Les autorités ambitionnent de doter le pays d’hôpitaux mère-enfant. Et le Premier ministre affirmait dans sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale que les infrastructures seront réceptionnées d’ici la fin de l’année 2024. Quel crédit accorder à ces propos quand on réalise qu’il existe une dichotomie entre les déclarations de la Cheffe du gouvernement et la réalité du terrain ? Car, après la vague de licenciements orchestrés par le cabinet Synergie Consult, c’est au tour des employés de végéter depuis bientôt deux mois, sans salaires.
Lors de la présentation de l’équipe gouvernementale, vendredi 13 août 2024, le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé affichait dans ses propos, au sujet du projet de construction d’hôpitaux mère-enfant, une confiance et une assurance qui ne laissaient place à une once de doute. « D’ici la fin de cette année, nous allons réceptionner les cinq hôpitaux mère-enfant », avait-elle martelé, ajoutant que le gouvernement s’attellera à construire et à équiper environ 80 nouvelles formations sanitaires qui vont s’ajouter aux 200 déjà terminées.
Le 23 août 2024, elle déclarait après une visite de chantier : « J’ai visité avec la société Rok Development, le chantier de l’hôpital mère et enfant de Togblékopé. Je salue la bonne avancée de ce projet qui sera répliqué dans les 5 régions de notre pays, contribuant ainsi à l’accès universel aux soins au profit des populations ». Il faut rappeler au passage que ces structures sanitaires devraient être construites à Togblékopé, Amou-Oblo, Sotouboua, Guerin-Kouka et Tandjouaré. Mais pour des raisons sécuritaires, l’hôpital de Tandjouare n’est plus d’actualité et la région des Plateaux accueillera deux hôpitaux mère-enfant.
Mais des informations font état de ce que les chantiers, hormis Togblekopé et Anié, seraient à l’arrêt et que des employés seraient sans salaires alors que bon nombre ont quitté la capitale et pris des engagements auprès de leurs propriétaires chez qui ils ont loué des chambres pour être proches des chantiers.
Lorsque nous avons approché le cabinet Edoleafrica pour leur faire part de ce que les employés travaillant sur le site à Amou-Oblo auraient des impayés et auraient quitté le chantier, promesse nous a été faite de nous mettre en contact avec qui de droit « afin de donner suite à l’information ». Et bien qu’on nous ait confirmé avoir reçu le rapport de notre prise de contact, le cabinet s’est contenté de nous demander de bien vérifier nos sources et de leur faire un retour à temps utile quand nous aurons des informations certaines. Et pourtant, les employés sont à la maison parce que le chantier est à l’arrêt.
La moisson avec le second cabinet de recrutement, Synergie Consult n’a pas été plus fructueuse. « Nous accusons bonne réception de votre message, mais nous ne disposons d’aucune information à vous communiquer à ce sujet. Merci beaucoup pour votre compréhension ». Et pourtant, ce cabinet aussi est concerné par les recrutements à Rok Development.
Le travail des BTP étant pénible, ce 2ème cabinet avait bien expliqué aux employés que la loi autorisait les entreprises des retards de virement de salaire jusqu’au 8 du mois suivant. Mais le 10 juillet 2023, après que des employés ont refusé de rallier les sites de travail et réclamé le versement de leurs salaires, ils ont tous reçu des lettres de licenciement, une fois qu’ils ont été payés par la suite. Au moins 130 employés étaient ainsi licenciés pour avoir réclamé le salaire défini comme un besoin alimentaire. Relancé sur le licenciement et les raisons qui le sous-tendent, le cabinet n’a pas réagi à notre question de savoir ce qu’il reprochait aux employés.
La problématique des recrutements par des entreprises via des cabinets de ressources humaines pose une question de justesse des salaires. En ce sens que les salaires que devraient payer ces entreprises aux citoyens seraient plus consistants. Mais avec des cabinets comme intermédiaires, les entreprises fuient leurs responsabilités en cas de situation de conflit ; elles se réfugient derrière ces cabinets et se dégagent de la responsabilité morale qui devrait être la leur.
Par rapport aux autres domaines dans lesquels l’entreprise Rok Development est impliquée, il serait judicieux que la gestion des ressources humaines soit mieux encadrée.
A moins d’une erreur, Rok Development, n’est pas seulement engagée dans la phase 1 de construction d’hôpitaux mère-enfant d’un coût de 60,500 millions d’euros. Elle sera présente dans la phase 2 dont le coût est estimé à 35 millions d’euros. Au ministère de l’Enseignement primaire, secondaire technique et de l’artisanat, c’est un investissement d’une valeur de 80 millions d’euros dont la source de financement reste à définir. Un autre investissement de 12 millions d’euros financé par le fonds INDRAP en faveur de l’éducation, pour une imprimerie.
Godson K.
Source : Libertetogo.tg