Prof. Togoata : « La politique africaine de la France est en partie entre les mains avides d’affairistes mafieux »

Dans cette tribune, le professeur Togoata Apedo-Amah s’exprime sur les récentes élections législatives en France, au cours desquelles le Rassemblement national des Le Pen a été écarté du pouvoir. L’universitaire togolais critique vivement les idéologies d’extrême droite, marquées par le racisme et la xénophobie. Lisez!

LÉGISLATIVES FRANÇAISES: LES FACHOS NAZILLONS BLOQUÉS À LA PORTE DU POUVOIR

Le dimanche 8 juillet 2024,  la majorité des Français a tremblé puis a été soulagée à la proclamation des résultats: le parti fasciste des Le Pen, le Rassemblement National, n’obtenait pas la majorité absolue comme le laissait entendre les sondages.

Il arrivait même en troisième position derrière la gauche unie et les macronistes. Ce parti de la haine ne proposait aux Français que le racisme, la xénophobie et l’apartheid.

Comment la France en est-elle arrivée sur cette pente glissante et haineuse ? Les responsables sont tous les partis classiques qui se sont succédé à droite et à gauche depuis Mitterrand jusqu’à Macron. Au lieu de diagnostiquer les vrais maux de leur mauvaise gouvernance, ils sont incapables de trouver les remèdes idoines au chômage et à la crise du capitalisme. Par contre, ils ouvrent la porte sans réserve au capitalisme sauvage et à l’ultra-libéralisme qui font peu de cas des travailleurs et du social au nom du seul profit. Plus les entreprises multinationales font du profit, plus elles licencient les travailleurs ou délocalisent leurs entreprises vers les pays à faibles salaires. Les partis de gauche ont fait des politiques de droite, surtout les socialistes qui ont trahi les valeurs proclamées avec grandiloquence au point que les frontières économiques et idéologiques ont été gommées, faute d’imagination des uns et des autres. L’affaiblissement des syndicats et l’érosion presque totale du Parti communiste, naguère garants d’une politique de gauche favorable aux classes laborieuses, a encouragé ce flou idéologique et donc une politique destinée à satisfaire les riches et le marché.

Mais plus la crise sévit, l’on a recours à la démagogie avec l’argument massue culpabilisateur des étrangers, des migrants qui “envahissent la France et bouffent le pain des Français”. Le bouc émissaire est tout trouvé. La lâcheté et la bêtise de l’argumentation se basent sur le fait que cette politique dévoyée n’attaque que les groupes faibles et minoritaires incapables de se défendre. Les Noirs, les Juifs, les Arabes, les étrangers européens (ex-yougoslaves, gitans, portugais, espagnols, roumains,…). Cette façon criminelle et lâche de livrer en pâture d’honnêtes et braves travailleurs aux classes les plus déshéritées comme les ouvriers et les paysans, est une odieuse manipulation confortée par la suppression relative du pluralisme idéologique par l’achat de la plupart des médias par des milliardaires fascisants avec la complicité des gouvernements aux ordres. C’est la télé qui fabrique les futurs dirigeants politiques et chefs d’État. Sarkozy et Macron en sont les purs produits comme Maryse Le Pen et sa marionnette, un certain Jordan Bardella.

Constat: la classe politique française manque d’idées et choisit une voie simpliste et mortifère pour abuser les citoyens et les inciter à la chasse à l’homme en prenant pour cibles les étrangers qui sont pourtant français comme les autres. Mais dans tous les cas des êtres humains. Même les valeurs démocratiques et les droits humains ont été foulés aux pieds par la France à travers la maltraitance des migrants africains et le soutien arrogant aux dictatures africaines les plus exécrables, d’où vient un sentiment antifrançais des peuples africains que les dirigeants français hypocrites attribuent aux Russes, lesquels n’ont fait que surfer sur cette vague. De plus, cette politique africaine de la France est en partie entre les mains avides d’affairistes mafieux qui pompent sans scrupule la sueur des Africains qu’ils affament avec la complicité de leurs amis dictateurs kleptocrates. Le malheur de la France est aussi le fait d’être dirigée depuis cinquante ans par des chefs d’État  d’une rare médiocrité, d’authentiques cancres politiques irrécupérables.

La politique scélérate des partis classiques a été récupérée par les partis d’extrême droite peuplés de nazillons, sans foi ni loi qui ont la nostalgie d’Hitler et de sa solution finale.

Le populisme est une politique dangereuse qui excite les mauvais instincts et les préjugés. Dans tous les cas, c’est une stratégie du mensonge, de la manipulation. La propagande nauséabonde du fascisme ne tolère pas le pluralisme des voix et des idées. Face aux arguments de la raison raisonnante, le populisme ne connaît que la matraque et le coup de poing. Les idéologues de la droite extrême ne croient pas à la démocratie.

En mars 2024, lors de mon passage au Salon du livre de Genève, au cours d’un débat auquel j’étais l’un des écrivains invités, j’ai eu à attirer l’attention du public, qui a bien voulu me prêter l’oreille, sur le jeu dangereux auquel s’adonnent les classes politiques européennes et américaines avec le populisme. Je l’ai invité à interroger l’histoire récente de l’Europe qui a vu Hitler et Mussolini accéder au pouvoir démocratiquement pour tuer la démocratie. Les exemples de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne fascistes ne sont pourtant pas si éloignés. Et que dire de l’Américain Donald Trump auquel n’ont rien à envier les pires tyrans psychopathes des républiques bananières ?

À vouloir jouer avec le feu, l’Occident relativement démocratique risque d’engendrer un monstre. Il n’est pas trop tard comme l’a montré le barrage républicain du peuple français contre la peste brune, la bêtise et la médiocrité.

Ayayi Togoata APÉDO-AMAH

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