comme nous l’enseigne un proverbe de chez nous, “la première chose à faire quand on tombe, c’est de chercher la cause.” Pour répondre aux problèmes liés à la vie chère, à l’inondation, à la coupure intempestive de l’eau et de l’électricité, à l’éducation, la santé et l’agriculture pour ne citer que cela, la restauration des institutions fortes piliers de la république devient un impératif.
OURO-AKPO Tchagnaou
Président du mouvement Lumière pour le Développement dans la Paix (LDP).
Source: Togoscoop