La situation politique en Guinée-Bissau s’enlise dans l’incertitude alors que l’opposition remet en cause la légitimité du président Umaro Sissoco Embaló. Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), principale formation d’opposition, estime que son mandat a expiré le 27 février 2025. Une position qui entre en contradiction avec une décision controversée de la Cour suprême, laquelle a repoussé l’échéance au 4 septembre, en vue d’une élection présidentielle fixée au 30 novembre.
Pour Domingos Simões Pereira, leader du PAIGC, la prolongation du mandat présidentiel relève d’une manipulation des institutions : « Tout son mandat, il n’a jamais cessé de parler de deuxième mandat. Le problème, c’est que son règne s’est fini le 27 février 2025 », affirme-t-il.
L’opposant accuse Umaro Sissoco Embaló d’avoir pris le contrôle des instances judiciaires pour asseoir son pouvoir : « Il croit contrôler toutes les instances du pouvoir. La Cour suprême était la première des institutions souveraines que Embalo a prises en otage. Ce qui est appelé une décision de la Cour suprême était juste la signature d’un des juges qui a suivi les ordres de mission pour signer le document que, aujourd’hui, il présente comme une décision de la Cour suprême. »
Il remet également en cause la logique du calendrier électoral fixé par le pouvoir : « Même si on considère que c’est le 4 septembre. Est-ce qu’on fait une élection avant l’achèvement du mandat ou on le fait après ? Lui, il parle de novembre. Quelle est la référence pour arriver en novembre ? Donc la Constitution, la loi électorale ne l’accompagnent pas et même la logique des faits n’est pas dans son camp. »
Bras de fer avec la CÉDÉAO
Alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) a envoyé des médiateurs à Bissau pour tenter d’obtenir un « consensus politique » entre les différentes parties, la mission a été abruptement interrompue par une injonction du président Embaló lui-même, qui leur a ordonné de quitter le pays.
Pour Domingos Simões Pereira, cette situation illustre les contradictions de la CÉDÉAO, qui a soutenu Embaló dès son arrivée au pouvoir en 2020, malgré les contestations, et a renouvelé son appui après la dissolution du Parlement en décembre 2023.
Face à cette impasse, l’opposition exhorte l’organisation régionale à revoir sa position et à reconnaître l’autorité de la Commission permanente de l’Assemblée nationale populaire, qu’elle considère comme le véritable organe légitime après la dissolution du Parlement. « Si aujourd’hui Embalo refuse de respecter la constitution de la République, est-ce que la CÉDÉAO doit continuer à le soutenir ou bien la Cédéao doit mettre cette force à disposition des organes de la souveraineté ? », interroge Domingos Simões Pereira.
Il insiste sur la nécessité de transférer la gestion de la crise aux instances nationales : « Je fais référence à la Commission permanente de l’Assemblée nationale populaire et d’autres organes pour qu’on puisse trouver une solution, une sortie de cette crise. »