Togo- Exclusion de 43 élèves : Justice ou décision à double standard ?

Les grossesses en milieu scolaire restent un défi au Togo. Dans la région éducative de Plateaux Ouest, 43 élèves ont été exclus des établissements pour l’année scolaire 2024-2025. Une décision radicale qui vise à protéger la scolarisation des jeunes filles, mais qui soulève des interrogations sur son équité et ses conséquences à long terme.

Le mardi 11 mars 2025, Alpha Kao Mollah, directeur de la région éducative de Plateaux Ouest, a annoncé cette exclusion sur la base des rapports des chefs d’établissement et des inspections académiques. « Toute réinscription de ces élèves sera subordonnée à un engagement écrit de leur part et de leur tuteur », a-t-il précisé.

Les élèves sanctionnés sont issus des classes de 6ᵉ à Terminale, mais leurs noms ne seront pas publiés sur notre site pour des raisons de confidentialité et de respect de leur identité.

Une décision à double standard

Cette sanction soulève plusieurs questions. Pourquoi seuls les élèves masculins sont-ils sanctionnés alors qu’aucune mention d’agression n’a été faite ? Si les relations étaient consenties, pourquoi les filles impliquées ne sont-elles pas également concernées ? Cette approche semble asymétrique et laisse planer un doute sur l’équité de la décision. De plus, elle semble violer la protection de l’identité des mineurs, en particulier si des détails sensibles sont divulgués.

Le Togo, par ailleurs, a adopté la loi n° 2019-014 du 29 octobre 2019 relative à la protection des données à caractère personnel, qui stipule que la collecte, le traitement et la diffusion des informations personnelles, notamment celles des mineurs, doivent se faire dans le respect de leur vie privée et de leur dignité. La divulgation publique des noms des élèves concernés, en particulier sur les réseaux sociaux, peut être perçue comme une violation de cette législation, exposant ces jeunes à une stigmatisation permanente. L’internet n’oublie rien, dit-on. Ces jeunes risquent de porter cette marque bien au-delà du cadre scolaire, affectant leur réintégration sociale et éducative.

L’efficacité de l’exclusion mise en question

Si cette mesure a pour but de dissuader le phénomène des grossesses en milieu scolaire, il reste à voir son efficacité réelle. L’exclusion de ces élèves prive ceux-ci d’éducation sans pour autant apporter de solution durable à la problématique. Une approche qui exclut sans comprendre les causes profondes de cette situation risque d’aboutir à un effet contraire, celui de pousser ces jeunes vers l’isolement plutôt que de les inclure dans des programmes de soutien.

Au-delà des sanctions, il semble nécessaire d’adopter une approche plus large et inclusive. L’éducation sexuelle et la sensibilisation des élèves, ainsi que l’implication des parents et des communautés, apparaissent comme des leviers essentiels pour lutter contre ce fléau. Une politique éducative équitable, qui prend en compte la réalité de tous les acteurs impliqués, est indispensable pour garantir une véritable justice sociale et éducative pour tous les élèves.

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