Nos établissements publics doivent-ils continuer à se comporter comme des zones de non-droit budgétaire ? À l’heure où la Vème République, sous l’impulsion du Président de la République SEM Faure E. GNASSINGBE, prône une gouvernance rénovée, cette question mérite toute notre attention.
Alors que Paris vit son moment de vérité avec la publication forcée des notes de frais de sa maire – obtenue après cinq ans de bataille juridique – il est temps de braquer les projecteurs sur les pratiques de nos établissements publics autonomes au Togo.
À Paris, la justice a dû contraindre la municipalité à révéler comment l’argent public était dépensé : robes de luxe à 1.840 euros, voyages à 10.945 euros, frais de représentation astronomiques… Ces révélations ont scandalisé l’opinion publique française. Mais qu’en est-il chez nous ?
Dans nos établissements autonomes, les dirigeants semblent avoir transformé les budgets publics en comptes personnels. Les missions à l’étranger se multiplient comme des champignons après la pluie. Tel directeur général accumule plus de voyages en un trimestre qu’un diplomate en poste. Tel autre transforme son bureau en restaurant gastronomique, avec des “frais de bouche” qui feraient pâlir un chef étoilé.
Les “frais d’intervention” sont devenus la nouvelle potion magique : une appellation fourre-tout qui permet de justifier des décaissements dont la nécessité reste souvent mystérieuse. Quand un établissement public dépense plus en “frais de représentation” qu’en investissements pour sa mission première, n’est-il pas légitime de s’interroger ?
À Paris, un journaliste a dû batailler pendant cinq ans pour obtenir la transparence. Au Togo, même les organes de contrôle peinent à obtenir des justificatifs clairs. Ces pratiques sont en contradiction flagrante avec la vision de bonne gouvernance portée par le Chef de l’État.
Pendant ce temps, nos hôpitaux manquent de médicaments, nos écoles de tables-bancs, nos routes de maintenance. Comment justifier qu’un seul déplacement d’un directeur général coûte l’équivalent du budget annuel d’un dispensaire de village ?
La Vème République, promue par le Président Faure E. GNASSINGBE, offre une opportunité historique de réformer ces pratiques. Dans cet esprit, plusieurs pistes méritent d’être explorées :
La publication trimestrielle détaillée des frais de mission, de bouche et d’intervention permettrait d’assurer une meilleure traçabilité des dépenses publiques. Cette transparence, en phase avec les valeurs de la Vème République, prendrait la forme d’un rapport accessible aux citoyens, détaillant la nature, le montant et la justification de chaque dépense.
Face à cette situation, plusieurs pistes de réformes pourraient être envisagées pour améliorer la gouvernance financière de nos établissements publics autonomes.
Dans un esprit de transparence et de bonne gestion, nous souhaiterions voir s’instaurer une nouvelle culture de responsabilité financière. La publication trimestrielle détaillée des frais de mission, de bouche et d’intervention permettrait d’assurer une meilleure traçabilité des dépenses publiques. Cette transparence pourrait prendre la forme d’un rapport accessible aux citoyens, détaillant la nature, le montant et la justification de chaque dépense, à l’image des pratiques qui se généralisent dans de nombreux pays.
Concernant les missions à l’étranger, il serait judicieux d’établir un cadre plus rigoureux. Chaque déplacement devrait répondre à des objectifs précis et mesurables, avec des livrables clairement identifiés. Un rapport de mission détaillé, incluant les résultats concrets obtenus et leur impact sur le fonctionnement de l’établissement, pourrait être systématiquement produit et rendu public.
Le plafonnement des frais de représentation apparaît comme une mesure de sagesse budgétaire. Ces frais pourraient être encadrés par des barèmes raisonnables, tenant compte à la fois des réalités locales et de la nécessité d’une gestion rigoureuse des deniers publics. Cette limitation ne remettrait pas en cause la dignité des fonctions, mais assurerait simplement une utilisation plus mesurée des ressources.
Pour assurer le suivi de ces mesures, la mise en place d’une commission de surveillance des dépenses publiques, incluant des représentants de la société civile, des experts financiers indépendants et des citoyens engagés, constituerait une avancée significative. Cette instance pourrait exercer un droit de regard constructif sur les dépenses des établissements publics, formuler des recommandations et alerter les autorités compétentes en cas de dérive.
Enfin, il serait souhaitable que les gestionnaires qui s’écarteraient manifestement des principes de bonne gestion fassent l’objet de mesures appropriées. La responsabilité de gérer l’argent public implique des devoirs particuliers, et tout manquement grave devrait entraîner des conséquences proportionnées, dans le respect des procédures légales et des droits de la défense.
Ces propositions ne visent pas à entraver le fonctionnement de nos institutions, mais au contraire à renforcer leur efficacité et leur légitimité. Une gestion plus transparente et plus rigoureuse ne peut que contribuer à restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions et à optimiser l’utilisation des ressources publiques au service du développement de notre pays.
Le cas parisien nous montre que la transparence n’est pas un luxe, c’est une nécessité démocratique. Si une ville comme Paris doit justifier l’achat d’une robe, comment accepter que nos établissements publics engloutissent des milliards sans contrôle ?
Le Togo ne peut plus se permettre ce gaspillage institutionnalisé. L’argent public n’est pas un buffet à volonté. Chaque franc dépensé en “frais” superflus est un franc volé au développement de notre nation.
La bataille pour la transparence qui s’est jouée à Paris doit nous inspirer. Nos citoyens méritent de savoir comment leur argent est utilisé. Il est temps que nos établissements publics autonomes comprennent que l’autonomie de gestion n’est pas un blanc-seing pour le gaspillage.
Ces réformes s’inscrivent naturellement dans la dynamique de modernisation de l’État voulue par le Président de la République. Elles ne visent pas à entraver le fonctionnement de nos institutions, mais à renforcer leur efficacité et leur légitimité.
Le Chef de l’État a maintes fois réaffirmé son engagement pour une gestion transparente et efficiente des ressources publiques. La mise en œuvre de ces réformes dans les établissements publics autonomes serait un pas décisif dans la concrétisation de cette vision.
Cette nouvelle ère de la Vème République constitue le moment idéal pour insuffler ce changement. Sous le leadership éclairé du Président Faure E. GNASSINGBE, le Togo peut devenir un modèle de gouvernance transparente en Afrique.
L’autonomie de gestion ne doit plus être un prétexte pour échapper au devoir de redevabilité. C’est en alignant les pratiques de nos établissements publics sur les principes de bonne gouvernance prônés par le Chef de l’État que nous construirons un Togo plus fort et plus prospère.
Afanou Richard