Après Bamako et Niamey, l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama a conclu sa tournée dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Ouagadougou, lundi 10 mars 2025. Officiellement motivée par une volonté de dialogue pour convaincre ces trois États sahéliens de réintégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), cette visite a surtout mis en lumière la détermination des dirigeants de l’AES à renforcer leur confédération.
Une tournée diplomatique aux résultats incertains
Entamée samedi au Mali, la mission de John Mahama visait à établir un dialogue avec les chefs d’État de transition du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Ces trois pays, gouvernés par des militaires, ont officiellement quitté la CEDEAO fin janvier 2025, actant une rupture sans précédent avec l’organisation sous-régionale.
Pourtant, à chaque étape, l’évocation de la CEDEAO s’est révélée marginale dans les discours officiels. À Bamako, Assimi Goïta est resté silencieux sur la question, tandis qu’à Niamey, le communiqué conjoint diffusé dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 mars ne faisait aucune mention de l’organisation ou des relations rompues avec elle. Seule une déclaration de John Mahama a laissé entrevoir une porte ouverte, évoquant « la nécessité d’une reconnaissance de l’AES par la CEDEAO ».
Un protocole révélateur : l’affirmation d’une nouvelle alliance
Au-delà des déclarations, un détail visuel marquant illustre l’état d’esprit des dirigeants sahéliens : dans chaque palais présidentiel où John Mahama a été reçu, un même dispositif protocolaire a été observé. Derrière la chaise réservée au président ghanéen, on retrouvait systématiquement trois drapeaux : celui du Ghana, celui du pays hôte et, à égalité avec ce dernier, le drapeau de l’AES récemment officialisé.



Cette mise en scène symbolique, identique au Mali, au Niger et au Burkina Faso, témoigne d’une volonté ferme de consolider l’Alliance des États du Sahel. Loin de signifier une ouverture vers la CEDEAO, elle illustre plutôt un engagement renforcé en faveur de cette nouvelle confédération, perçue comme un projet autonome et émancipé de l’influence des puissances extérieures, notamment celle de la France.
Ouagadougou, un choix stratégique pour clore la tournée
En choisissant de terminer sa visite dans la capitale burkinabè, John Mahama semble avoir voulu marquer son attachement aux relations entre le Ghana et l’AES. Le président de transition du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, s’était en effet démarqué en étant le seul dirigeant de l’AES à assister à l’investiture de Mahama à Accra, le 7 janvier dernier.
Toutefois, malgré ces gestes diplomatiques, la tournée du dirigeant ghanéen ne semble pas avoir infléchi la position des États sahéliens. Au contraire, les discussions se sont davantage orientées vers un renforcement de la coopération bilatérale entre le Ghana et les pays de l’AES, plutôt qu’un rapprochement avec la CEDEAO.