En conférence de presse mercredi à Lomé, les leaders de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) ont condamné l’agression brutale des nervis survenue le 29 septembre dernier au siège de la CDPA. Dans leur déclaration liminaire, Mme Adjamagbo-Johnson et ses camarades dénoncent une “tentative d’assassinat” et dézinguent le communiqué presse de la Police nationale publié au lendemain de cet évènement tragique.
La DMP s’étonne également du mutisme du Chef de l’Etat du premier ministre et de l’Assemblée Nationale Togolaise devant ces faits graves qui déshonorent le pays. Elle exige une enquête indépendante et internationale soit menée pour faire la lumière sur ces agressions dont sont victimes les nationaux et un Sénégalais. Lisez plutôt!
CONFERENCE DE PRESSE DE LA DYNAMIQUE POUR LA MAJORITÉ DU PEUPLE
DECLARATION LIMINAIRE
La DMP condamne avec la dernière énergie la tentative d’assassinat du député sénégalais de la CEDEAO, des premiers responsables politiques, de la société civile et des journalistes à Lomé.
Mesdames et Messieurs les journalistes, chers compatriotes militants et sympathisants de la DMP, la conférence des présidents de la DMP a choisi ce moment pour revenir sur les douloureux événements du 29 septembre 2024 qui se sont passés ici même pour vous rappeler quelques séquences de ces agressions barbares qui ont démontré une fois encore le niveau de bassesse et de la sauvagerie où peuvent conduire une dictature non éclairée et le désir de conservation du pouvoir contre toute logique et dénoncer avec la dernière énergie ces évènements qui démontrent sans ambages que le Togo est une dictature déguisée en démocratie.
Avant d’aborder ce sujet principal de notre conférence de presse de ce jour, il nous convient de revenir sur l’attaque terroriste que notre pays a encore subi dans la nuit du 1er au 2 Octobre à Fanworgou dans la région des savanes et qui a couté la vie à 19 personnes dont 9 soldats et 10 civils. La DMP tient à saluer la mémoire et à rendre un vibrant hommage à nos vaillants soldats qui se sont une fois encore sacrifiés pour préserver l’intégrité de notre pays et vous invite à observer à cet effet une minute de silence en leur mémoire.
Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes militaires comme civils et souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés qui sont aux soins.
La DMP déplore qu’en plus des attaques terroristes qui endeuillent notre pays depuis quelques temps, des citoyens sans foi ni loi se laissent manipuler pour semer la terreur au sein des paisibles populations.
Le film des évènements du 29 septembre est révélateur d’un grand malaise et d’un sérieux danger qui guette notre pays.
En effet, la réunion citoyenne d’échange prévue entre les citoyens Togolais et l’honorable Guy Marius SAGNA, député Sénégalais et parlementaire de la CEDEAO, présent à Lomé dans le cadre de la 3ème session extraordinaire dudit parlement, s’est transformée en une véritable scène de chaos mettant en danger la vie d’éminentes personnalités politiques, de la société civile et des journalistes. Initialement prévue dans la salle Mgr CESSOU de la paroisse Saint Augustin d’Amoutivé, la rencontre a été finalement délocalisée au siège de la CDPA suite aux manœuvres d’intimidation et de perturbation volontairement orchestrées par le pouvoir togolais dans le but d’empêcher la tenue de cette réunion d’échanges citoyens. La DMP tient à préciser ici que la réunion telle qu’annoncée pour se tenir à Amoutivé n’a jamais été interdite. Pas plus que celle qui a été ensuite déplacée au siège de la CDPA.
La chronologie des faits et leurs différentes étapes marquées par des pressions de tout genre qui ont précédé ces violences inouïes, montrent clairement qu’il s’agit d’un coup bien planifié pour certainement régler des comptes à l’honorable député Sénégalais Guy Marius SAGNA et réduire aussi en silence la députée togolaise Mme Kafui ADJAMAGBO JOHNSON en décapitant par la même occasion la DMP dont elle porte l’étendard.
Les propos incongrus, insultant l’intelligence des Africains en général et des Sénégalais en particulier, teintés surtout d’une ignorance criarde des textes régissant le parlement de la CEDEAO, tenus par M. Abass KABOUA sur la télévision New Word TV ainsi que l’interview accordée par la Ministre de la communication et porte-parole du gouvernement du Togo, Mme Yawa KOUIGAN à la radio BBC relativement à cette agression barbare comportent assez d’éléments constitutifs de soupçons d’une tentative de falsification de la vérité des faits et des réalités.
En effet, la publication des affiches sur les réseaux sociaux, annonçant la rencontre citoyenne entre les Togolais et le député Sénégalais Guy Marius SAGNA, a certainement donné le tournis aux autorités Togolaises qui ont certainement mal digéré les prises de position panafricaniste et anti France-Afrique défendues par ce député au parlement de la CEDEAO, et abondamment relayées par les réseaux sociaux ces derniers temps. Aussi, et à deux jours de la rencontre prévue, c’est à dire le 27 septembre 2024, les organisateurs de la réunion ont-ils appris que l’honorable Guy Marius SAGNA était convoqué par Mme Memounatou IBRAHIMA, la Présidente du Parlement de la CEDEAO aux fins de lui faire connaître le contenu d’une lettre du ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie Coutumière qui lui indiquerait que la réunion à laquelle il veut participer était interdite en vertu des dispositions en vigueur au Togo. Au même moment des pressions ont été exercées sur l’Eglise Catholique notamment la paroisse St Augustin d’Amoutivé pour leur faire annuler la réservation de la salle qui était déjà faite pour la circonstance.
En fait, le Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie Coutumière devait être dans un grand embarras car ne disposant d’aucun argument juridique pour interdire cette rencontre. Et il ne l’a pas fait. Le seul moyen dont dispose le pouvoir de Lomé est d’instrumentaliser à sa guise le bureau du Parlement de la CEDEAO que dirige la députée togolaise ainsi que les membres de son administration.
La présence du véhicule de la gendarmerie, la Toyota pick-up immatriculée GN 7101, dans le quartier de Gbenyedji déjà à 10h devant le siège de la CDPA, ce dimanche 29 septembre 2024 et transportant plus d’une dizaine de gendarmes munis des équipements de sécurité ne peut être démentie. Le communiqué de presse de la Police Nationale indiquant que les agressions avaient eu lieu dans le quartier de Hanoukope ne constitue que l’une des nombreuses contre-vérités distillées par ceux-là mêmes qui sont chargés de mener les enquêtes sur ces malheureux événements à la suite de la plainte déposée par l’Ambassade du Sénégal auprès de la gendarmerie et qui selon l’honorable Sagna, a d’ailleurs été refusée. Ce qui est scandaleux et incompréhensible dans cette affaire et peut fonder des supputations quant à l’implication possible du gouvernement dans ce complot d’agression, est l’inaction de ces gendarmes qui voyaient la scène des violences se dérouler devant leurs yeux mais qui n’avaient pas daigné intervenir pour arrêter le massacre et interpeler les auteurs.
Ainsi, à quelques dizaines de mètres de l’endroit où les éléments de la gendarmerie se sont stationnés, les miliciens à la solde de qui l’on peut imaginer, ont créé le chaos et semé la terreur et se sont repliés sans être inquiétés, répondant à un ordre de repli clairement entendu par plus d’un.
Les nervis qui se sont infiltrés parmi les populations qui ont fait le déplacement du siège de la CDPA, ont en effet commencé à lancer les morceaux de briques et de béton, les chaises et tout ce qui se trouvaient à leur portée en direction des personnalités politiques autour de la table d’honneur. Ils se sont jetés ensuite sur l’honorable député Guy Marius SAGNA pour le rouer de coups tout en tentant de l’étrangler. Il en fût pareil pour Mme Kafui ADJAMAGBO JOHNSON, la députée togolaise ainsi que pour tous les autres membres de la conférence des présidents qui étaient à la table d’honneur.
Le bilan de cette agression ignoble et préméditée est très lourd :
*Plusieurs blessés graves parmi lesquels l’honorable Guy Marius SAGNA, les collègues Kafui ADJAMAGBO JOHNSON, TARGONE Sambiri, SATCHIBOU Issaou, PORO EGBOHOU, Linus Kokou ZIDOL GBODONON, M. Sylvanus OUTCHA, Abdoulaye ALASSANI, François DEGOU, Lily GNININVI, avec des ouvertures de crâne, des traumatismes sévères, des contusions partout sur le corps de plusieurs personnes, etc…
Il en est de même pour plusieurs journalistes dont nous saluons le courage, notamment Godfrey AKPA, Yawo KLOUSSE, Hyacinthe GBOEDZRO, Yvette SOSSOU, Romuald Koffi LANSOU, et d’autres militants et sympathisants présents sur les lieux. Le journaliste Albert AGBEKO a quant à lui subi la destruction de son matériel et a fait l’objet de menaces suite à l’agression.
*Vols de téléphones et des appareils d’enregistrement des journalistes systématiquement rangés dans un sac porté par l’un des agresseurs, vol du sac à main du député sénégalais et d’autres compatriotes togolais, saccage d’une centaine de chaises et de l’apatam monté pour l’occasion.
*Destruction de 3 voitures et plusieurs motos.
La DMP condamne une fois encore de façon vigoureuse cette lâche agression qui jette le discrédit total et la honte sur notre pays. La DMP exige une enquête indépendante et internationale soit menée pour faire la lumière sur ces agressions dont sont victimes les nationaux et un Sénégalais.
La DMP présente une fois encore toute sa compassion au député Guy Marius SAGNA et à tout le peuple sénégalais et les prie de se mobiliser aux cotés des togolais qui, se désolidarisent de cette barbarie et cherchent à s’affranchir de la dictature sanglante qui a montré une de ses multiples facettes lors de cette rencontre citoyenne à Lomé. Oui Dieu merci le régime togolais a lui-même montré au monde entier ce qu’il fait subir quotidiennement à son peuple pour l’empêcher de protester contre la manière dont il est gouverné.
La DMP compatit à la douleur de toutes les victimes de cette barbarie menée par des togolais sur d’autres togolais, et souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés.
La DMP salue la mobilisation et l’indignation de toute la classe politique de l’opposition et de la société civile et de tous les leaders d’opinions, et les remercie de leur soutien exprimé à travers les divers communiqués. Elle remercie également tous les médias qui qui se battent pour le changement dans notre cher pays le Togo et continuent de se mobiliser massivement contre l’agression ignoble du 29 septembre, en travaillant pour l’arrêt de ces pratiques moyenâgeuses dans notre pays.
Enfin, la DMP exprime sa gratitude envers ses conseils, Me Atsoo Darius et Kpande Adjaré et les organisations de droits de l’homme, en particulier le CACIT pour son accompagnement depuis l’agression.
La DMP s’étonne du mutisme du Chef de l’Etat du premier ministre et de l’Assemblée Nationale Togolaise devant ces faits graves qui déshonorent notre pays.
La DMP exige la démission du Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile qui a été incapable de prendre des mesures pour arrêter une attaque qui a duré au minimum trente minute, de celui de l’Administration Territoriale et du Ministre de la Communication. Elle exige aussi la démission de Mme Memounatou IBRAHIMA qui a tant déshonoré notre pays, de son poste de Présidente du Parlement de la CEDEAO.
Le silence retentissant de la présidente du parlement de la CEDEAO face à cet événement est plus que révélateur d’un complot contre le député sénégalais.
Il est inadmissible qu’au moment où le pouvoir cherche à imposer aux togolais un régime parlementaire que lui-même n’arrive pas à cerner, et que la majorité des citoyens rejette d’ailleurs, que des actes d’une telle violence soient perpétrés envers des parlementaires et des dirigeants politiques au siège d’un parti politique alors que le principe universel est que les parlementaires et les partis politiques jouent un grand rôle dans un régime parlementaire.
On peut aisément en conclure que les attaques barbares perpétrées par les milices à la solde du pouvoir togolais le 29 septembre dernier au siège de la CDPA mettent fin à la funeste ambition du pouvoir RPT Unir d’imposer un régime parlementaire au peuple Togolais.
Dans tous les cas, et malgré ces graves atteintes à l’intégrité physique et morale de ses premiers responsables, la DMP reste déterminée et engagée aux côtés du peuple togolais pour la reconquête de sa liberté et sa souveraineté confisquées. Cela passe nécessairement par le combat contre la constitution adoptée sans le peuple, et l’alternance au sommet de l’Etat.
Dans cette perspective, la DMP lance un vibrant appel à l’ensemble de la classe politique et à tout le peuple togolais afin qu’ils saisissent l’occasion de l’agression sauvage du 29 septembre 2024, pour construire une nouvelle dynamique capable de libérer notre pays des mains des prédateurs et leurs valets locaux. L’oppression se nourrit du silence et de l’inaction!
Fait à Lomé, le 09 Octobre 2024
La conférence des présidents