Alors qu’approchent les « dix dernières nuits du Ramadan », qui marquent un afflux particulièrement important de fidèles dans les mosquées, La Croix International a interrogé des imams et fidèles de la capitale togolaise sur la perception, au sein de ces édifices religieux, du handicap.
Au Togo, les mosquées connaissent une hausse tangible de la fréquentation pendant le Ramadan, qui a commencé cette année le 1ᵉʳ mars. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, entre 14 et 20 % des 8 millions d’habitants sont musulmans. Alors que les personnes handicapées constituent 11 % de la population togolaise, la prise en charge du handicap au niveau des infrastructures religieuses se pose de manière particulièrement forte.
Quels défis cette problématique pose-t-elle? « La principale difficulté des personnes en situation de handicap, c’est l’inaccessibilité, non seulement des lieux d’ablutions – les salles d’eau – mais aussi plus largement dans les mosquées », constate Souradji Ouro Yondou, musulman, directeur exécutif de l’Association nationale des personnes atteintes d’albinisme (Anat) et secrétaire général du Conseil d’Administration de la Fédération togolaise des associations des personnes handicapées (Fetaph). « Presque tous les lieux de culte n’ont pas prévu de dispositifs particuliers, notamment de rampes pour faciliter l’accès aux personnes en situation de handicap moteur et autres personnes vulnérables telles que les personnes âgées, les malades, les victimes d’accident… ».
Des interprètes pour les handicapés sensoriels
Ce croyant, également consultant en inclusion du handicap, précise qu’il n’y a pas non plus de dispositifs d’accompagnement des personnes en situation de handicap visuel, ni d’interprètes en langue de signes pour les handicapés auditifs lors des prêches. Une situation d’autant plus préjudiciable que ce mois de Ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam, « est un mois d’intense adoration, de prière et de lecture du Coran », indique l’imam Agodomou Allassane, membre de l’Association des cadres musulmans du Togo (Acmt).
« Pour les croyants, le Ramadan est un temps de consolidation de la foi en Dieu, un mois de sainteté au cours duquel ils doivent particulièrement prier et pratiquer la charité, ainsi que la solidarité », explique El Hadj Seydi Ali Tchitchiri, musulman et journaliste reporter d’images. Ainsi, permettre aux fidèles handicapés de vivre eux aussi « convenablement » le Ramadan est, selon lui, une préoccupation majeure de nombreux cadres musulmans. Pour Ouro Yondou, il faut obligatoirement « mettre en place des infrastructures adéquates pour faciliter l’accès aux mosquées, aux toilettes, aux lieux d’ablution », et dédier des places particulières pour les fidèles handicapés dans les mosquées.
Sensibiliser sur l’inclusion
Mais avant tout, envisage ce consultant, « il faut mener des actions de sensibilisation et de formation pour les imams, les prédicateurs, leurs collaborateurs, les croyants, afin de permettre une plus grande inclusion des personnes handicapées ». À ses yeux, il faut que « le discours de l’accessibilité des lieux de culte puisse s’entendre dans les prédications, mais aussi se voir dans les actes, et que les personnes et institutions qui financent les constructions des lieux de cultes soient sensibles à tous ces aspects qui doivent être pris en compte en matière d’infrastructures ».
Source: La Croix International