Aussi vrai qu’on est victime de ses propres turpitudes, il est aussi vrai que lorsqu’on s’amuse à élever un petit serpent dans sa chambre, il faut s’attendre qu’il morde son éleveur quand il sera devenu grand.
La CEDEAO depuis des décennies a fermé les yeux, sinon a cautionné les travers du régime RPT/UNIR contre le peuple souverain du Togo. Et, ce n’est un secret pour personne que feu Gnassingbé Eyadéma et son fils Faure Gnassingbé ont utilisé la CEDEAO comme un paravent pour opprimer les populations togolaises, puisqu’à chaque fois que les Togolais se sont levés pour dire stop à la dictature qui les broie, la CEDEAO et sa mafieuse commission Paix et Sécurité accourent pour toujours sauver la mise au régime oppresseur du RPT/UNIR.
Que d’avanies, que de perfides résolutions et que de diplomaties surannées et intéressées la CEDEAO n’a-t-elle pas déroulées au Togo pour maintenir en place un pouvoir dont le peuple togolais ne veut plus ?
Bien sûr que les chefs d’État de l’organisation sous régionale ouest-africaine ont été d’une malveillance sans bornes envers les Togolais que nous sommes. Ils ont, en toute connaissance de cause, appuyé avec des décisions alambiquées le régime togolais actuel qui continue de faire couler le sang du peuple togolais pour l’asservir en vue de se maintenir indéfiniment au pouvoir, l’ensemble des populations Togolaises en reste marqué à jamais.
En 1993 et les 25 et 30 janvier, la CEDEAO a brillé par son inaction quand l’armée et les miliciens du RPT avaient massacré les manifestants à Fréau Jardin, et quand les populations de Lomé et de ses environs ont dû, pour sauver leur vie, pris le chemin de l’exil par centaines de milliers.
La CEDEAO dans sa funeste option de n’être que du côté du plus fort, a joué sa perfidie à fond pour imposer que Faure Gnassingbé soit candidat à l’élection présidentielle de 2005 après que celui-ci a perpétré, coup sur coup, un coup d’État militaire puis un coup d’État constitutionnel pour s’arroger le pouvoir à la suite du décès de son père. Quelqu’un qui peut gagner une élection, s’amuserait-il à faire un coup d’État ? Cette seule question devrait amener la CEDEAO à réfléchir mieux. Le résultat après la Présidentielle de 2005, tout le monde le sait, c’est un pogrom qui a coûté la vie à plus d’un millier de togolais, avec plusieurs disparus non retrouvés jusqu’à ce jour. Les Nations unies pour atténuer l’ampleur de cette barbarie aveugle et inhumaine, diront qu’il y a eu entre 400 et 500 morts, point final, sans aucune action diligente à l’endroit du peuple profondément meurtri.
La CEDEAO, toujours elle, ne s’est pas privée en 2018 de liquider purement et simplement la grogne populaire des Togolaises et des Togolais qui étaient dans les rues, un an durant, sur toute l’étendue du territoire et dans toute la diaspora, réclamant le départ immédiat de Faure Gnassingbé dont la gouvernance calamiteuse exacerbait tout le monde.
C’est aussi une vérité que la commission Paix et sécurité de cette CEDEAO qui avait érigé son quartier général au siège de la BIDC à Lomé, faisait feu de tout bois pour permettre au régime de reprendre la main. L’argent liquide aurait passé par là comme le susurrait monsieur tout le monde en ce temps là.
Finalement, c’est la conférence des présidents de la CEDEAO à Lomé le 31 juillet 2018 qui a, avec un grand mépris pour le peuple togolais, imposé une feuille de route qui a fait la part belle à Faure Gnassingbé et son régime. Fin de course, l’opposition regroupée dans la C14 a refusé de prendre part aux législatives du 20 décembre 2018, telles que bidouillées dans les officines ténébreuses du RPT/UNIR afin de faire revenir à la raison la CEDEAO. Or, c’est mal connaître l’organisation sous régionale : les présidents des pays membres, agissant en syndicat, se protègent entre eux et viennent à la rescousse quand l’un d’entre eux a maille à partir avec sa population.
Et, depuis, le Togo va de rebuffade en rebuffade. C’est un pays où les gouvernants sont au-dessus de la loi, pire, c’est sans ménagement qu’ils suppriment iniquement les lois qui ne leur conviennent plus pour en prendre d’autres tout aussi iniques et qu’ils sont les premiers à violer.
C’est bien le régime RPT/UNIR qui a mis à mal tout le temps le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie en modifiant chaque fois et en pleine campagne électorale les lois qui régissent les élections et cela au nez et à la barbe des observateurs stipendiés de la CEDEAO.
N’est-ce pas Faure Gnassingbé qui a refusé d’appliquer les décisions de la CEDEAO sans que cette organisation ait exigé, pour sa propre crédibilité, un respect scrupuleux de telles décisions ? Aujourd’hui, cela n’est une surprise pour personne d’entendre Robert DUSSEY, ministre des Affaires Étrangères de Faure Gnassingbé, déclarer, je cite : « …70% des Togolais seront d’accord que le Togo devienne membre de l’AES… et que la décision appartenait à Faure Gnassingbé…. », fin de citation. Tout est claire, le petit serpent est devenu grand, le régime tristement célèbre du Togo a fait, par là, son effet d’annonce qui est ni plus, ni moins, qu’une menace agitée et adressée à la CEDEAO qui doit se morfondre maintenant en se rappelant les coups perfides qu’elle a assénés sans ménagement aux populations togolaises, en donnant toujours sa caution à la dictature implacable des Gnassingbé.
La CEDEAO a cherché et a trouvé, il ne peut en être autrement parce que : « qui tue par épée, péri par épée ». Le peuple togolais, lui, continue sa traversée du désert que lui imposent la dictature des gouvernants et les inconséquences fâcheuses de la CEDEAO.
Bien sûr que le Togo s’en sortira quelque soit la longueur de la nuit. Mais n’est-ce pas que le temps d’antenne de monsieur Robert DUSSEY est terminé ? Parce qu’il est inutile d’aller palabrer à Berlin sur la balkanisation de l’Afrique opérée en 1885 ou de propager avec propension à l’UA que la traite négrière et la colonisation sont des crimes contre l’humanité alors qu’on avait couru derrière l’ancien colonisateur et obtenu de lui, la légion d’honneur.
La CEDEAO se détruit toute seule sans l’aide de personne et l’épouvantail AES qu’agite Robert DUSSEY au nom de Faure Gnassingbé n’est que la suite logique des sempiternelles décisions inconséquentes de la CEDEAO, prises contre les aspirations démocratiques profondes du peuple togolais et des peuples de la sous-région. Puisse donc, la CEDEAO finir par en prendre conscience.
Francis Pedro AMUZUN (le 17 février 2025)