Dans un geste politique fort, European Left, une coalition influente au Parlement européen, vient de prendre position en faveur de la démocratie au Togo. Ce soutien intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement togolais et l’opposition, ravivant un conflit politique qui couve depuis des décennies.
Depuis un mois, le Front Touche Pas à Ma Constitution mène une campagne pour la libération des prisonniers politiques. Dans un message sans ambiguïté, European Left exige la libération immédiate de 93 prisonniers politiques togolais. “Nous soutenons les démocrates togolais et exigeons la libération des 93 prisonniers politiques. Les décisions de la CEDEAO doivent être respectées. Halte aux violations des droits de l’homme et vive la justice !”, a réagi European Left dans un tweet. Ce soutien, loin d’être anodin, pourrait bien faire pencher la balance dans un contexte politique tendu.
Le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest, est dirigé depuis 1967 par la famille Gnassingbé. Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, vient de changer une nouvelle fois la constitution pour prolonger un mandat qui court depuis 20 ans et s’ajoute au 38 ans de son père à qui il a succédé.
Un désaveu cinglant pour le régime en place
Cet appel est un désaveu cinglant pour le régime en place à Lomé, malgré ses efforts intenses de lobbying auprès des institutions européennes. European Left, qui regroupe plus de 40 partis politiques de toute l’Europe, dispose d’une influence significative capable de mobiliser l’opinion publique et d’exercer une pression sur les décideurs européens.
L’importance du cadre juridique régional
L’appel à respecter les décisions de la Cour de justice de la CEDEAO est particulièrement notable. Il souligne l’importance du cadre juridique régional et pourrait encourager d’autres acteurs internationaux à faire pression sur le gouvernement togolais pour qu’il se conforme à ses obligations. Ce soutien intervient à un moment crucial pour le Togo, mettant en lumière les violations persistantes des droits humains dans le pays et pouvant catalyser une réaction en chaîne au niveau international.
La crise des prisonniers politiques au Togo
Le Togo fait face à une crise démocratique marquée par la détention de nombreux opposants politiques et manifestants. Les arrestations ont eu lieu principalement lors de manifestations de l’opposition et dans le cadre de l’affaire dite “Tigre révolution”. Voici quelques faits clés :
- 93 prisonniers politiques actuellement détenus au Togo
- 9 décès en détention signalés
- Décisions de la Cour de Justice de la CEDEAO ordonnant la libération de plusieurs détenus
- Arrestations liées principalement à des manifestations et à l’affaire “Tigre révolution”
Contexte et chiffres importants
- 14 détenus arrêtés lors des manifestations de la coalition C14 (décembre 2018)
- 70 détenus arrêtés dans l’affaire “Tigre révolution” (novembre 2019 – mars 2020)
- 1 membre de la diaspora résidant en Suisse arrêté en novembre 2021
- 2 détenus dans l’affaire de complot contre la sûreté de l’État (avril 2009)
Décisions judiciaires clés
- Décision N° ECW/CCJ/JUD/45/2023 de la Cour de Justice CEDEAO
- Décision N° ECW/CCJ/JUD/12/23 de la Cour de Justice CEDEAO
- Décision N° ECW/CCJ/JUD/02/24 de la Cour de Justice CEDEAO
- Décision N° ECW/CCJ/APP/19/11 de la Cour de Justice CEDEAO
- Avis N° A/HRC/WGAD/2014 du Groupe de Travail de l’ONU sur la détention arbitraire
Implications pour les Droits Humains
Les violations présumées du droit à un procès équitable, les allégations de torture et de mauvais traitements en détention, ainsi que le non-respect des décisions de justice ordonnant la libération des détenus, sont autant de signes alarmants de la dégradation des droits humains au Togo.
Que réserve l’avenir ?
Plusieurs scénarios se dessinent :
- Une libération progressive des détenus sous pression internationale
- Un durcissement du régime, risquant l’isolement diplomatique
- Une médiation régionale menée par la CEDEAO
Une pression internationale croissante
D’autres partis politiques européens et ONG pourraient emboîter le pas à European Left, amplifiant ainsi la pression sur le régime togolais. Ce soutien pourrait bien être le catalyseur nécessaire pour une réaction en chaîne au niveau international, forçant le gouvernement togolais à respecter les droits humains et les décisions de justice.
L’appel de European Left rappelle l’importance de la solidarité internationale dans la lutte pour la démocratie et les droits humains. Le Togo se trouve à un carrefour crucial, et, en s’ajoutant à la pression que nous exerçons à l’intérieur, la pression internationale pourrait bien être le levier nécessaire pour un changement significatif.